"Les passions peuvent me conduire mais elles ne sauraient m'aveugler." déclare la princesse de Clèves (livreIV, scène de l'aveu au Duc). Dans quelle mesure cette phrase illustre-t-elle la lecture du roman ?

La Princesse de Clèves est publié anonymement en 1678 par Madame de Lafayette. Bien que l’intrigue de l’histoire semble rattacher le roman à la fois au courant précieux et classique, c’est en réalité un roman d’analyse psychologique qualifié de premier roman moderne. Il s’agit de l’histoire tragique d’une jeune fille, la princesse de Clèves, à la cour des Valois au XVIème siècle. Mariée au prince de Clèves, elle tombe alors amoureuse du duc de Nemours. Elle cherche alors à lutter contre son amour. Dans la dernière partie du roman, la princesse déclare : “Les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m’aveugler”. On se demande alors dans quelle mesure cette phrase illustre-t-elle la lecture du roman ? Pour répondre à cela, nous verrons tout d’abord qu’en effet, la citation illustre l’enjeux du récit : la lutte contre les passions en faveur de la raison. Cependant, nous verrons que la lecture du roman est aussi un apprentissage historique. Enfin, nous nous pencherons sur la vision de la société que propose Madame de Lafayette dans son oeuvre.

Tout d’abord, force est de constater que la citation de la princesse de Clèves illustre la lecture du roman dans le sens où elle représente l’enjeux de l’histoire qu’est le combat de la protagoniste face à ses passions. En effet, la jeune princesse ne connaît rien à l’amour lorsqu’elle est mariée par convenance avec le prince de Clèves. C’est alors qu’elle tombe amoureuse du duc de Nemours lors d’un bal où ils dansent ensembles. Les deux personnes ont un coup de foudre. Comme Frédéric qui rencontre pour la première fois Madame Arnoux dans L’Education Sentimentale de Flaubert. Sa vision idéaliste de l’amour annonce l’échec de sa relation. Dans La Princesse de Clèves les deux tourtereaux sont également face à l’échec d’un amour qui leur est impossible. En effet, les conventions de la société les empêchent de vivre pleinement leur passion amoureuse. Leur forte passion n’engendrera que de la souffrance. C’est alors que la princesse de Clèves tente de lutter contre ses sentiments qui ne la font que souffrir. Par ailleurs, son éducation stricte la défend de s’aventurer dans une galanterie. En effet, sa mère Mme de Chartres, lui apprit dès

son plus jeune âge les dangers de l’amour : “elle lui montrait ce qu’il y a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux”. Ainsi, pour éviter les dangers de la passion et d’être “aveuglé” par ses sentiments, la princesse décide de s’éloigner du duc de Nemours en se retirant de la cour. Elle entreprend alors plusieurs retraites, afin de vaincre ses passions coupables pour le duc. Mais cela ne suffisant pas pour éteindre l’amour, elle fait un aveu à son époux lui dévoilant son attirance pour un autre homme. Son acte courageux révèle la figure héroïque de la princesse de Clève. Tout se passe comme si ce personnage dont on peut comparer la naïveté à celle d’Agnès dans L’Ecole des Femmes mûrissent et dévoilait son caractère au moment d’affirmer ses convictions profondes qui sont en réalité celle que Madame de Lafayette exprime à traver elle. Ainsi, la citation de la princesse de Clèves évoque cette résistance morale.

Toutefois, nous remarquons que le contexte historique a une place importante dans la lecture de l’oeuvre. En effet, rappelons qu’il s’agit d’un récit historique. Et c'est à travers son roman que Madame de Lafayette propose au lecteur un apprentissage historique. L’histoire se déroule à la cour d’Henri II, un cadre pas choisi par hasard car selon la narratrice : ‘jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits”. Dans les premières pages du roman, Lafayette nous fait un descriptif long et détaillé

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