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Le modèle politique scandinave

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Par   •  4 Janvier 2018  •  Cours  •  4 378 Mots (18 Pages)  •  689 Vues

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Le modèle scandinave

Introduction : 

  1. Entre libéralisme et interventionnisme, le mot d’ordre : compétitivité

  1. Les systèmes politiques et les rôles de l’Etat

Ce sont tous des systèmes démocratiques et parlementaires. Pour trois de ces quatre pays (la Norvège, la Suède et le Danemark), ce sont  des monarchies constitutionnelles. Les citoyens scandinaves élisent tous un parlement qui désigne un premier ministre, lequel nomme alors les ministres de son gouvernement. Le roi délègue constitutionnellement le pouvoir exécutif au gouvernement et conserve la fonction de chef de l’Etat à l’étranger, et celle du représentant de l’unité nationale. En Finlande c’est un système d’élection présidentielle, pour un mandat de 6 ans. Il faut noter des forts taux de participation aux échéances électorales, et aussi un fort tissu associatif

Ce qui caractérise les Etats scandinaves, c’est bien sur le concept d’Etat-providence : il vise l’égalité sociale et la prévention de la pauvreté par une redistribution équitable des richesses, en offrant de nombreux services et aides publics et un bon niveau de protection sociale. Bien que ce soit l’objet de la seconde partie, on peut citer parmi ces rôles de l’Etat des services tels que l’enseignement, les services de santé, des actions en faveur de l’emploi ou des entreprises, la prise en charge des personnes âgées, les retraites et autres assurances sociales… La contrepartie à tous ces services est que les Scandinaves payent des impôts directs et indirects les plus élevés de la planète : 90% des foyers en payent contre seulement 50% en France (en Suède, on est contribuable dès 1850 euros de revenus annuels, contre 8250). La TVA au Danemark s’élève à 25% sur les biens et services (19,6% en France) et à 12% sur l’alimentation (5,5% en France). Il est amusant de remarquer que ce sont pourtant les seuls européens qui refusent des baisses d’impôts (c’est une des raisons de leur euro scepticisme, puisque l’UE aspire à une harmonisation des politiques fiscales). Enfin l’impôt sur les sociétés est relativement faible par rapport aux autres pays européens et en particulier, la France.  

Il reste à étudier le fonctionnement particulier de la fonction publique. Les Scandinaves paient beaucoup d'impôts, ils exigent en échange des comptes publics équilibrés et des administrations efficaces, performantes, accessibles et transparentes. Ainsi, la crise économique du début des années 1990 a nécessité une réforme en profondeur de l’administration : en Suède c’est par exemple 174 000 fonctionnaires qui ont été licenciés dans cette période. Les 13 ministères de la Suède emploient aujourd’hui 4 500 personnes dont 500 aux Finances, contre 180 000 à Bercy, en France. Ce constat est en fait à relativiser car les Scandinaves font une grande différence entre service public et fonction publique. Cette dernière se charge de l’administration, tandis que la pratique, le service public à proprement parler (la police l’éducation, la santé, les transports…), est déléguée à des agences publiques. Celles-ci concentrent l’essentiel des effectifs publics, voire 1/3 de la population dans certains de ces pays, sont largement décentralisées et gérées comme des entreprises du privé : comptabilités équilibrées, mises en concurrences, contrats temporaires, primes de résultats, salaires individuels, évaluations permanentes et en cas de non satisfaction, licenciement immédiat. Par conséquent, la Suède est un des rares pays de l’UE à avoir un budget excédentaire, à hauteur de 2% du PIB. Quant au Danemark, très endetté au début des années 1980, il a fini de rembourser sa dette en 2006, et bénéficie d’un excédent budgétaire de 5% du PIB par an.

Les marchés publics ont eux été largement déréglementés au point que les services postaux sont désormais confiés dans quelques uns de ces pays à des entreprises du secteur privé : par exemple, toujours en Suède, les colis sont désormais accessibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, jours fériés inclus

  1. La compétitivité de l’économie

Les économies de ces pays scandinaves sont de types capitalistes et libérales mais paradoxalement fortement influencée par l’Etat. On qualifie donc ces économies d’économies mixtes. Celles-ci affichent une santé économique insolente. Au deuxième trimestre, la croissance économique suédoise s’affichait à 1,4%, soit 5,5% sur un an.

Les économies scandinaves se caractérisent par des activités modernes performantes et très concurrentielles. Tout ces pays se suffisent en général pour ce qui est de l’agriculture et de la pêche. A l’exception près du Danemark, ce sont souvent des régions riches en ressources naturelles : 50% du territoire suédois est recouvert de forêts exploitées par une solide et rentable industrie forestière. En Norvège, ce sont bien sur les gisements offshore de pétrole mais aussi ceux de fer, tant convoités par Hitler. Enfin, ces pays sont tous des grands pêcheurs de la Baltique (saumon, harengs…).

Leur industrie est majoritairement tournée vers l’extérieur : on connaît bien les grands groupes multinationaux scandinaves tels que Ericsson, Electrolux, Volvo, Lego, Bang&Olfusen ou encore H&M. Le finlandais Nokia réalise 4% du PNB et 20% des exportations du pays. Ces entreprises ont bien évidemment tendance à délocaliser leur segment de production vers les pays à faible coût de main d’œuvre et à pression fiscale moins élevée. Elles conservent néanmoins leurs activités tertiaires sur le territoire national. Il faut dire que les gouvernements encouragent fortement celles-ci à investir dans la R&D. Les produits de firmes comme Ikea ou Bang&Olfusen témoigne bien de l’importance accordée au design et à la qualité dans ces pays. Ainsi, la Suède et la Finlande sont les pays européens qui investissent le plus dans la recherche : respectivement 4,3% et 3,5% de leur PIB : parmi les 15 entreprises mondiales qui investissent le plus dans la R&D, les deux seules européennes sont scandinave (4°rang : Ericsson avec 3,3 milliards d’euros investis annuellement). Il n’est pas étonnant que les prix Nobel soient distribués à Stockholm et que les PDG d’entreprises soient fréquemment des ingénieurs plus que des financiers.

Avant de s’intéresser au fort niveau de qualification de la population, il faut étudier les exceptionnellement bas taux de chômage lié

  1. Les plus forts taux d’emploi d’Europe et la « flexi-sécurité »

Avec respectivement 4,5%, 5,6% et 5,8% de chômeurs dans la population active, la Norvège, le Danemark et la Suède affichent des taux d’emploi très nettement supérieurs à ceux des autres pays industrialisés. Il faut rechercher l’explication de cette spécificité dans l’originalité de leur organisation du marché du travail, à la fois sociale et ultra-libérale.

La première particularité de ce marché du travail est le poids qu’ont su conserver les syndicats : près de 80% des travailleurs scandinaves sont syndiqués. Les syndicats et les employeurs, à l’instar du Danemark dès 1899, ont reconnu la légitimité l’un de l’autre en privilégiant ainsi la coopération et la négociation à l’opposition et au rapport de force. Il n’existe pas de code du travail dans ces pays là et la loi n’intervient que très rarement : il n’y a donc pas de salaire minimum, pas de durée légale du travail, et encore moins de contrats types. C’est en fait, pour 90% des salariés, par convention collective (syndicats et patronat) que sont décidés le nombre d’heures de travail, les salaires, et les conditions d’emploi. Autant dire que la grève est marginale en Scandinavie

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