Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, III-IV

COMMENTAIRE – HISTOIRE AUGUSTE, VIE D’HADRIEN, III – VI

Les romains attachaient beaucoup d’importance à l’histoire de leurs ancêtres. C’est une des raisons pour lesquelles six biographes se seraient rassemblés pour composer un recueil de biographies d’empereurs, l’Histoire Auguste. Ce recueil couvre la période de 117 à 285 après J.-C., en commençant par la vie d’Hadrien, sans doute rédigée par Aelius Spartianus. Il aurait dédié ses écrits aux empereurs Diodétien (284-304) et Constantin Ier (306-337) dont il serait contemporain.

Cependant, les historiens se posent beaucoup de question quant à la véritable origine de l’Histoire Auguste. Des recherches montreraient en effet qu’il s’agit de l’œuvre d’un unique auteur, Nicomaque Flavien Senior, un érudit et politicien du IVe siècle.

Dans tous les cas, l’auteur de La vie d’Hadrien n’a pas vu les événements qu’il raconte, nous pouvons supposer qu’il ait copié des auteurs contemporains dont nous n’avons plus de traces.

La biographie d’Hadrien est donc écrite près de deux siècles après le règne de l’empereur, ce qui nous amène à nous poser des questions sur l’exactitude des faits racontés.

L’extrait que nous étudierons est un extrait de la Vie d’Hadrien : elle présente l’ascension et le règne du successeur de Trajan. Dans un premier temps, on y trouve la liste des différents postes qu’Hadrien occupe avant de devenir empereur. Le biographe nous décrit ensuite les actes qui ont ponctués ses vingt-et-une années de règne.

Nous pouvons donc nous demander comment Hadrien est-il arrivé jusqu’au pouvoir et quelles sont les caractéristiques qui font de lui un empereur s’inscrivant dans la lignée de ses prédécesseurs mais aussi singulier ?

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la brillante accession au pouvoir d’Hadrien, aux interprétations multiples.

Puis aux actes qui ont ponctués sa carrière d’empereur, à l’image qu’il donne à son règne et la politique qu’il a souhaité mettre en place.

1. UNE ASCENSION JUSQU’AU POUVOIR IMPÉRIAL BRILLANTE

1. UNE CARRIÈRE POLITIQUE BRILLANTE

Hadrien a eu carrière sénatoriale incroyable et une ascension au pouvoir extrêmement rapide. Cet extrait de sa biographie commence en 101 lors de la 4ème nomination d’Hadrien en tant que quêteur (l. 1). Il eu ensuite pour rôle de « contrôler les PV du Sénat » (l. 4), ce qui montre que l’élite sénatoriale ainsi que l’empereur lui vouait déjà une certaine confiance, dès le début de sa carrière.

Il fut nommé « tribun de la plèbe » en 105 sous le consulat de Candidus et Quadratus (l. 7, 8).

De retour de la guerre Hadrien fut nommé « préteur sous le consulat de Sura », conseiller et ami très proche de Trajan et de Servien (l. 15). Il organisa sur ordre de Trajan  les jeux du cirque.

Ses exploits lui permirent d’être « nommé consul » en 108 (l. 18) alors qu’il n’est âgé que de 32 ans, un âge peu courant, mais cependant pas exceptionnel pour un proche du prince ; puis « une seconde fois consul » de 117 à 118 (l. 27)

1. UNE CARRIÈRE MILITAIRE HONORIFIQUE

Hadrien eu la chance de faire partie de l’expédition de Trajan en Dacie.

Trajan lors de la deuxième guerre Dacique emmena une nouvelle fois Hadrien avec lui puis le mis à la tête de la 1ere « légion Minervienne » (l. 12). Hadrien se serait illustré militairement lors de la guerre « des exploits [militaires] remarquables » (l. 13), et débuta a proprement dit sa carrière militaire.

Il fut proclamé « légat prétorien en Pannonie inférieure » (l. 16) où il démontra de nouveaux ses talents militaire en arrêtant les Sarmates, peuple scythique de nomades des steppes : « il arrêta les Sarmates, maintient la discipline dans l’armée » (l. 17).

Il fut aussi nommé « légat pendant la guerre parthique » (l. 23), il devient « légat de Syrie » l. 31 ce qui montre que l’empereur avait confiance en ses capacités militaires.

De plus, il le prenait à ses côtés dans les guerres et conquêtes qui lui étaient importantes.

1. UN DESTIN OU UN FIN STRATÈGE ?

Le biographe montre l’accession au pouvoir d’Hadrien comme le fruit de son destin : « un présage l’averti qu’il détiendrait la puissance tribunicienne à vie » l. 8-9 cependant cette extraordinaire carrière n’est pas le fruit du hasard. En effet Hadrien perd son père à l’âge de 10 ans, le chevalier Acilius Attianus et Trajan lui-même deviennent ses tuteurs. De plus, il est le petit-neveu de l’empereur et son seul parent mâle. Ce lien familial lui permit de gravir les échelons rapidement.

Egalement Hadrien fit tout pour s’attirer les faveurs de l’empereur et du sénat, il étudia avec passion le latin pour corriger cet « accent quelques peu campagnard » ligne 2-3 qui encourageait les railleries des assemblés, en effet, les historiens supposent qu’il était d’Italica, tout comme Trajan ; mais aussi lorsque il accompagna Trajan en Dacie il suivit l’exemple de Trajan pour lui ressembler ligne 5-6.

Hadrien réussit à s’entourer et se faire aimer par les hauts dignitaires de l’empire et les proches de Trajan. Ce qui lui permit d’accélérer encore plus sa carrière sénatorial, notamment grâce à Plotine l’épouse de Trajan qui lui permit d’être nommé légat durant la guerre Parthique et consul pour la seconde fois.

Cependant, Hadrien fut soupçonné d’avoir des actions trahissant son ambition dévorante et dévoilant toute une stratégie afin d’accéder au pouvoir : lorsqu’il eu des relations avec des affranchis de Trajan pour corrompre le système, mais aussi par son rapprochement avec des proches de Trajan comme le chevalier Attianus et le sénateur Sura, plus proche confident de l’empereur, l. 19 et 24, qui ne le soutenaient pas forcément dans un premier temps, ou Trajan lui-même ; en 111 ou 112. Ceci lui permit de rêver d’une adoption par Trajan pour arriver  au pouvoir ultime.

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