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Frontière et production de territoire

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Par   •  28 Janvier 2023  •  Dissertation  •  7 771 Mots (32 Pages)  •  208 Vues

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Sujet de composition en Géographie :

Frontières et production des territoires

Introduction :

Les frontières et les territoires sont intrinsèquement liés. L’un ou l’une n’existerait pas sans l’autre et inversement. En effet, un territoire, c’est-à-dire un espace occupé et aménagé par une communauté doit être délimité dans une aire géographique circonscrite et c’est donc là qu’intervient la frontière. Conjointement, la frontière n’aurait pas lieu d’être, si elle ne servait pas à déterminer la limite d’un territoire donné d’un autre. Également, la frontière comme le territoire sont des produits et des productions humaines, ils sont produits par différentes sociétés ou communautés qui choisissent de s’associer, de vivre ensemble et de marquer et démarquer leur espace de vie commune. Le territoire est toujours occupé et la plupart du temps aménagé par les hommes qui s’y retrouvent, tout comme les frontières ne sont pas plus naturelles, qu’elles sont issues de l’imagination, des luttes et batailles, de la conquête ou de la défaite d’une population sur une autre. Le mythe de la frontière naturelle doit être déconstruit pour ne pas perdre de vue que la frontière est toujours la production d’un groupe d’individu au cours de l’histoire et qu’elle est issue de la construction d’un ordre social, politique, juridique, économique et culturel. La frontière ne se résume pas à être un obstacle, deux terres séparées par un fleuve, une chaîne de montagnes ou un sommet séparant un peuple d’un autre. Bien qu’elle se matérialise souvent avec des éléments naturels du paysage, son existence est à la fois une projection sociale et culturelle, une construction politique et juridique, mais elle est également une expérience vécue comme imaginée. Un agent de la forme et de la façon dont un territoire donné est produit. Encore une fois, le territoire n’existerait pas sans frontière et la frontière n’aurait pas de sens sans un territoire spécifique et particulier.

Les frontières font partie prenante de la construction d’un État-nation, elles sont fondamentales et fondatrices de la détermination et de l’appartenance à une identité collective, à la création d’une identité nationale, car elle marque la césure, la limite entre ce qui est commun à une population donnée et à son altérité, ce qui est différent d’elle. Elle sépare un « nous », d’un « autre » ; eux, nous. Mais elle a aussi une fonction de liant, d’union et de jonction ainsi que d’être un lieu, un espace d’échange entre deux cultures ou plus, ou entre diverses appartenances spécifiques. Ainsi la composition suivante s’attachera à développer comment les frontières définissent et déterminent la production d’un territoire. Et de quelles manières les territoires ont également une répercussion sur les frontières produites ?

À travers un jeu de différentes échelles et avec des exemples de cas, nous verrons dans un premier temps comment les différents rôles de délimitation et de séparation de la frontière sont à l’origine de la souveraineté politique, juridique et économique d’un État, ainsi qu’à l’origine de l’imaginaire et du sentiment d’appartenance à une certaine identité collective, sociale et culturelle. Dans une seconde partie, nous analyserons la fonction d’agent de jonction et d’union de la frontière, comme acteur du dynamisme des espaces qu’elles animent et déterminent les flux et les mobilités autour et dans les territoires qu’elle sépare et unit à la fois. Enfin, nous verrons comment les frontières cristallisent des antagonismes et comment elles créent ou détruisent des manières spécifiques de vivre, d’habiter sur un territoire, ainsi que comment elles se meuvent et évoluent malgré leur intangibilité prônée et institutionnalisée, tout en formant et caractérisant les territoires qu’elles encadrent.

  1. Un rôle de délimitation et de séparation des territoires nationaux.

  1. Déterminer la souveraineté politique d’un État

Les frontières sont plurielles et par leurs formes, par leurs nombres et par leurs statuts. On les retrouve sur tous les continents et si leurs fonctions peuvent évoluer d’une frontière à une autre, elles ont en commun de déterminer l’espace souverain d’un État, soit son territoire étatique sur lequel sa souveraineté s’applique et la limite au-delà de laquelle elle ne s’étend plus. La notion de frontière est centrale en géographie comme en science politique et se trouve un objet d’étude privilégié en géopolitique. Selon la géographe Anne-Laure Amilhat Szary, ce qui « nous attire sans doute, c’est son pouvoir instituant et performatif : la limite internationale puise à la tension entre la matérialité du terrain et la projection d’une intention politique »[1]. C’est en effet une intention politique, la détermination de gouverner un territoire délimité par des lignes et de rassembler ses occupants sous une même bannière et sous une même juridiction qui donne lieu à la naissance d’un État. Les frontières marquent un rapport de force entre deux entités, souvent la dominante imposant la limite au dominé, mais elles peuvent également être à l’origine de négociation entre les deux concernés ou encore être déterminé par une force extérieure comme c’est le cas avec les frontières issues des tracées définies par les colonisateurs (avant et pendant la décolonisation). Les questions de souveraineté sont à l’origine des conflits principaux qui englobent les frontières, deux États revendiquent leurs droits respectifs de posséder un territoire au détriment de l’autre. C’est ce qui se passe de nos jours en Ukraine, depuis l’invasion russe du Donbass en 2014, zone revendiquée par la Russie, car une grande partie de sa population est russophone. Indépendante depuis 1991, à la suite du démantèlement de l’URSS, l’Ukraine est un jeune État-nation, qu’on dénomme souvent comme le petit frère de la « Grande Russie ». Les deux pays ont une histoire commune et la région faisait auparavant partie intégrante du territoire russe, d’où ses revendications au nom d’une « grande patrie unie ». La péninsule de la Crimée a parallèlement été annexée par la Russie. Depuis février 2022, la guerre en Ukraine est devenue un conflit majeur international ne concernant plus que les deux belligérants principaux, la Russie et l’Ukraine, se battant chacun pour ce qu’ils qualifient respectivement comme étant leurs territoires souverains à sauver de l’envahisseur, mais la guerre a désormais des répercussions au-delà notamment avec le déplacement massif de réfugiés ukrainiens en dehors de ses frontières ou l’incidence sur la hausse des prix en général et plus particulièrement sur les énergies, beaucoup d’États dépendant du gaz russe, notamment l’Allemagne. La guerre en Ukraine a également comme répercussion la crainte dans d’autres pays limitrophes d’une invasion russe. C’est ainsi qu’en Finlande, les réservistes militaires s’entrainent à nouveau, prêts à défendre leurs propres frontières si le voisin en venait à l’envahir, comme ce fut le cas pendant la Seconde Guerre mondiale. La Finlande a également soumis sa demande pour rallier l’OTAN, afin de pouvoir se défendre militairement en cas d’agression de la Russie et pour affirmer la souveraineté de ses territoires jusqu’aux confins du pays. La Suède bien que ne possédant pas de frontière commune avec le géant russe en a fait de même, un signe d’une appartenance et d’un ralliement au bloc occidental et d’un désaccord majeur avec la politique agressive et conquérante de Vladimir Poutine.

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