Expression personnelle : la télé-réalité

Expression personnelle : la télé-réalité

Alors que son apparition en France a provoqué la polémique en 2001, la télé réalité est aujourd’hui banalisée, présente partout dans les grilles de programmes télévisuels. Mais qu’elle soit décriée ou plébiscité, tous les documents du corpus posent la question des dangers inhérents à la télé-réalité pour la société dans son ensemble. Après nous être interrogés sur l’essence de la télé-réalité, qui a révolutionné la télévision, et les raisons de son succès nous aborderons le sujet de son influence sur la société, voire sur la démocratie, en l’absence de garde-fous efficaces.

La télé-réalité fait tellement partie de notre quotidien télévisuel qu’on en oublie parfois de se demander en quoi elle consiste. Et pourtant, la recette est simple : il s’agit de montrer « le spectacle de la réalité », comme l’indique Olivier Razac dans son ouvrage L’Ecran et le zoo, une réalité peuplée d’anonymes, d’individus lambdas. Cependant, Jérôme Clément nuance ces propos en précisant dans son interview : « on prétend nous montrer la vie » réflexion qui fait écho à celle de Jean-Louis Missika, affirmant que la télé réalité n’est qu’une parodie de la vie se déroulant dans un « réel laboratoire ».La mise en scène des émissions, le conditionnement des candidats, d’ailleurs assez peut représentatif de la société dans son ensemble note Jérôme Clément dans son interview parut dans le monde en 2001, laissent effectivement penser que la télé-réalité est un trompe-l’œil qui n’a de réalité que le nom. Il n’en reste pas moins que les interactions émotionnelles entre les participants sont-elles bien réelles, comme le souligne Jean-Louis Missika dans son essaie la fin de la télévision et comme le décrit Amélie Nothomb dans l’extrait de son roman d’anticipation, Acide sulfurique.

Que cette quête de véracité échoue, comme le pense Jean-Louis Missika, ou ne soit qu’un mensonge selon l’avis de Jérôme Clément, le genre a cependant révolutionné la télévision, point sur lequel s’accordent les auteurs. En effet, en mettant en scène l’intimité des candidats, en dévoilant leurs sentiments, faisant du quotidien un spectacle, la télé-réalité a rendu la « télé-irréalité » obsolète dixit Jean-Louis Missika. Olivier Razac souligne lui aussi l’opposition entre la télévision d’avant, qui imposait une communication à sens unique de l’émetteur au spectateur, et celle d’aujourd’hui, interactive et participative. Amélie Nothomb souligne cette évolution à sa manière en notant un « avant la première émission » et un après.

Et pourtant ça marche, en effet malgré son rejet de la télé-réalité, Jérôme Clément est bien obligé de prendre acte du succès de Loft Story « avec 31% de part de marché ».Olivier Razac et Jean-Louis Missika constatent également que cette nouvelle manière de faire de la télévision dope l’audimat, parce qu’enfin le spectateur peut s’identifier à des participants qui lui ressemblent, et même participer au jeu en votant, et parce que l’impression de pénétrer les secrets de l’âme humaine le divertit et le fascine. Le succès amenant la rentabilité grâce à la publicité, les chaînes de télévision parient de plus en plus sur ce type de programme dont l’importance est telle aujourd’hui qu’un auteur à succès comme Amélie Nothomb décide d’en faire le sujet d’un roman.

Mais l’ampleur du phénomène ne va pas s’en poser de question et même susciter des inquiétudes quant à ses conséquences sur la société. Tous les auteurs soulèvent ce problème, même si la vision de Jean-Louis Missika, qui voit en la télé-réalité un miroir de l’évolution des mentalités, est sensiblement différente de celle de Jérôme Clément, qui y décèle au contraire un danger. Si ce dernier avait raison, existe-t-il alors des garde-fous ?

La télévision n’a pas attendu « Loft Story » pour être, selon l’expression de Jérôme Clément, « un enjeu de société ».Cependant il semble que la télé-réalité le soit avec une intensité tout autre. En effet, du

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