Projet d'action éducative autour de la contine

Introduction

Dans le cadre du domaine de compétence 2, « action éducative en direction du jeune enfant », et de ma première année de formation, j’ai réalisé un projet de démarche éducative au sein d’un Établissement d’Accueil de Jeunes Enfants (EAJE) municipal. Ouvert en février 1998, il accueille des enfants de 2 mois ½ à 3 ans résidant sur la commune. Il y a trois groupes : le premier accueillant les enfants de 2 mois ½ jusqu’à 15 mois environ et les enfants de 15 mois à 3 ans sont répartis à part égale dans les deux autres groupes.

L’équipe pluridisciplinaire est là pour accueillir les familles et les enfants : une directrice et son adjointe infirmières puéricultrices, deux éducatrices de jeunes enfants (EJE) une à temps complet et une à 80%, six auxiliaires de puériculture et six professionnelles titulaires du CAP petite enfance.

Un partenariat avec la médiathèque de permet, une fois par mois, d’accueillir un atelier de Bébés Lecteurs ainsi qu’une musicienne professionnelle pour un éveil musical des enfants 1 à 2 fois par mois.

Après de nombreuses observations et d’échanges avec l’équipe pluridisciplinaire, j’identifie plus clairement la position de l’EJE au sein du multi-accueil. J’apprends à connaître les enfants, identifier leurs besoins et leurs attentes.

L’observation qui m’a plus marquée concerne le temps transitionnel entre le repas et la lecture. J’ai observé que les enfants expriment un besoin d’apaisement en sautant sur leur lit, courant dans le dortoir ce qui m’amène à dégager une problématique : comment favoriser l'apaisement des enfants durant l'attente de la lecture précédant la sieste ?

Ce dossier se présente en deux parties : une première où j’expose la proposition de mon projet. Une seconde partie présentant sa mise en œuvre et son évaluation.

1. Proposition de projet

1.  Observations

Pour le groupe des plus grands, âgés de 18 à 28 mois, le dortoir se trouve à l’étage. En sortant du repas, les enfants arrivent dans le dortoir et se déshabillent. L’auxiliaire de puériculture (AP) s’occupe des soins aux enfants chacun son tour en alternant avec l’Éducatrice de Jeunes Enfants (EJE). Ce temps, que je décris dans plusieurs observations et sur différents jours, m’amène à me questionner sur l'apaisement des enfants pendant le temps transitionnel entre les soins corporels aux enfants et la lecture.

1er temps d’observation

Il est 12h15 le 25 octobre 2017. Les sept enfants présents ont entre 18 et 24 mois. Nina^[1] (AP) s’occupe des soins de Tom. Théo et Mila sautent dans leur lit, Pierre et Léo courent, Hugo et Chloé répètent « caca boudin » et tous les enfants rient. Julie, après avoir mis Tom dans sa gigoteuse dit : « Théo, assieds-toi dans ton lit. Maintenant ça suffit. C’est interdit ». Théo ne se calme pas et tire la langue. Julie le rassied dans son lit et lui dit « Je t’ai déjà demandé de rester assis ». Aussitôt Julie partie chercher les livres, Théo saute de nouveau. Revenue, Julie pose les livres et dit à Théo « Cela fait trois fois que je te demande d’arrêter. Tu te rassois dans ton lit. » Elle s’installe pour lire, le silence se fait.

2ème temps d’observation

Le 31 octobre 2017 à 12h15. Ce jour, six enfants sont présents dans le dortoir : Théo et Mila qui courent, Tom, Chloé et Hugo qui sautent dans leur lit, et Léo à la salle de bain avec Éva (AP) pour les soins. Cécile, l’autre EJE de la structure, est auprès des enfants.

3ème temps d’observation

Il est 12h15 le 3 novembre 2017. Ce jour, dix enfants sont présents avec Julie (EJE) dans le dortoir : Théo et Hugo crient « caca boudin » et tous les enfants rient, Pierre, Tom, Mila et Chloé sautent dans leur lit, Léo, Paul et Sophie sautent autour des lits pendant que Zoé est avec Murielle (AP) dans la salle de bain.

1. Analyse des observations

Après la montée des escaliers, par une rampe adaptée à leur taille, les enfants arrivent dans le dortoir. Celui-ci, dans la pénombre, symbolise un lieu de calme et de silence. Les lits, adaptés aux enfants, sont disposés autour de la pièce (cf. plan 1 en annexe).

Les enfants courent et sautent malgré la demande des professionnelles de se déshabiller. Ils passent outre l’ordre car « L’enfant manifeste ce besoin d’opposition de toutes sortes de façons. Il attend que l’adulte ne soit pas là ou simplement qu’il baisse les yeux ; il montre alors une remarquable célérité à faire le geste interdit. (…) Ou encore, semble accepter, mais n’en fait qu’à sa tête »^[2].

À cet âge, les enfants se heurtent aux premiers interdits et se construisent une image de l’autorité représentée par l’adulte. Cette constante opposition correspond à des émotions submersibles. L’enfant expérimente son corps dans l’espace. Ils testent le cadre par le biais de l’opposition pour voir si les professionnels changent leur attitude. Le cadre, qui ne change pas, rassure et sécurise les enfants qui construisent alors leur confiance en l’adulte.

Après être restés longtemps assis au moment du repas, les enfants manifestent le besoin de bouger. Peggy Gendron explique « L’activité physique peut aider à faire sortir la pression et le stress. Par conséquent, quand on empêche un enfant de bouger alors qu’il en a besoin, ses comportements dérangeants augmentent. (…) Bouger prédispose votre enfant à effectuer des tâches ou des activités exigeant de l’application et de la concentration, comme écouter une histoire »^[3]

Ainsi le temps d’attente, généré par le fait que les enfants soient changés les uns après les autres, peut être vu comme un espace-temps à aménager pour accompagner les enfants à se détendre afin de mieux dormir. J’observe, lors de la lecture, que les enfants sont attentifs, écoutent.

Les rituels journaliers apportent une sécurité et contribuent à structurer l’enfant en lui donnant un repère temporo-spatial à un âge où il n’a pas encore de cette notion. Ainsi tous les temps de la journée de l’EAJE sont ritualisés à l’aide de comptines comme le bonjour du matin, avant le repas, le goûter et bien d’autres.

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