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Parti colonial français

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Par   •  10 Mars 2023  •  Compte rendu  •  4 630 Mots (19 Pages)  •  114 Vues

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Parti colonial français

« Le Parti colonial, sans avoir jamais été, sauf à de rares moments, approuvé par l’ensemble du pays, fut l’une des forces agissantes de la IIIe et de la IVe République ». Par ces mots, Charles-Robert Ageron dans son article « Le ‘’Parti’’ colonial » dans les collections de l’Histoire, (2001), résume en phrase plus d’un siècle de vie d’un courant de pensée ayant influencé la France, de manière quasi-invisible mais réelle, politiquement, économiquement, culturellement et socialement.

Le Parti colonial est défini dans Les mots de la colonisation (2008), comme l’ensemble des « groupes de pressions et aux réseaux constitutifs à partir des années 1880-1890 pour soutenir l’expansion coloniale ». Le terme de parti ne renvoie pas au sens actuel mais se définit comme un comité, association, de notables, dirigé par des parlementaires et s’efforçant d’exercer une action politique. Le Parti colonial ne se limitant pas à un unique comité mais davantage à une nébuleuse : une superstructure composée de plusieurs infrastructures, elles-mêmes fonctionnant en réseaux. Dès lors, les acteurs jouant un rôle dans ce Parti colonial sont divers : des coloniaux de la métropole, hommes politiques, professeurs, publicistes, militaires, hommes d’affaires, patrons etc.

Ce Parti émerge d’un contexte mouvementé. Si ses idées travaillent déjà certains individus, colons, politiciens de la métropole membres du parti dit coloniste, dès les années 1830 et 1840, c’est bien le contexte de défaite de la France face à l’Allemagne en 1870 qui confère au Parti colonial un rôle grandissant. Ce dernier nait officiellement en juin 1892 lorsqu’est fondé au parlement le « groupe colonial » ; l’expression « Parti coloniale » apparait quant à elle deux ans plus tard. Dans Les mots de la colonisation (2008), il est écrit que l’expression est utilisée pour la première fois le 6 juin 1894 lors du banquet de l’Union coloniale française, en présence du ministre des Colonies Théophile Delcassé.

Cette étude se borne ainsi à la naissance des idées du Parti, et s’achève aux années 1960, correspondant chute du Parti en ce qu’il ambitionnait d’être, à s’avoir un parti d’influence touchant les masses comme les sphères décisionnelles. Si ses idées ne disparaissent pas, son emprise politique, son rayonnement, ses moyens d’actions furent considérablement réduits, tendant à l’inexistence. L’historiographie ayant étudié ce sujet a longtemps été marquée par les figures tutélaires des historiens Henri Brunschwig (le parti colonial français [1959]) et Charles-Robert Ageron (France coloniale ou Parti colonial ? [1978]). Ce dernier constitue l’une des sources majeures de cette étude. D’autres ouvrages plus ciblés et ou plus récents permettent d’élargir la question et l’aborder sous d’autre jours, comme par exemples les travaux des anglo-saxons Alexander-Sydney Kanya-Forstener et Christopher Andrew se concentrant sur les liens entre les sphères militaires et le Parti colonial, ceux d’Hubert Bonin, Catherine Hodeir et Jean-François Klein sur les rapports économiques ou encore ceux Julie d’Andurain sur l’analyse du Parti colonial comme une superstructure où s’entremêlent divers acteurs, groupement, et affectant in fine une part essentielles des décisions politiques et influençant par les idées les couches populaires.

Dès lors, en quoi ce Parti colonial français apparait-il comme l’un des groupes d’action les plus influents, innovants et structurants dans la France des années 1890 à celle des années 1950 ? Si ce groupe d’influence possède avant tout une vocation à l’action politique et au contrôle économique, c’est également par l’éducation à la culture coloniale et son objectif de rassurer et convaincre la population des bienfaits de l’entreprise colonial, que se manifeste le rôle du Parti colonial français.

Le Parti colonial est avant tout un groupe d’influence à vocation à agir politiquement et économiquement. Pour ce faire, ce groupement d’idées s’est tout d’abord progressivement constitué comme une superstructure en réseau. C’est par l’action discrète mais structurante que ce lobby agit. Enfin, malgré un succès réel, la période d’avant 1914 est marquée par des difficultés certaines.

Tout d’abord, le Parti colonial s’est constitué progressivement, jusqu’à devenir un immense lobby d’acteur variés et d’influences multiples. Initialement, le Parti colonial existait en idée avant d’exister en pratique. Avant d’être un groupe de pression influent, les thématiques qui deviendront celles relayées par le Parti colonial était déjà en tête de figures diverses : certains « colonistes », ou colons installés outre-mer émettant dès les années 1830-40, l’idée d’une bénéfique percée française dans les terres, vectrice de richesse et de prestige.

D’un agrégat épars, ce mouvement prend de l’ampleur jusqu’à en constituer une structure fonctionnant en réseau. En effet, d’éminente figures s’emparent du mouvement, à l’instar de Jules Ferry nommé président de la Société française de la colonisation en 1886. Si les idées sont relayées par des grandes figures politiques, il est aussi un groupe parlementaire indépendant. Fondé en 1892, le groupe parlementaire par Eugène Etienne, ce dernier présidera sans discontinuité de 1892 à 1914 cedit groupe. Acteur essentiel du Parti colonial et participant à son rayonnement, cet individu sera qualifié de « Notre-Dame des coloniaux », reflétant la figure tutélaire qu’il incarnait. Toutefois, n’évoquer que l’importance des personnages politiques reviendrait à minimiser l’ampleur du courant de pensée qui touche également les sphères savantes, économiques et artistiques. Se en effet joint, comme l’a montré Pierre Singaravélou dans son ouvrage professer l’empire (2011), des savants coloniaux et professeurs, participant de fait par leurs cours, livres à la transmission des idées du Parti colonial. D’autres se sont fait le relai de ces valeurs, à l’image des géographes, comme la société de géographie du Cher, fondé par le réseau familial d’Arenberg, ainsi que des explorateurs dont les écrits relatant de la découverte du globe et du gout de l’expédition passionnèrent le public. S’ajoute à tous ces individus le rôle des militaires. Les travaux de recherche des historiens anglo-saxons Alexander-Sydney Kanya-Forstner et Christopher Andrew ont mis en exergue leur rôle dans le réseau colonial dans The Conquest of the Western Sudan. A Study in French Military Imperialism (1969). Enfin, comme il en sera question ultérieurement

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