Synthèse De Documents Vendeurs De Reves

Comme Je rappelle Michèle Jouve dans son essai Communication paru en 2000, rêver possede une dimension vitale pour l'être humain. Comment ce rêve intègre-t-il la consommation qui caractérise la société dans laquelle nous vivons ? Nous verrons que nos rêves ont souvent une valeur marchande à laquelle l'argent donne accès mais sans assurer pour autant notre bonheur.

Les objets de nos rèves ont la forme concrète et monnayable des biens proposés à la vente. Michèle Jouve les décline sous forme de villégiature ou de luxueux appartement, à l'image de celui, raffiné et suréquipé, que convoitent les héros du roman de Georges Perec : Les Choses publié en 1965 tandis que F. Beigbeder évoque dans son roman autobiographique 99 francs rachat d'une voiture. Dans tous les cas, ils renvoient à un idéal qui nous détache d'un présent étriqué, comme le petit logement vétuste où vit le couple mis en scène par Perec, et nous libère des contraintes quotidiennes, fût-ce au prix de « déformations », affirme Michèle Jouve, car le principe de réalité devient secondaire, dans un monde peuplé, d'après F.Beigbeder de filles séduisantes sous des cieux sans nuage.

Pour ces deux auteurs, la publicité joue un rôle primordial en façonnant nos rêves: elle établit des stratégies pour formater les pensées et brouiller les pistes. Communication montre bien comment le spot se déguise en rêve, créant un vertige spatio-temporel, rendant possible ce qui n'était pas réalisable, parlant par métaphores. F. Beidbeder parle même de « drogue », de manipulation d'images étudiée pour atteindre des objectifs essentiellement mercantiles en transformant le rêve en désir d'achat puis en achat.

Conditionnés par la publicité, nos réves débordent de biens de consommation. Mais nous rendent-ils heureux ?

Par leur dimension prédictive, les rêves nous poussent de l'avant, nous fixant des objectifs nécessaires pour vivre d'après Michèle louve ou dans l'attente du « miracle » qui, selon Perec, entretient le désir des personnages. Et les dépenses nous donnent le sentiment d'exister vraiment, si on en croit la devise citée dans 99 francs. Cependant cet état éphémère est présenté par Michèle Jouve comme une sorte d'illusion qui reste du domaine de l'imaginaire sans se préoccuper de sa crédibilité. Pour Beigbeder, le rêve est bien réalisable mais il se réduit à « de la merde », qui plus est périmée dès l'achat. Et, en définitive, les objectifs du couple présentés dans Les Choses, définis comme grandioses, se réduisent ironiquement à des cloisons, des portes, du chauffage.

En outre, comme le dévoile l'auteur de 99 francs l'achat est source-même d'insatisfaction, dans une course sans fin pour acquérir un nouvel objet plus récent, du moins pour les objets qu'on peut acquérir car la plupart restent hors de portée financière. Le bonheur entrevu, promis ou acheté se transforme donc en souffrance. C'est aussi le cas pour les héros de Perec: non seulement leurs rêves rendent la réalité insupportable mais ils les empêchent, en outre, de faire face à cette réalité, les condamnant à une passivité stérile.

Le consumérisme, par le biais de la publicité, a colonisé nos rêves

...