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Introduction pour une explication du texte, extrait de l’Essai sur l’entendement, de J. Locke.

Commentaire de texte : Introduction pour une explication du texte, extrait de l’Essai sur l’entendement, de J. Locke.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  3 180 Mots (13 Pages)  •  1 354 Vues

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CORRECTION DU DEVOIR : introduction pour une explication du texte, extrait de l’Essai sur l’entendement, de J. Locke.

Introduction :

        Dans ce texte, extrait de son Essai sur l’entendement, Locke s’intéresse à la notion de personne et il l'envisage dans son rapport avec la notion de conscience. L’identité de la personne n’y est pas présentée comme étant fondée sur l’identité et l’unité du corps, ni sur l’existence d’une âme. Locke a auparavant (dans les préliminaires auxquels il fait allusion au début du texte) pris ses distances avec Descartes, en prenant soin de ne pas faire de l'âme le fondement de la personne : on ne saurait établir avec certitude l'existence d'une âme séparée du corps. Le corps ne peut pas non plus être le fondement de l'identité de la personne : tout corps n'est pas celui d'une personne.

Qu’est-ce donc qu’une personne ? Et qu'est-ce qui fonde l'identité de la personne ? Après avoir défini la personne comme un être dont les facultés intellectuelles lui permettent de se saisir lui-même comme étant lui-même, Locke met alors en évidence que c’est seulement la conscience qui fonde l’identité personnelle.

Locke établit pour commencer que c'est un ensemble d'aptitudes intellectuelles, pensée, intelligence, raison, réflexion et ipséité (comme capacité de se saisir soi-même comme étant soi-même) qui caractérisent la personne. Puis il met en évidence l'origine de son aptitude à se reconnaître comme étant elle-même :  c'est la conscience de ses propres états et actes. Il montre que la conscience accompagne toujours la pensée, ou plus précisément l'ensemble des actes et des états de la personne faisant l'objet de représentations mentales. C'est la conscience qui permet d'être soi pour soi-même, ayant pour l’instant laissé de côté le problème métaphysique que soulève la question de savoir si ce soi dont on a conscience implique l’existence d’une entité substantielle ou de plusieurs. C'est cette conscience qui permet de se distinguer soi-même des autres choses et êtres qui constituent le monde dans lequel on se trouve.

La personne est donc définie ici comme une entité psychologique, et non comme une entité physique, ou métaphysique,  En fondant l'identité de la personne sur la conscience, Locke apparaît d'une certaine manière comme étant l’un des héritiers de Descartes, mais en évitant de penser la conscience comme l'essence même de l'âme, il s'en écarte. On peut néanmoins se demander si la conscience suffit par elle-même à fonder l’identité personnelle. Ainsi, par exemple, ne peut-on pas, et même ne doit-on pas considérer le fou ou le nourrisson comme des personnes, bien qu’on puisse considérer qu’ils n’ont pas (plus ou pas encore) d’identité personnelle ? La personne n’est-elle pas seulement une notion juridique et morale permettant d’envisager l’individu pensant comme un être responsable de ses actes, plutôt qu’un concept qui permettrait à la psychologie de penser de façon pertinente ce qui caractérise l’individu pensant ? On peut aussi douter (avec Hume, Freud, Marx ou Nietzsche par exemple) que la conscience garantisse à l’individu doté de la faculté de penser une reconnaissance de soi par soi qui lui permettrait de se penser soi-même comme étant une personne singulière. La conscience ne peut-elle être au contraire une source d’illusions qui empêchent de savoir qui on est vraiment, et qui rendent vaine l’idée que l’on constituerait une entité psychologique parfaitement cohérente et possédant une certaine permanence ? Peut-on vraiment être assuré d’être une même personne, sur le plan psychologique ? Peut-on encore considérer ses pensées ou ses perceptions comme étant les siennes propres, si l’on admet par exemple que l’individu ne saisit qu’une petite partie de lui-même et qu’il ne la saisit qu’à travers d'interprétations discutables ? Peut-être faut-il alors  chercher une autre origine que la seule conscience au sentiment que l’individu pensant a d’être une personne singulière, auteur de ses pensées et de ses actes ?

 Analyse du texte :

Locke commence par proposer une définition de la notion de personne. Une personne, dit-il, est « un être pensant et intelligent, doué de raison et de réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme soi-même, une même chose pensante en différents temps et lieux ». La personne est donc un être doté de certaines facultés intellectuelles : pensée, intelligence, raison et réflexion. Le terme de « pensée » renvoie à une activité mentale, par laquelle un être est capable d’avoir des idées à partir de ce qu’elle perçoit par l’intermédiaire de ses sens. Une personne apparaît ainsi comme étant également intelligente : elle peut trouver des solutions originales aux problèmes qui lui sont soumis, parce qu’elle peut prendre de la distance avec ce qu’elle perçoit immédiatement. C’est qu’elle est capable de calcul : elle peut raisonner et réfléchir, c’est-à-dire établir des relations (notamment logiques) entre des idées pour en tirer des conclusions inédites et ainsi porter des jugements (jugements de connaissance, jugements esthétiques ou moraux…) sur ce qu’elle perçoit, mais également déterminer des types d’action à accomplir (qui ne sont pas dictés par l’instinct). Autrement dit, un être dont la pensée serait purement intuitive et qui ne se déterminerait à agir que par l’instinct ne saurait être une personne. Ainsi, ce n’est pas parce qu’un être possède un corps, ni même des organes qui lui permettent de percevoir ce dont il a besoin pour assurer sa survie, qu’il est une personne. Locke semble inviter à considérer que la notion de personne ne convient véritablement qu’à l’homme, en tant qu’il est doué de pensée.

Ces facultés intellectuelles permettent à la personne d’être capable de réflexivité et d’ipséité : elle peut faire retour sur elle-même et se saisir elle-même en tant que telle. Plus précisément, la personne peut s’appréhender elle-même comme étant toujours elle-même, bien qu’elle puisse changer de lieu et de temps. La personne est donc un être qui a le sentiment de sa propre permanence et de son identité à travers le temps et l’espace. La personne ne se perd pas elle-même à travers les différents changements qui peuvent l’affecter : elle a conscience d’elle-même, conscience de sa singularité. La personne désigne donc un être dont l’identité est constituée par sa subjectivité, par la pensée qu’il a de lui-même et par la conscience de sa propre singularité. Dans ce texte, l’identité de la personne n’est donc pas présentée comme étant fondée sur l’identité et l’unité du corps, ni sur l’existence d’une âme.

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