Le Contexte de la Récession Charbonnière
Chronologie : Le Contexte de la Récession Charbonnière. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar leowuilbaut • 20 Juin 2025 • Chronologie • 2 043 Mots (9 Pages) • 12 Vues
Le Contexte de la Récession Charbonnière
Le patrimoine industriel, par essence évolutif, reflète les logiques de production et les progrès techniques successifs. Ainsi, les paysages industriels du Bassin minier du XIXe siècle ont remplacé ceux du XVIIIe siècle, avant d’être profondément transformés par les mutations technologiques et économiques du XXe siècle.
Jusqu’en 1960, la disparition d’éléments techniques dans le Bassin minier (fosses d’extraction, lavoirs, industries annexes) résultait directement des processus industriels. Cependant, après cette date, elle s’est accélérée en raison de plusieurs facteurs :
Des conditions d’exploitation devenues difficiles et coûteuses ;
La concurrence accrue des charbons importés ;
L’émergence de nouvelles sources d’énergie sur le marché international (hydrocarbures, énergie nucléaire), qui ont entraîné des politiques énergétiques et économiques profondément remaniées, à la fois nationales et européennes.
En 1960, le ministre de l’Industrie, Jean-Marcel Jeanneney, annonce officiellement la récession charbonnière à travers le Plan Jeanneney. Ce plan vise à assainir la situation des Charbonnages de France par la fermeture des exploitations les moins rentables et une réduction de la production. Dès lors, le déclin de l’activité charbonnière devient inéluctable, marqué par la fermeture progressive des puits. En 1968, André Bettencourt, successeur de Jeanneney, confirme et accélère ce processus en réduisant drastiquement les prévisions de production.
La crise pétrolière de 1973, marquée par une flambée des prix du pétrole, offre un répit temporaire à l’industrie charbonnière. Néanmoins, dès 1974, la récession reprend son cours.
Dans ce contexte, la préservation du patrimoine minier est largement négligée : les efforts se concentrent sur une reconversion économique, rompant complètement avec l’héritage industriel du passé.
Une Première Phase de l’Après-Mine : Destruction pour Reconstruire
La récession charbonnière entraîne un effondrement massif de l’industrie minière : fermetures de puits, démantèlement des centrales électriques, des lavoirs, des usines à boulets et briquettes, des réseaux ferrés internes. Dès les années 1960, des programmes nationaux, régionaux, locaux et des fonds européens sont mobilisés pour « réparer » le territoire, notamment à travers des investissements massifs qui s’étendent sur près de quarante ans.
Dans ce contexte, la priorité est donnée à la création d’emplois, à l’arrivée de nouvelles activités, à la restructuration économique et à la reconquête de l’environnement. Les infrastructures minières, perçues comme des vestiges inutiles, sont systématiquement démantelées, conformément au code minier, afin de libérer des espaces pour de nouvelles zones d’activités industrielles ou commerciales. Ce processus, connu comme une politique de tabula rasa, vise à effacer les traces de l’exploitation charbonnière, en privilégiant les logiques foncières et économiques sur celles liées à l’aménagement paysager ou patrimonial.
Les carreaux de fosses deviennent des friches industrielles, tandis que les chevalements, symboles de l’industrie minière, sont démantelés et recyclés (ferrailles). Les communes, souvent limitées financièrement, rechignent à conserver les infrastructures minières en raison des coûts élevés de leur acquisition, de leur entretien et de leur sécurisation. Dans certains cas, les friches sont transformées en espaces de loisirs et de détente, amorçant une approche émergente du respect de l’environnement.
Exploitation des Terrils et Aménagements Urbains
Les terrils font l’objet de premiers inventaires, non pour leurs qualités paysagères ou écologiques, mais pour leur valeur économique :
Ceux contenant encore du charbon ou des particules charbonneuses sont exploités pour alimenter les centrales thermiques.
D’autres sont valorisés pour leurs schistes, utilisés dans les travaux publics (remblais, routes, autoroutes).
Parallèlement, certains sites, comme les parcs des Glissoires à Avion (1975) ou de Wingles (1979), sont aménagés sur d’anciennes emprises minières, incluant terrils, marécages et terrains vagues.
Les Cités Minières : Une Rénovation Fonctionnelle
Si certaines cités minières sont démolies, la majorité est conservée mais nécessite des rénovations importantes. En 1972, la création du GIRZOM (Groupe Interministériel de Restructuration des Zones Minières) marque une volonté d’améliorer l’habitat minier en quatre axes :
Mise aux normes des voiries et réseaux divers ;
Démolition des cités obsolètes ;
Amélioration de l’environnement et du cadre de vie ;
Rénovation des équipements.
Ces travaux hygiénistes et fonctionnels visent à moderniser les logements : raccordement au tout-à-l’égout, installation de sanitaires intérieurs, production d’eau chaude, etc. Malgré des progrès lents, l’objectif est ambitieux avec environ 3 000 logements rénovés par an dès 1975.
Une Mémoire Contestée
Les infrastructures minières et leurs vestiges, perçus à l’époque comme des obstacles au développement, sont souvent ignorés ou détruits. Certains courants modernistes prônent même l’arasement total, rejetant toute forme de conservation patrimoniale, considérée comme un fétichisme ou une maladie collective.
Cette approche destructrice reflète une époque où la priorité était la reconversion économique et sociale, souvent au détriment d’une réflexion sur la préservation de la mémoire industrielle.
Contexte : Destruction et prise de conscience
Destructions massives : Dans un contexte de reconversion économique et d'aménagement du territoire, les traces de l'héritage minier disparaissent rapidement.
Inflexion patrimoniale : Une prise de conscience progressive émerge face au risque d'une disparition totale, initiant des efforts de sauvegarde locaux et entrepreneuriaux.
Premiers jalons de la patrimonialisation
Création de musées :
Musée de la mine d’Anzin (1961) : Première initiative municipale, axée sur les œuvres artistiques liées à l’histoire minière.
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