Y a-t-il des limites à la connaissance scientifique ?

Y a-t-il des limites à la connaissance scientifique ?

La notion de science renvoie à l'idée d'un ensemble cohérent de connaissances relatives à

certaines catégories de faits, d'objets ou de phénomènes. La science recouvre ainsi une pluralité de

domaines scientifiques qui s'intéressent tous à des "catégories" d'objets différents : le domaine des

sciences dites naturelles (physique, biologie etc.) et celui des sciences dites humpines ou sociales

(histoire, sociologie, psychologie etc.), auxquels il faut rajouter celui des sciences formelles

(mathématiques, logique). II faut rajouter à cela que la connaissance scientifique cherche à décrire et

à expliquer ces objets ou phénomènes, si possible en établissant des lois de valeur universelle. Grâce

à ses méthodes rationnelles

— qu'il s'agisse d'une démarche purement déductive comme en

mathématiques ou d'une démarche inductive, c'est-à-dire partant de l'expérience — la connaissance

scientifique a pu se développer considérablement au cours de son histoire.

Toutefois, ce progrès ne doit pas masquer l'existence de limites. Le terme de limite doit

d'abord être entendu au sens de borne, c'est-à-dire d'un obstacle, d'un défaut — comme lorsque l'on

dit que l'on montre ses limites sur tel ou tel point. Il s'agirait en ce sens de limites de fait : certaines

questions relèveraient bien du domaine de la science mais ne parviendraient pas à être résolues

faute de disposer des outils — matériels ou conceptuels — suffisants : c'est le cas par exemple de la

question suivante : "quelle est la nature exacte de la matière qui compose l'univers II n'est

toutefois pas exclu que la science puisse un jour répondre à de telles questions. Mais la limite

désigne également la frontière qui sépare deux espaces : ce sens renverrait alors à l'existence de

limites de droit, au-delà desquelles elle ne pourrait apporter aucune réponse. Ce serait notamment

le cas des questions dites "métaphysiques" ("Dieu existe-t-il 71) ou "morales" ("Comment devons-

nous agir ?"), vis-à-vis desquelles la science resterait toujours, par essence, étrangère.

La science ne rencontre-t-elle pas des limites de fait qui l'empêchent de répondre à certaines

questions qui relèvent pourtant bien de son domaine ? Mais au-delà de ces limites liées à une

insuffisance matérielle ou conceptuelle, n'y a-t-il pas des questions qui sont en droit étrangères à

l'interrogation scientifique et qui lui imposent donc des limites d'un autre ordre ? Ne faut-il pas

toutefois reconnaître à la science la capacité de dépasser les limites qu'elle rencontre, dans les deux

sens que nous avons dégagés ?

Nous nous efforcerons d'abord d'expliquer pourquoi la science ne parvient pas à répondre à

certaines questions qui relèvent de son champ. Cest ensuite l'idée que la science pourrait rencontrer

des limites de droit qui. fera l'objet de notre réflexion. Nous verrons dans un dernier temps que ces

limites, loin d'être définitives, sont déplacées par la science, y compris les limites de droit.

II La science rencontre des limites de fait, c'est-à-dire des obstacles qui l'empêchent d'avancer.

- Réponses qui échappent à la connaissance scientifique, bien qu'elle soit capable den formuler les questions :

en physique (quelle est la nature de la matière dont est composé l'univers 7), en mathématiques (comment

démontrer tel théorème non résolu 7), en économie (comment parvenir à prévoir une crise financière ?) etc.

- Il faut alors chercher la cause de ces limitations :

*limites matérielles : difficulté à observer quelque chose, à mettre en place l'expérience adéquate etc. Cela

montre la nature expérimentale de la plupart des sciences mais l'observation peut prendre des forrnes variées

(de la lunette astronomique ou du microscope au détecteur d'ondes gravitationnelles).

*limites conceptuelles

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