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Wajdi Mouawad, Incendies, scène 28 « Les noms véritables »

Étude de cas : Wajdi Mouawad, Incendies, scène 28 « Les noms véritables ». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Juillet 2023  •  Étude de cas  •  1 012 Mots (5 Pages)  •  245 Vues

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[EL Parcours «Crise personnelle, crise familiale »]

Wajdi Mouawad, Incendies, scène 28 « Les noms véritables »

Projet de lecture : comment la révélation de la naissance de Jeanne et Simon est-elle représentée ? La scène repose sur le principe de l'anagnorisis ( = principe de reconnaissance dans la tragédie grecque), reconnaissance pour Jeanne de son identité véritable en plusieurs étapes qui l'obligent à accepter ce qu'elle ne savait pas.

[anagnorisis : elle est « un renversement qui fait passer de l'ignorance à la connaissance, ou bien à l'alliance ou à l'inimitié, dans la catégorie des renversements définis par référence au bonheur ou au malheur » (Poétique, Aristote)

Mouvement 1 : de la l.1 à la l.30 : le retour d’un passé spectaculaire

Vers l'incarnation de la femme qui chante en Nawal Marwan.

A commenter :

        - Jeanne demande à Malak de la mener vers un enfant que Fahim lui a un jour confié de la         part de sa mère.

        -Une série de réponses décevantes au début de l'échange entre Jeanne et Malak : une enquête         qui semble mal partie. « je ne connais pas ta mère », « ce nom ne me dit rien » : l'identité de         Nawal Marwan est inconnue, le fil que Jeanne essaye de remonter se heurte à un premier         nœud.

        -« Et la femme qui chante ? » : comme s'il s'agissait d'une autre personne. C'est ce GN que         Malak reconnaît : Nawal = la femme qui chante. => progression de l'enquête. Alors Malak         reconnaît Jannaane : cela fait sens pour lui. Il a retrouvé Jannaane.

        - Identité réfutée par Jeanne qui rétablit sa vérité « Je m'appelle Jeanne... » : une         incompréhension entre Malak et Jeanne ?

Le spectacle du passé :

        - didascalie importante : Nawal (45 ans) est là. En face d'elle, Malak, debout, avec deux         bébés dans ses bras. Scène appartenant au passé se joue au présent : spectacle du passé qui         lève le voile sur l'objet de la quête initiale. On entend parler Nawal comme une voix d'outre-        tombe, on voit Nawal et Malak du passé au présent de la scène de révélation. Les pièces du         puzzle se reconstituent. Jeanne découvre la violence de la réaction de sa mère  « alors         garde-les ! » Met en avant le caractère exceptionnel des retrouvailles d'alors.  Jeanne assiste         à la représentation de son histoire, comme une spectatrice. Fin de la représentation « Malak         donne les enfants à Nawal » : la filiation est irréfutable.Jeanne est spectatrice et actrice en même temps.

Transition :  Après le spectacle... l'analyse de celui-ci...

Mouvement 2 : de la l.31 à la l. 57 : la difficile reconnaissance de l'identité : récit et contre récit.

Dimension insoutenable de la vérité : être le fruit « du viol et de l'horreur » réfuté à plusieurs reprises par Jeanne qui rappelle son histoire (ce qu'elle en sait), mais qui est détrompée à chaque fois par Malak, de manière implacable. Une acceptation tragique, irréfutable.

À commenter :

  • les répliques de Jeanne qui démarrent par la négation « Non ! » : signe très clair de la réfutation. La présence du type de phrase exclamatif, signe d'une vive émotion
  • les répliques très courtes de Malak qui énonce les faits de manière objective. Phrase simple. Il détrompe de manière méthodique et implacable Jeanne.
  • Une logique de récit et contre récit : Jeanne rappelle les éléments de son histoire en faisant appel à des faits qui visent à mettre à mal la crédibilité de certains éléments de l’enquête (les saisons évoquées par Fahim et par Jeanne ne sont pas les mêmes pour les circonstances de la naissance, le nombre d'enfants dans le seau n'est pas le même, ce qu'on lui a dit de son père qui est l'exact inverse que ce qu'elle est en train de comprendre, horrifiée) = Jeanne se cache derrière ce qu'elle pense être des incohérences pour ne pas voir la vérité qui éclate, petit à petit jusqu'à former le récit cohérent pris en charge par Malak dans la dernière réplique.
  • la dernière réplique de Malak : comme le devin qui énonce la vérité. L'histoire véritable prend forme. Utilisation du présent de l'indicatif pour raconter l'épisode du seau. «Fahim me tend le seau et il repart en courant. Je lève le tissu et là je vois deux bébés » = Présent de narration = il vise  à rendre présent, vivant cet épisode du passé. Jeanne ne peut que prendre en charge l'identité qu'elle pensait autre pour elle : Jannaane est Jeanne, passé et présent se recoupent. Présent d'énonciation : « Tu me reviens à la mort de ta mère, et je vois, aux larmes qui coulent de tes yeux que je ne me suis pas trompé. »= s'adresse à Jeanne venue chercher l'identité de son père.

=> Un récit implacable, irréfutable, qui lève le voile de manière définitive sur le secret de la naissance de Jeanne et Simon. Le récit a été dit et entendu : il existe pour toujours. Mais avec la révélation douloureuse  de la vérité, un équilibre est rétabli : « ils sauront renverser la cadence des cris perdus des enfants jetés dans la rivière » : Jeanne et Simon sont bien là, vivants et ils incarnent Jannaane et Sarwane.

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