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Dossier Théorie du complot

TD : Dossier Théorie du complot. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Juin 2018  •  TD  •  1 632 Mots (7 Pages)  •  1 250 Vues

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Le support sur lequel j’ai choisi de travailler, visant à discréditer le complotisme est un support vidéo dont j’ai réalisé une retranscription disponible en annexe. Il s’agit d’une intervention de Najat Vallaud-Belkacem, actuelle Ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce discours prend place lors de la journée d’étude « Réagir face aux théories du complot » le mardi 9 février 2016 au Jardin des plantes.

Dans son intervention, la ministre fait une critique du complotisme en y abordant ses points forts. Dans un premier temps, elle y aborde le fait que les individus recherchent des causes à ce qu’ils ne comprennent pas. Ils recherchent des explications qui leur paraissent plausibles. Elle va ensuite poursuivre sa critique dans un second point : le fait que le complotisme soit intimement lié à l’histoire des sciences. Elle explique que les individus conspirationnistes s’identifieraient aux minorités qui se confrontaient au consensus scientifique à une certaine époque de l’histoire (Galilée, Pasteur). Enfin, le dernier point fort du complotisme, proposé par la ministre, serait que croire aux théories du complot s’apparenterait à entrer dans une quête de sens, une recherche de la rationalisation.    

Madame Vallaud-Belkacem intervient donc sur  le réflexe qu’a l’individu de vouloir donner une explication rationnelle à certains faits. Elle explique que cela s’inscrit dans la nature humaine : la recherche de la cause. « C’est un réflexe que exploite le complotisme. La confusion entre la corrélation et la causalité ». Théorie abordée en pensée sociale : l’homme et la femme n’aiment pas le hasard. Nous voulons trouver une cause. Un complot permet pour ceux qui y croient de donner un sens à tout ce qui arrive, en particulier à ce qui n’est ni voulu, ni prévu. (Taguieff, 2005). Comme pour les représentations sociales, on a besoin de créer une théorie naïve à propose de l’inconnu. Le complot va jouer un rôle explicatif. Pour mettre en place de la cohérence, le plus simple est de faire référence à un complot. La théorie du complot repose sur  un raisonnement causal. On cherche à donner une explication. (Delouvée Sylvain, 2012). Si quelque chose se déroule, il y a une raison. On voit bien que les mécanismes de la pensée sociale se retrouvent à l’œuvre dans la théorie du complot. L’existence des théories du complot est liée à nos croyances et à nos connaissances. Madame la Ministre insiste également sur ce fait. Le thème de la conspiration et du complot sont des constructions sociales par essence. Madame Vallaud-Belkacem insiste également sur la question du sens. Elle dit que nous avons besoin de donner du sens.  La démarche conspirationniste fonctionnerait sur une base d’une lecture, puis d’une mise en récit déterministe de « signes » ou de différents indices dans l’actualité. Mais on n’adhère pas sans raison aux théories. Il y a un besoin de se réconforter en donnant du sens. L’explication par le complot donne du sens et rassure. (Loïc Nicolas, 2010). C’est une satisfaction psychologique. Le complot donne une cohérence à des situations qui peuvent paraître désordonnées au premier abord. (Emmanuelle Danblon, 2010).

Enfin, la ministre propose l’éducation comme solution aux théories du complot. Le point fort du complotisme est la recherche et le besoin du sens, de la rationalisation. Or selon elle, le sens ne se révèle pas. Il se construit patiemment, grâce au savoir, à la culture, aux connaissances et donc par extension : l’école. Pour la ministre, le lien existant entre le complotisme, le niveau de connaissance, les représentations sociales, et l’école permet de contrer l’adhésion aux théories du complot. On aurait tendance à créer du sens au détriment de la vérité, c’est pourquoi madame la Ministre veut instaurer au maximum la vérité grâce à l’école. Expliquer la réalité grâce à nos connaissances acquises à l’école.

        

Je vais maintenant discuter des limites de cette intervention de Najat Vallaud-Belkacem. Pour commencer,  je pense qu’il est très difficile de discuter avec un adhérant complotiste.  En effet, et il en est de même que lorsque nous sommes confronté à une rumeur. L’individu est tellement persuadé qu’il sera prêt à réinterpréter la réalité. Essayer de démentir façonnera le doute, ne rien faire le façonnera également. Or le doute favorise l’adhérence et la force de la théorie. En période de crise, les théories du complot tendent à prouver que les puissants nous manipulent, que les médias nous mentent. Comment prouver à un complotiste que les médias ne mentent pas ? Et par extension comment montrer l’intérêt du discours de Najat Vallaud-Belkacem, elle-même faisant partie d’une élite politique souvent cible des conspirationnistes. Je doute donc de l’impact de son discours. Mais passer par l’éducation pour prévenir de futurs adhérents est un moyen pour moi nécessaire.

Retranscription du discours de Najat Vallaud-Belkacem lors de la journée d’étude « Réagir face aux théories du complot » le mardi 9 février 2016 au Jardin des plantes du Museum d’Histoire naturelle.  (3m15 – 9m10)

Disponible sur le site :

http://www.dailymotion.com/playlist/x4cn98_EducationFrance_reagir-face-aux-theories-du-complot/1#video=x3r6b5u

Il y a entre le complotisme et le savoir une familiarité troublante. Ça serait beaucoup plus facile de  
dire qu’ils seraient l’exact opposé l’un l’autre. Plus facile de considérer que le savoir et la   connaissance s’opposent par nature au complotisme. Mais ce serait faux. Ce serait négliger que ce  qui fait la force du complotisme c’est précisément sa proximité avec le savoir. Et c’est cela qui en fait un sujet d’une extrême gravité. C’est en comprenant les forces du complotisme que nous pourrons le combattre efficacement et faire de celle-ci des faiblesses. Alors je me suis astreinte à réfléchir à ces forces. Les forces du complotisme viennent de ce qu’il puise aux sources de la nature humaine dans des spécificités qui sont aussi celles qui ont donné naissance au savoir et à la science. La première de ces forces, la première de ces spécificités. C’est la recherche des causes, si quelqu’un frappe à la porte, nous allons ouvrir et s’il n’y a personne derrière la porte nous recherchons une explication. Quelqu’un m’a fait une farce. J’ai mal entendu. Mais à aucun moment sauf peut-être dans une pièce d’Ionesco nous ne nous disons parfois que quand on frappe à la porte il y a quelqu’un et que parfois il n’y a personne. Non. Nous sommes tous tenté naturellement de rechercher la cause de ce bruit. De la même façon si nous voyons quelqu’un sortir précipitamment d’une banque et que 2 minutes après cette banque explose.  Qu’est-ce que nous nous disons.  Soit que cette personne a posé la bombe. Soit qu’elle était au courant. Et pourtant elle pouvait tout simplement avoir oublié d’aller chercher ses enfants à l’école. Ce qui justifierait simplement une sortie aussi précipité. Ce que je désigne ici. C’est un réflexe bien connu, un réflexe qu’exploite le complotisme. C’est la confusion entre la corrélation et la causalité. Ça n’est pas parce que deux choses se produisent en parallèle ou successivement que le premier est forcément la cause de la seconde et si notre cerveau peut jouer aussi facilement de ce réflexe-là. C’est parce que notre cerveau il aime comprendre tout simplement. Il aime créer des liens.  Et c’est cette quête permanente d’une explication à tout qui peut être reprise et détournée pour façonner des théories complotistes. Le second point qui fait la force du complotisme vient assez curieusement de l’histoire des sciences elle-même. Vous le savez je m’adresse notamment aux plus jeunes. Beaucoup de grandes découvertes se sont accompagnées dans l’histoire de réticences très fortes.  C’est Galilée, c’est Christophe Colomb, c’est Pasteur qui ont chacun affronté des attaques violentes de la part de la communauté scientifique de leur époque. Dès lors s’est mis en place un modèle. Celui du seul contre tous. L’idée que la vérité était du côté du plus petit nombre. Et que la majorité était toujours dans l’erreur. Le problème et on le voit bien particulièrement sur la question du réchauffement climatique. C’est que du coup aujourd’hui on a du mal à faire accepter que la majorité, en l’occurrence de la communauté scientifique soit dans le vrai. Ce qui devrait faire la force de la communauté scientifique. C’est-à-dire le consensus devient une faiblesse que les climato sceptiques ne cessent pas d’exploiter.  Et cela vaut pour tous les sujets.  Si tous les médias le disent ça n’est pas que c’est vrai. Ça n’est pas que cela a été vérifié selon des procédures exigeantes.  Non. C’est que c’est faux. Ici réside la seconde force du complotisme dont l’inanité a pourtant été parfaitement résumé par Carl Sagan qui disait je le cite : « les fait que l’on est ri de génie n’implique pas que tout ce dont on rit soit des génies » On a ri de Christophe Colomb mais on a aussi ri de Bozo le clown. La troisième force du complotisme reprend un peu des premiers éléments que je viens d’évoquer mais les dépasse. C’est la question du sens. C’est un enjeu immense. On ne peut pas mésestimer la violence et le trouble que constitue, même en des temps scientifiques, l’existence humaine.  Nous avons besoin, chacun, de sens. Or le sens ne se révèle pas. Il se construit patiemment, grâce au savoir, à la culture, aux connaissances.  Il s’édifie mais il n’est jamais donné. […] Mais je ne voudrais pas vous laisser sur une mauvaise impression. Il y a évidemment une bonne nouvelle. C’est que la proximité entre complotisme et savoir donne précisément à l’école les moyens d’agir. Parce que l’école est là pour rappeler la différence fondamentale entre savoir scientifique et révélation. Parce que l’école est là pour apprendre la distinction cardinale entre le vrai et le vrai semblable.

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