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La Princesse de Cleves / scène jalousie

Commentaire de texte : La Princesse de Cleves / scène jalousie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 271 Mots (6 Pages)  •  736 Vues

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Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Œuvre intégrale : Mme de La FayeƩe, La Princesse de Clèves. ExplicaƟon linéaire de l’extrait 2 : La jalousie En quoi cet extrait montre-t-il la naissance de la résoluƟon de la princesse ? I. Mouvement 1 : « Elle avait ignoré… » à « contente de sa passion » : la découverte de la jalousie II. Mouvement 2 : « Mais quand je le pourrais… » à « de ce que je résolus hier » : Les tourments de la passion III. Mouvement 3 : « Il faut m’arracher de la présence… » à « de la fausse leƩre du Vidame » : La résoluƟon I. Mouvement 1 : « Elle avait ignoré… » à « contente de sa passion » : la découverte de la jalousie Cet extrait suit l’épisode de la leƩre qui fait découvrir à la princesse le senƟment de jalousie. Dans le premier mouvement de ce passage, l’ignorance de Madame de Clèves sur ce point est martelée à travers le verbe « ignoré » et une mulƟtude de proposiƟons à la forme négaƟve : « elle n’avait pensé qu’à », « elle n’avait point encore », « ils ne laissèrent pas » et « elle n’avait jamais eu ». Le fait que ceƩe perspecƟve de souffrances soit nouvelle est soulignée par les locuƟons adverbiales : « jusqu’alors » et les adverbes « point encore », « jamais ». C’est donc une véritable révélaƟon que que subit la princesse qui ouvre sur les affres d’une nouvelle forme de souffrance, alors qu’« elle n’avait pensé qu’à se défendre d’aimer Monsieur de Nemours », elle découvre de nouveaux dangers de la passion amoureuse comme le suppose la répéƟƟon des termes « défiance » et « jalousie » ainsi que l’adjecƟf « mortelles » associées aux « inquiétudes » générées par la crainte d’avoir une rivale. L’emploi du plus-que-parfait à valeur d’antériorité montre une réelle rupture entre la période qui précède la découverte de la jalousie et celle qui la suit. De même, l’emploi du subjoncƟf imparfait « qu’il en aimât » montre que ceƩe possibilité avait été jusque-là envisagée comme une acƟon incertaine qui n’avait pas de réalité. La proposiƟon circonstancielle de concession « Quoique les soupçons que lui avait donnés ceƩe leƩre fussent effacés » montre que la princesse sait que ses craintes sont infondées mais cet événement l’amène à prendre conscience de ce qu’est la jalousie, qu’elle n’avait jamais éprouvé. L’expression « ouvrir les yeux » suggère qu’il s’agit d’une révélaƟon qui ouvre sur un abîme et surtout l’amène à adopter un autre point de vue sur la situaƟon et sur Monsieur de Nemours. En effet, pour la première fois, la princesse réalise que Monsieur de Nemours est un séducteur, un homme de bonne fortune avec les femmes, ce que souligne la PSR « qui avait toujours fait paraître tant de légèreté parmi les femmes » s’opposant pour former une anƟthèse avec le GN « un aƩachement sincère et durable » qui reflète sa propre concepƟon de l’amour. En même temps qu’elle se rend compte des dangers de la passion, elle comprend aussi l’aveuglement qui a été le sien jusqu’alors et le fait qu’un homme tel que le duc ne peut être constant comme le met en lumière les expressions « peu vraisemblable » et « presque impossible ». CeƩe douloureuse découverte traduite par le point de vue omniscient centré sur les pensées de la princesse laisse alors place à un discours direct que l’on qualifierait aujourd’hui de monologue intérieur où la princesse expose ses doutes et ses quesƟonnements montrant en quoi ceƩe œuvre peut être considérée comme le premier roman d’analyse de la liƩérature française. II. Mouvement 2 : « Mais quand je le pourrais… » à « de ce que je résolus hier » : Les tourments de la passion Le choix du discours direct est immédiatement percepƟble à travers le passage de la troisième à la première personne du singulier et la présence de la proposiƟon incise (« disait-elle ») et donne à voir une énuméraƟon de sept quesƟons oratoires qui verbalisent le déchirement qu’elle éprouve causé d’une part par la violence de ses senƟments à l’égard du duc : « qu’en veux-je faire ? Veux-je la souffrir ? Veux-je y répondre ? Veux-je m’engager dans une galanterie ? », et d’autre part, par son éducaƟon, son sens du devoir et ses valeurs morales : « Veux-je manquer à Monsieur de Clèves ? Veux-je me manquer à moi-même ? Et veux-je enfin m’exposer aux cruels repenƟrs et aux mortelles douleurs que donnent l’amour ? ». L’uƟlisaƟon de l’anaphore « Veux-je » met rapidement en évidence la présence de deux gradaƟons successives : une première centrée autour de l’idée d’un possible adultère et une seconde évoquant les obstacles qui s’y opposent. CeƩe suite de quesƟonnement s’arrête sur une phrase qui met en lumière le triomphe de la passion en elle : « Je suis vaincue et surmontée par une inclinaƟon qui m’entraîne malgré moi ». La tournure passive et la PSR ne laissent aucun doute sur ce point. C’est ce que confirme la présence, à la phrase suivantes, l’adjecƟf « inuƟles » aƩribut du nom « résoluƟons » et surtout les anƟthèses formant un chiasme (« hier » / « aujourd’hui » ; « aujourd’hui »/ « hier ») mise en évidence par l’hypozeuxe et le polyptote (« pensais », « pense »). La princesse met donc en évidence son impuissance face à la passion et son incapacité à décider d’elle-même. III. Mouvement 3 : « Il faut m’arracher de la présence… » à « de la fausse leƩre du Vidame » : La résoluƟon CeƩe réflexion qui met au jour le Ɵraillement de la princesse entre sa volonté et sa passion l’amène à prendre une résoluƟon. Elle l’exprime à travers l’anaphore de la tournure impersonnelle marquant la nécessité : « il faut ». Les deux proposiƟons juxtaposées soulignent sa volonté de s’éloigner du duc pour ne plus être dominée par ses senƟments. Sa résoluƟon se découvre en deux temps : « Il faut m’arracher de la présence de Monsieur de Nemours » qui sonne comme un constat puis « Il faut m’en aller à la campagne » qui apparaît comme une acƟon rendant possible le but premier qu’elle s’est assignée. Elle affirme sa volonté et écarte ce qui pourrait s’y opposer dans la proposiƟon « quelque bizarre que puisse paraître mon voyage » puis va même jusqu’à envisager un éventuel aveu (« peut-être lui ferai-je le mal de lui apprendre ») après avoir imaginé et exprimé dans une proposiƟon subordonnée hypothéƟque la réacƟon de son mari et les quesƟonnements que sa décision pourraient susciter (« si Monsieur de Clèves s’opiniâtre à l’empêcher ou à vouloir savoir les raisons »). Ce passage donne donc à voir le moment où la princesse décide de luƩer contre ses senƟments quoi qu’il en coûte et projeƩe d’avouer ses senƟments pour jusƟfier sa conduite. La fermeté de sa résoluƟon se confirme avec l’usage du verbe « demeurer » au passé simple et par le désintérêt qu’elle marque pour les affaires de la cour qu’elle a décidé de quiƩer : « sans aller savoir de Madame la Dauphine ce qui était arrivé de la fausse leƩre du Vidame. » Ce choix et la fermeté avec laquelle elle se Ɵent à sa résoluƟon annoncent déjà le renoncement final qui l’amènera à quiƩer le monde et à dominer sa passion, même lorsqu’elle pourrait la vivre, pour ne pas se laisser troubler par ses senƟments et perdre la maîtrise d’elle-même.

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