La prise de pouvoir des régimes autoritaires

Histoire-géographie

Essai

Thèse de Simon Leys : “Placé dans une situation normale, routinière, où "ses ailes de géant l'empêchent de marcher", tout Grandiose Leader digne de son titre a furieusement tendance à fabriquer des tempêtes artificielles pour se remettre du vent sous l'empennage.”

Au cours de l’histoire, plusieurs régimes autoritaires voient le jour. La plupart d’entre eux prennent place à la suite de la Première Guerre mondiale, au cours des années 20 et 30 (Portugal, Allemagne, Italie, Russie, Argentine, Chili,...). Simon Leys va former une thèse sur la mise en place de ces régimes dans une préface à Émile Guikovaty pour le livre Mao, réalités d’une légende où il dit que “placé dans une situation normale, routinière, où "ses ailes de géant l'empêchent de marcher", tout Grandiose Leader digne de son titre a furieusement tendance à fabriquer des tempêtes artificielles pour se remettre du vent sous l'empennage”. Comment les dirigeants autoritaires arrivent à la tête d’un pays ? Comment manipulent-ils une population traversant une crise pour arriver à leurs fins ? Nous analyserons dans un premier temps le parcours d’Adolf Hitler pour arriver au pouvoir en Allemagne puis nous nous concentrons sur José Félix Uriburu, qui renversera un gouvernement entier au profit du sien.

L’Allemagne vit un moment difficile après la Première Guerre mondiale ; elle est la première visée par le traité de Versailles. Elle a de grandes difficultés financières, la population peine à se nourrir et le taux de chômage augmente considérablement. Après avoir participé à la guerre, où il a été grièvement blessé, Adolf Hitler rejoint le parti ouvrier allemand en 1919 (qui deviendra plus tard le Parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP), parti situé à l'extrême droite de l’échiquier politique allemand). Lors des élections du Reichstag du 2 mai 1928, le parti ne remporta que 2,6% des voix. Mais lorsque la crise de 1929 touche l’Allemagne, tout change pour le parti ; 6 millions d’Allemands se retrouvent au chômage et le gouvernement actuel au moment de la crise est jugé incapable de la gérer. Le contexte en Allemagne paraissait parfait pour que Hitler impose petit à petit sa politique. Il va se servir de la colère et de la peur du peuple et les manipule en rejetant la faute sur les juifs et sur ceux que certains appellent les “criminels de novembre” (ceux qui étaient tenus responsables pour l’armistice de novembre 1918 et ceux qui ont instauré une république parlementaire). Pour manipuler au mieux les populations, les Nazis adaptent leurs discours en fonction de ceux qui les écoutent : face à des hommes d’affaires, ils parlent plus d’anti-communisme et de récupérer les colonies allemandes perdues suite au Traité de Versailles, face à des soldats, ils s’appuient sur le renforcement militaire et face à des agriculteurs, ils promettent la hausse des produits agricoles. Tout cela permet au parti d’Adolf Hitler de remporter plus de voix aux élections de 1932 en gagnant 37,3% des voix ; une nette augmentation depuis 1928. De plus en plus de personnes adhèrent au parti et en 1933, Hitler est nommé chancelier par Hindenburg. Et c’est à ce moment précis que Hitler réussit à s’imposer au sein du pays : les communistes sont accusés d’avoir incendié le parlement en février 1933 et le parti communiste est donc interdit, ses membres arrêtés et placés en camp de concentration. Hitler obtiendra ensuite les pleins pouvoirs, supprimera les syndicats et le parti nazi devient vite le seul parti autorisé. Il a donc réussi à se servir d’une crise économique touchant le pays et affaiblissant la population pour instaurer une crise par-dessus, une crise fascite mais surtout anti-sémite. Les attaques se multiplient, que cela soit contre la population (majoritairement les juifs, qui sont persécutés en Allemagne et sont les premiers touchés par cette crise montée par Hitler sur la peur et la colère du peuple) ou même des attaques lancées contre le parti par Hitler (par exemple, la nuits des long couteaux le 30 juin 1934 où Hitler fait massacrer les S.A, dont Roehm, un membre fondateur du NSDAP). C’est un pari réussi pour Hitler et son parti ; ils ont le pouvoir (pouvoir auquel ils ont accédés légalement) et la majeur partie des Allemands adhèrent au parti (après la mort du président Hindenburg en août 1934, Hitler cumule fonctions du président et du chancelier, et adopte le titre de ReichsFührer ; titre approuvé par 92% des Allemands).

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