La mission catholique de Roma et la colonisation

INTRODUCTION

Le 19e siècle voit l’essor d’une course aux colonies, notamment sur le territoire africain. Les puissances européennes en quête d’enrichissement et d’hégémonie, mettent en œuvre en Afrique une démarche colonisatrice, visant à étendre leur culture, leurs savoir-faire, leurs principes politiques. Officieusement, les colonies sont l’opportunité économique rêvée pour des gouvernements ambitieux de gagner en puissance au niveau mondial. La France compte parmi les empires coloniaux les plus importants dans la seconde moitié du 19e siècle. Depuis 1875, le régime républicain peine à se construire de façon pérenne, étant traversé par de nombreux débats et crises politiques, sociales et particulièrement coloniales. Le débat colonial s’incarne par des grandes figures politiques, d’un côté défenseurs de la colonisation, et de l’autre les anticolonialistes. C’est notamment la figure de Jules Ferry, président du Conseil de 1880 à 1885, qui s’impose dans la France de la 3e République, pour encourager l’essor colonial. Connu pour ses lois sur l’éducation, qui sont des projets complémentaires et corrélés sur la gratuité, l’obligation et la laïcité, Ferry sécularise l’école et de fait expulse les religieux de l’enseignement. Depuis les décrets de mars 1880, les religieux se tournent alors vers les colonies françaises pour poursuivre leur enseignement évangélisateur. On utilise le terme de “mission” pour décrire l’intervention religieuse chrétienne dans les colonies dans une perspective d’évangélisation des populations locales. L’œuvre missionnaire chrétienne commence à prendre une grande ampleur début 19e siècle avec le courant humanitariste européen et le mouvement abolitionniste qui a une active branche chrétienne. Ici, nous avons affaire à une lettre extraite de la revue Les missions catholiques, un bulletin hebdomadaire qui illustre l'œuvre de propagation de la foi. La lettre du RP deltour est tirée du numéro du 27 octobre 1882. Cette revue écrite en français est destinée aux croyants de la métropole. Le révérend Père Deltour est un missionnaire de l’Oblat de Marie Immaculée, une congrégation cléricale missionnaire fondée en 1816 à Aix en Provence. La congrégation crée en 1862 la ville de Roma, au Basutoland (actuel Lesotho). Roma est nommée ainsi pour se démarquer des protestants et se veut une micro-société chrétienne entièrement sous contrôle missionnaire. Le Basutoland est un État d’Afrique australe. Ce pays a été traversé par les nombreux conflits coloniaux et a été placé sous l’autorité britannique en collaboration avec le roi Moshoeshoe depuis 1868. Nous pouvons ainsi, concernant notre document à l’étude, réfléchir à la façon dont le rapport de la mission catholique de Roma illustre à la fois les ambitions colonisatrices des pays européens tout comme les difficultés de sa mise en place ? Nous verrons d’abord que cette mission comporte des objectifs mais aussi des difficultés et dans une seconde partie nous montrerons que la mission de Roma se déroule dans le cadre de la colonisation et ce qu’elle implique.

1. Une mission avec des objectifs mais aussi des difficultés

1. Les objectifs et volontés qu’incarne la mission catholique de Roma d’un point de vue idéologique (abstrait)

La mission cahtolique de Roma répond à des objectifs précis, qui s’expriment à travers 3 axes principaux dans le texte par l’emploi du temps réservé aux Basutus. l 5 : “Roma a trois œuvres principales : deux écoles, une paroisse et une ferme”. D’une part, l’auteur consacre une partie de son rapport à la description de la mission.

1-  l’instruction

l.6 : “l’école des filles tenues par les soeurs de la sainte famille de bordeaux est une institution que nous pourrions comparer à l’orphelinat en france”

La congrégation de la sainte famille de bordeaux a été fondée en 1820 par le père Pierre-Bienvenue Noailles et est donc chargée de l'éducation des filles, qui consiste en je cite l.8 à 10 “la lecture, l’écriture sisoutou et l’anglais, les premiers éléments du calcul et de la géographie”. Une congrégation est association de fidèles ou de prêtres, formée dans un but de piété ou de charité, sous l'invocation d'un saint. Dans la traduction éducative française, les congrégations étaient chargées de l’enseignement. Ici, on a ici un enseignement de base comme il pourrait l'être en France, avec des enfants instruits sur plusieurs disciplines.

De plus dans le texte l’auteur compare à la ligne 7 l’instruction des enfants à ce que pourrait être un orphelinat français, c’est-à-dire une institution historiquement liée à la société industrielle de la fin du 19eme .

Selon Mathieu Peter cette conception de l’orphelinat en France correspond à une solution éducative privilégiée pour la jeunesse afin d'éviter aux enfants l'égarement ainsi que les remettre dans le droit chemin par la discipline.

A la ligne 8, on a une indication temporelle du temps consacré à l’instruction des filles : “ont 2h de classe le matin et autant le soir”. Ainsi, la séparation des classes en fonction du genre montre l’importance mise sur le travail manuel pour les garçons plus que pour les filles qui ont 4 heures d'école par jour.

Après l’école des filles, on mentionne l’école des garçons à la ligne 13, je cite “l’école des garçons est tenue par 2 frères et compte + de 50 pensionnaires”.

Ici leurs capacités intellectuelles sont moins mises en valeur alors que leurs capacités physiques leur sont une qualité.

2-  le travail manuel

En effet, un des 3 grands objectifs de la mission est aussi le travail manuel qui participe à son bon déroulement.

Les tâches à accomplir sont différente en fonction de l'âge et du genre :

• Pour les filles L10 “elles travaillent au jardin ; surtout elles s’occupent à coudre, à filer, à tricoter, voire même à tisser au métier” .

Cette répartition du travail correspond à une vision stéréotypée occidentale des tâches en fonction du genre ; les filles étant amenées à réaliser des travaux plus délicats, en intérieur, et qui leur servirait en tant que mère.

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