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Rire et savoir

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Par   •  9 Janvier 2022  •  Dissertation  •  2 800 Mots (12 Pages)  •  3 907 Vues

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Sujet de dissertation

Nils Debras Reymond                                                                                                                          105

                Le rire et le savoir sont selon François Rabelais étroitement liés, presque inséparables. Rabelais est un médecin, moine défroqué, bon buveur mais avant tout un humaniste reconnu.  Nous allons étudier Gargantua, œuvre éponyme écrite par François Rabelais au XVIème siècle. Gargantua est un roman burlesque et comique qui faire rire le lecteur à de multiples occasions. Il semble donc légitime de poser la question suivante : Gargantua de François Rabelais est-elle seulement une œuvre comique et burlesque ? Nous répondrons à cette question dans un premier temps en montrant les arguments qui invitent à penser que Gargantua est un roman purement comique. Dans un deuxième temps nous verrons que Gargantua n’est pas seulement un roman comique et qu’il chercher à communiquer d’autres idées éloignées du comique. Enfin nous terminerons en prouvant que ce que Rabelais a tenté de faire passer à travers son œuvre dépasse de très loin notre interrogation initiale.

                Dans un premier temps nous allons parler de la place importante qu’occupe le comique dans Gargantua.  Nous pouvons voir que le comique est omniprésent car selon Rabelais « rire est le propre de l’homme ». Il veut dire que rire est inné pour l’homme, que ce dernier ne peut pas se développer sans le rire. En effet, lecteur a l’occasion de rires à de multiples reprises lors de sa lecture du roman. Prenons comme premier exemple le chapitre du « Torchecul ». Dans ce chapitre Grandgousier et Gargantua dinent ensemble et Gargantua lui parle de sa nouvelle invention : le Torchecul. Le Torchecul est en réalité une longue liste de tous les moyens que Gargantua a trouvés et testés pour s’essuyer le « cul ». Ce chapitre est une source de rire pour le lecteur, par ces métaphores souvent sexuelles, son vocabulaire grossier et son propos de nature très scatologique. Les champs lexicaux bien que variés et reliés au vocabulaire scientifique restent proche du propos scatologique. Le lecteur a l’occasion de rire tout en remarquant la finesse d’esprit de Gargantua qui pour élaborer sa liste a opéré de manière scientifique et rigoureuse : il a trouvé, testé et trié tout les éléments figurants dans le Torchecul. Grandgousier, père de Gargantua, est lui-même amusé, étonné et intéressé par les propos tenus par son fils qui a seulement cinque ans a élaboré une liste digne d’un savant humaniste.

Nous pouvons trouver un deuxième exemple qui illustre parfaitement le burlesque développé par Rabelais dans son roman : la naissance de Gargantua. Gargantua est né après onze mois passés dans le ventre de sa mère, ces onze mois sont en réalité une moquerie de Rabelais envers la communauté scientifique de l’époque car dans son livre la théorie selon laquelle un bébé exceptionnel naitrait après onze mois est validée par plusieurs médecins reconnus ou inventés. La mère de Gargantua le jour précédent son accouchement aurait festoyé et mangé trop de tripes ce qui lui aurait bouché les voix basses (le propos porte dès lors à rire car Rabelais a consciemment confondu les voix basses). Gargantua n’a donc d’autres choix que de sortir par l’oreille de sa mère, référence directe à Athéna de la mythologie grecque qui serait sortie de la cuisse de Zeus. Cette situation burlesque est destinée à se moquer des médecins de l’époque tout en amusant le lecteur.

Nous pouvons dans un deuxième temps nous pencher sur les personnages de Gargantua qui participent grandement à rendre l’œuvre comique. En effet, les personnages de Gargantua sont divisés en deux catégories : les « gentils » qui prônent l’humaniste et dont Rabelais à travers son roman fait les louanges et les « méchants » que Rabelais n’hésite pas à moquer à tout instant.

Nous allons prendre comme exemple pour le premier cas le personnage de Frère Jean. Frère Jean est un moine. Il est peu soucieux de ses devoirs religieux, il expédie en vitesse les prières et préfère boire, manger et s’amuser. Il reste malgré tout un personnage courageux qui fait rire le lecteur à de nombreux moments. Nous pouvons prendre comme exemple le passage dans lequel Frère Jean défend corps et âmes les précieuses vignes de son abbaye qui sont en train d’être vendangées par les soldats de Picrochole. Frère Jean n’hésite pas à s’opposer aux moines hébétés, occupés à prier dieux dans un latin des plus macaroniques, avant de sortir décimer l’armée de Picrochole à la seule force de son bâton et de ses muscles.  Le récit de la bataille est rempli de détails sanglants qui aident le lecteur à imaginer Frère Jean entrain de transformer les vignes en véritable boucherie. Frère Jean est considéré comme l’antimoine. Mais Rabelais ne le critique pas pour autant, au contraire il fait passer à travers Frère Jean le portrait du moine qui selon lui remplacer les moines de l’époque. Frère Jean est admiré par Gargantua et sa troupe, il est vu comme un leader, un homme courageux qui n’a pas peur de l’ennemi. Bien que nous puissions rire de lui à plusieurs moments : lorsqu’il s’accroche à un arbre ou lorsqu’il explique que son grand nez (métaphore sexuelle liée à la taille de son sexe) qui est dû à la mollesse du sein de sa nourrice, il reste un personnage noble et courageux, incarnant les valeurs humanistes.  

Nous pouvons pour illustrer le second type de personnages présents par le cas de Jonatus de Bragmardo. Jonatus de Bragmardo est un théologien de la Sorbonne envoyé pour demande à Gargantua de rendre les cloches de la cathédrale Notre Dame de Paris. Jonatus de Bragmardo est sans aucun doute le personnage le plus risible de l’œuvre. Ce dernier lors de sa harangue est dans un premier temps ivre, il renifle, se râcle la gorge, s’emmêle dans ses idées, confond les termes et enfin il utilise un latin macaronique digne du plus mauvais élève de première année et surement pas d’un théologien de la Sorbonne. Jonatus est moqué sur le moment par Gargantua, Ponocrates et Eudémon. Jonatus est d’autre part motivé seulement par la perspective de boire, manger et avoir de nouvelles chaussures ce qui le rend comique au plus haut point. Ce personnage ne manque par de faire rire le lecteur. Dans le chapitre de la harangue de Jonatus de Bragmardo Rabelais a vivement critiqué les théologiens de la Sorbonne qui sont selon lui des faux savants, cette idée des faux savants n’est pas récente car on peut en trouver des traces dans L’apologie de Socrate lorsque ce dernier tente de déterminer s’il est le plus savant des hommes.

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