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Représentation de la femme dans les manuels scolaires

Étude de cas : Représentation de la femme dans les manuels scolaires. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2020  •  Étude de cas  •  1 920 Mots (8 Pages)  •  476 Vues

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Discours de l’institution scolaire et représentation sociale de la femme : Fragments d’analyse du manuel scolaire de la première année primaire

D’évidence, dans la sphère familiale la répartition des tâches entre les hommes et les femmes est loin d’être légitimement fondée. Les premiers prétextent encore leur inaptitude du fait d’une « éducation masculine »  pendant que certaines d’entre les secondes rouspètent à céder certaines activités réservées, dressage éducatif aidant. Tout se passe comme si les deux étaient implicitement d’accord,  ayant été presque conditionnés pour,  sur les principes considérés comme présupposés axiomatiques mais également sur l’écart existant entre ces principes. Quoi de plus « normal » qu’une valeur  supérieure accordée à la position sociale de l’homme, relativement à celle de la femme et ceci non seulement lorsqu’il est question de femme au foyer  mais aussi lorsqu’il s’agit d’une femme qui travaille ; celle-ci continuant à être considérée dans le jeu de la hiérarchie et de la stratification sociale comme moins importante que l’homme. Ailleurs, Dans le jeu des annonces matrimoniales, une certaine représentation de la femme s’esquisse en filigrane lorsque la proposition  s’opère comme un échange entre un « capital économique et social » de l’homme et un  «capital esthétique » de la femme. Il ne semble plus question d’altérité sexuelle et semble se jouer autre chose : comme une tentative de proclamation véhémente de la virilité au travers du statut social et du patrimoine matériel ou comme la furie d’une responsabilité masculine porté en dernière instance par l’honneur du mâle dont le rôle et le devoir est d’assister matériellement et socialement un être immature ou en tous cas non parvenu à maturité totale du fait de sa féminité. les codes culturels acquis aussi par la socialisation et appropriés  sous forme de seconde « nature » qui ralentissent d’évidence  la réalisation des principes égalitaires ou tout au moins équitables , entendu que cette égalité ou que cette équité  n’exclut pas l’altérité identitaire, semblent dans ce processus de socialisation aussi  en rapport , en  amont, avec l’institution éducative particulièrement avec les supports pédagogiques scolaires mis à la disposition des élèves. Lorsque l’on sait que les manuels tiennent une place importante dans l'éducation et dans la formation de l’enfant,  futur citoyen d’une part, qu’ils constituent l’ancrage premier et l’inscription mentale de toute conception qui s’enracine à un âge où les enfants, adultes de demain, sont affectivement et cognitivement singulièrement sensibles à tout ce qui est appris voire inculqué d’autre part et que L’élève est là pour écouter et apprendre par cœur, gober sans poser de questions sans faire preuve d’esprit critique du reste peu présent à ces âges-là . Une question importante peut être ici formulée tant il est vrai que ces représentations précocement ancrées dans notre mode de fonctionnement mental, du reste difficilement « corrigeable » plus tard, façonneront tout un imaginaire ; socialement inscrites,  elles détermineront tout rapport à l’autre différent sexuellement. Le jeune garçon apprenant métabolisera vraisemblablement pour toujours, l’image d’une femme cantonnée aux travaux domestiques, comme l’image d’une femme soumise, existant pour le servir. L’on peut déjà se poser la question de savoir comment l’homme qu’il deviendra se comportera  vis-à-vis d’elle. L’image assurément déformée de la femme, invariablement retrouvée et comme moyen de conditionnement, intégrée par la petite fille semble constituer comme une assignation à un rôle social de servitude. Comment concrètement  donc  est représentée l’image de la femme dans les manuels scolaires de l’école primaire ? Il serait trivial de dire que les manuels scolaires ne traitent pas  les hommes et les femmes de la même manière mais ce simple constat peut aller plus loin vu que dans ces textes les femmes apparaissent moins souvent que hommes, leur présence n'est la  plupart du temps pas valorisée. La représentation de la femme est stéréotypée  et celles-ci  sont données à voir comme cantonnées aux tâches traditionnelles et au rôle de femme-objet classique. Ainsi donc est précocement intériorisé une différenciation qui établit une hiérarchie des sexes et demeure inlassablement perpétuée une distribution quasi « étanche » des rôles opérant une coupure entre un monde d’hommes et un monde de femmes comme si d’enfermer cette dichotomie dans un cadre traditionnellement codifié est devenu normatif par la force des choses. La propagation de telles représentations véhiculant comme la légitimité symbolique d’un diktat au masculin interpelle d’autant plus qu’elle concerne numériquement d’une part des millions d’élèves et que le manuel scolaire demeure d’autre part constitue l’unique et exclusif support pédagogique étayant le processus d’apprentissage au niveau de l’école primaire. L’examen de la littérature scolaire primaire est révélateur du phénomène décrit : les auteurs de ces recueils de textes destinés aux élèves du primaire, sans doute rejouant leurs propres représentations des relations entre garçons et filles semblent  s’exercer à une duplication   de ces représentations  qui n’iront pas sans inscrire de traces dans la psyché des apprenants déterminant sans doute aucun leurs attitudes adultes envers l’autre sexuellement différend ; saurait-on cependant voir au travers une volonté discriminatoire de la part des auteurs des manuels et occulter le rôle important d’un inconscient qui reproduit des schémas et des stéréotypes socioculturels intégrés et transmis comme de génération en génération ? Cependant ce questionnement  amènerait  d’autres interrogations qui pourraient nous emmener loin de l’analyse phénoménologique proposée en ce texte. Pour renouer avec nos propos ,  De simples exemples tirés du manuel  de lecture de première année de l’enseignement fondamental indiquent une image sur la femme inlassablement invariable ; ainsi donc dans le livre de lecture «iqraâ » de la première année de l’enseignement primaire et ce dès la page cinq , après deux pages de présentation , faut-il le préciser , le ton est donné : « leila fi dari » , « mustapha fi el madrassati »,  l’invariable « fi » consacrant, par sa redondance et son radotage  à saturation , l’objectif étant de faire assimiler à l’élève le terme « fi » , comme une captation de l’espace et sa séparation entre espace domestique féminin / espace public masculin escamotant  des données actuelles  de répartition des rôles que connaît la société aujourd’hui, en page 52 « el oummou » qui n’est même pas nommée, décrite par un nom  commun qui  renvoie à un référent socioculturel traditionnel    qu'est le rôle de mère demeure  identifiée  par son «  est devant ses fourneaux » stéréotype récurrent, du reste en plusieurs autres manuels y compris en  langue française, qui ne correspond pas à une  réalité actuelle et qui véhicule  l'idée que les femmes ne font rien d'intéressant en dehors de s'occuper de leur maison et de leurs enfants. Une image illustrant ce court texte  montre une  femme de toute évidence dans une cuisine, face à des ustensiles ménagers. En page 32, « Leila tabki » (Leila pleure) comme si dès les origines du dressage éducatif, il est convenu qu' "un garçon ne pleure pas", mais qu'une fille sanglote autant qu'elle veut.   Puis Leila est retrouvée chez la coiffeuse en page 147, le phototype semble gagner en contours « nouveaux » pour épouser les idées associées à l’esthétique de la femme et de  la féminité, elle doit être belle. Elle est décrite comme tendre, affectueuse, inquiète pour les siens et tandis que l’homme travaille les champs elle continue à étendre le linge (illustration du texte : le soleil parle , livre de lecture de quatrième année fondamentale) ou à préparer le repas des invités de son mari (p 52), en page 11 Pour faire apprendre à l’enfant la lettre "ra ", l’exemple donné est " Nora regarde son frère » qui lui , Omar « est sur un  arbre » Chaque mot est reproduit plusieurs fois de suite car la lettre s’écrit différemment selon la place qu’elle occupe dans le mot... un véritable persuasion consacrée par une illustration qui représente Omar en haut de l’arbre et Nora en bas à le regarder. L'espace construit dans cette illustration n'est pas neutre et semble être  de hiérarchie sexuée et évoque cette  pseudo-faiblesse féminine  « rassurante » qui gonfle les torses et gratifie le masculin. Ainsi à la lecture de nombreux textes de manuels scolaires et observant certaines illustrations accompagnant ces mêmes textes mais cependant éprouvant une société en mutation comme un espace social où évoluent des femmes et des hommes aux intérêts vivants et  diversifiés l’on peut mesurer le décalage entre un  discours officiel sur l’école se devant de  préparer le monde de demain  et la réalité « pédagogique » dispensée ? De même se pose la question de savoir si cette pédagogie prend en compte la nécessaire reconnaissance par l’élève de situations qui lui sont familières. Ainsi les élèves  dont les mères sont enseignantes, architectes, médecins, avocates ou  ayant une activité  en total décalage avec celles érigées en rôles stéréotypés au travers de ces manuels pourraient-ils se reconnaître? On ne peut que rester préoccupés  face à ces  contenus redondants sur les statuts impartis à l’homme et à la femme selon les stéréotypes classiques anachroniques mesurant les préjudices et  anticipant les dommages que peuvent provoquer ces « supports pédagogiques » sur la formation de la structure psychique des femmes et des hommes de demain. Dans cette perspective d’une première analyse  des récits de manuels de l’école primaire algérienne, le masculin se donne à lire comme l’unique ou en tous cas déterminante donnée de première découverte du monde dans sa dimension de rapports d’altérité sexuelle  comme convoquant  les "démons" d’un patriarcat et d’un néo-patriarcat d’une prédominance omnipotente. Ainsi ces manuels deviennent des vecteurs porteurs d’une violence symbolique à laquelle l’enfant est confronté brusquement et durablement et ce dés sa première année scolaire jusqu’à ces études secondaires soit plus de douze ans. Cette violence symbolique s'introduit et s'inscrit dans le psychisme par effraction comme marque, sans pouvoir s'articuler, à une chaîne  signifiante pouvant être re-pensé dans l’après coup immédiat  et pour cause l’enfant étant à peine âgé de cinq ans. On ne peut reconnaître des lors que des effets qui déstructurent le psychisme et la favorisent l’émergence d’une potentialité  omnipotente chez les jeunes garçons  et ses multiples formes de violences ultérieures. L’intériorisation de l’image de la femme docile soumise par  L’élève de sexe masculin tout au cours de la scolarité laissera inéluctablement une marque, celle là même qui se perpétuera lorsque devenu adulte il réagira vis-à-vis d’elle comme le faisait son père avec sa mère  sans pour autant que soit tenu en compte l’évolution socioculturelle , ceci créant à terme un paradoxe au niveau du fonctionnement d’une société inscrite dans un processus de modernisation en même temps qu’elle véhicule une répartition des rôles , des tâches et des statuts anachroniques.  Gageons qu’à l’avenir les concepteurs des manuels, laissent souffler un vent de poésie portant les senteurs d’un monde construit aussi au féminin dans leurs productions pédagogiques puisque comme le dit si justement le poète « la femme est l’avenir de l’homme ».   

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