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Georges Perec W ou le souvenir d'enfance

Commentaire de texte : Georges Perec W ou le souvenir d'enfance. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  11 Mars 2019  •  Commentaire de texte  •  780 Mots (4 Pages)  •  2 393 Vues

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Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, commentaire

Quand on écrit son autobiographie, on commence généralement par évoquer ses origines. Au début de W ou le souvenir d’enfance, Georges Perec affirme : « Je n’ai pas de souvenirs d’enfance. » et résume cette période ainsi : « Jusqu’à ma douzième année à peu près, mon histoire tient en quelques lignes : j’ai perdu mon père à quatre ans, ma mère à six ; j’ai passé la guerre à Villars-de-Lans. En 1945, la sœur de mon père et son mari m’adoptèrent. » Comment raconter une enfance qu’on ne connaît pas ? Perec résout le problème en plaçant ce qu’il ignore au cœur de son texte.

1. – Le récit d’enfance, un projet autobiographique

Dans le premier paragraphe, Perec nous apprend qu’il est coupé de son enfance (1 et 5-6) et rassemble ce qu’il en reste dans une liste impersonnelle, où les parents anonymes sont traités comme les objets les plus ordinaires. Ensuite il revient sur cette enfance pour dire d’une part qu’« elle ne [lui] appartient plus » (8-9) et d’autre part que c’est une période fondamentale, qu’il faut connaître pour savoir d’où l’on vient et comprendre les orientations prises par la suite (13). Perec parle à ce sujet du « sol sur lequel [il] a grandi » (8), Son projet consiste à se débarrasser des mythes (11-12) qui occultent la réalité pour renouer avec ses premières années. Voilà pourquoi il considère l’enfance à la fois un « point de départ » et un « horizon » (12), un but à atteindre.

2. – Le souvenir de la lettre hébraïque

Le souvenir est simple : un enfant reconnaît une lettre hébraïque, son entourage est ébahi. Les aptitudes de l’enfant le désignent comme juif et futur homme de lettres. Ce souvenir, trop parfait pour être vrai, est un récit de vocation qui construit le passé à partir du présent[1]. Mais, en le racontant, Perec signale que le souvenir n’est pas certain. Il utilise le conditionnel (23, 31, 33), recourt au lieu commun du cercle familial protecteur : « Le cercle de la famille m’entoure complètement [...] comme un rempart infranchissable. » (24-29) et insiste sur ce point avec le champ lexical de l’encerclement - « cercle », « entoure », « encerclement », « autour » et celui de la totalité : « toute », « la totalité », « l’intégralité »[2]. Il accompagne aussi son récit de commentaires critiques. D’abord il introduit la scène en la rendant improbable : le souvenir a été tant de fois raconté qu’il est déformé, voir le vocabulaire employé : « variantes », « pseudo-précisions », « altérés », « dénaturés » (19-22). Ensuite il dénonce lui-même la contradiction « J’ai trois ans » / « l’enfant qui vient de naître » dans une parenthèse qui interrompt le récit (28-29). Enfin deux notes indiquent que le souvenir est faux. La première précise que la lettre est inexacte, que les journaux étaient français, qu’il n’était pas en famille mais seulement avec sa tante Fanny et que cela se passait au bord de la Seine et non dans l’arrière-boutique de sa grand-mère. La note 2 remet en cause le tableau évoqué dans le corps du texte. Les notes brisent la continuité du récit et fragmentent le texte comme les blancs qui séparent les paragraphes.

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