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Revirement De Jurisprudence

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Par   •  6 Mars 2013  •  2 154 Mots (9 Pages)  •  6 998 Vues

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Les origines de la jurisprudence remontent à l’époque de l’antiquité d’où les racines du mot jurisprudence : « jurisprudentia » terme latin qui signifie la science du droit ou encore la connaissance du droit. Actuellement le terme « jurisprudence » connait un tout autre sens, au sens large, l’ensemble des décisions rendues par les juridictions nationales et dans un sens étroit, la solution habituellement donnée par les tribunaux à une question de droit.

D'une manière générale, "revirement" est le mot caractérisant un changement d'opinion ou de comportement. Dans un type particulier de faits ou de relations juridiques faisant l'objet d'un procès, le mot s'applique à tout changement d'interprétation du droit jusque-là appliqué qu’opère une juridiction, et en particulier, la Cour de cassation. Il est alors question d'un "revirement de jurisprudence". Le revirement touche à la sécurité juridique. La Cour de cassation répond à ceux qui sont enclins à donner priorité au principe de sécurité juridique, que ce principe, qui est le corollaire du droit à un procès équitable prévu par l'article 6 alinéa 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ne saurait consacrer un droit acquis à une jurisprudence immuable dont l'évolution relève de l'office du juge dans l'application du droit.

La jurisprudence est l’œuvre du juge. Elle est une source contestée du droit, dans le sens où elle émane du pouvoir judicaire et qu'elle n'a pas de force obligatoire, contrairement à la loi et à la coutume, mais une autorité relative de chose jugée (principe posé dans l'article 1351 du Code civil) qui ne vaut que pour le litige et les parties engagées dans ce litige.

Cette jurisprudence n'est pas immuable. Elle peut, tout comme la loi, évoluer, et ce par le principe de revirement de jurisprudence. Le revirement de jurisprudence constitue en un changement d'interprétation de la loi par le juge ; il abandonne une solution qu'il admettait antérieurement, et adopte une solution contraire à celle qui était adoptée jusque-là.

Les revirements de jurisprudence sont donc facteurs d’insécurité juridique, car qui croire lorsque la loi bégaie ou se contredit ? Pourtant il est nécessaire de suivre les évolutions de la société et le juge est condamné à amender ses jurisprudences en fonction de ces évolutions. Comment fonctionne théoriquement cette notion de revirement de jurisprudence ? Comme s’applique-t-elle en réalité ?

Nous verrons donc dans un premier temps que les revirements de jurisprudence son source d’insécurité juridique (I) mais que ces revirement sont nécessaires (II).

I) Le revirement de jurisprudence, source d’insécurité juridique

A. Le principe de la rétroactivité du revirement de jurisprudence

Le principe de rétroactivité est le caractère d’un acte ou d’un fait produisant ses effets dans le passé, à une date antérieure à son accomplissement ou à sa survenance. Un revirement de jurisprudence consiste en un changement d’interprétation de la loi par le juge. Le juge abandonne une solution antérieurement admise. Il serait par nature rétroactif au motif que l’interprétation de la loi par le juge fait corps avec la loi interprétée. L’interprétation judiciaire de la loi s’applique au jour où la loi est entrée en vigueur. Si cette interprétation change par l’effet d’un revirement, le juge qui statue sur des faits antérieurs à son jugement appliquera la nouvelle interprétation de la règle qu’il dégage, de manière rétroactive à de tels faits. Cette analyse suppose d’attacher à la jurisprudence un caractère déclaratif et non constitutif car elle constate un état de droit préexistant qui a toujours existé à partir de l‘entrée en vigueur de la loi nouvelle. Le juge qui dégage une solution nouvelle à l’occasion d’un procès applique celle-ci de façon rétroactive pour trancher le litige né avant le revirement. En outre, la solution nouvelle rayonnera au-delà du litige pour s’appliquer dans tous les procès similaires en cours. Dans l’arrêt de la cour de cassation civile du 9 octobre 2001, un médecin ayant opérer en 1974 une patiente sans lui indiquer les risques exceptionnels de l’opération. A cette date la jurisprudence dispensait le médecin d’indiquer de tels risques à son patient. Les risquent exceptionnels se produisirent et le patient assigna en justice le médecin pour manquement en devoir d’information. Mais en 1998, la cour de cassation a opérer un revirement de jurisprudence, et décida que le médecin n’était plus dispensé de l’obligation d’informer un patient des risques exceptionnels, hormis les cas d’urgence, d’impossibilité ou de refus du patient d’être informé. La cour de cassation le 9 octobre 2001, applique cette nouvelle jurisprudence, et condamne le médecin qui n’avait pas informé en 1974, la patiente des risques exceptionnels de l’acte « alors même qu’à l’époque des faits la jurisprudence admettait qu’un médecin ne commettait pas de faute s’il ne révélait pas à son patient des risques exceptionnels ». Elle considère que « l’interprétation jurisprudentielle d’une même norme à un moment donné ne peut être différente selon l’époque des faits considérés et (que) nul ne peut se prévaloir d’un droit acquis à une jurisprudence figée ».

La rétroactivité des revirements de jurisprudence heurte parfois la sécurité juridique en déjouant les prévisions des justiciables qui se sont conformés à la solution antérieure au revirement. Pour cette raison, de façon exceptionnelle, la jurisprudence a accepté de pratiquer des « revirements pour l’avenir ».

B. Les limites de la rétroactivité de la jurisprudence

Les revirements de jurisprudence produisent en effet, certains résultats néfastes en raison de l’insécurité juridique qu’ils peuvent entrainer. Car ces revirements rétroactifs peuvent aboutir bien souvent à des contradictions avec des décisions des anticipations antérieures que le droit lui-même avait légitimées auparavant. En droit civil, le principe de sécurité juridique n’est pas reconnu par la Cour de cassation qui refuse de considérer qu’il existe un droit à ne pas voir ses prévisions remises en cause par un revirement de situation. Dans deux arrêts du 11 juin 2009 la 1ère chambre civile, renouvelant sa position antérieure, décide que « la sécurité juridique, invoquée sur le fondements du droit à un procès équitable pour contester l’application

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