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Discours sur le sujet "Le Peuple a-t-il Toujours Raison"

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Par   •  4 Octobre 2017  •  Discours  •  1 486 Mots (6 Pages)  •  1 989 Vues

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Le Peuple a-t-il Toujours Raison ?

Victor Hugo, écrivant sur Mirabeau, déclara, en 1834 « Quand le peuple sera intelligent, alors seulement le peuple sera souverain ». Voilà un sage conseil qu’il est souhaitable de suivre ! Mais depuis, combien d’heures se sont écoulées ? Combien d’empires se sont écroulés ? Et combien d’idées nous ont écroués ? Fascisme, stalinisme, nazisme, hygiénisme et, surtout, démocratie ! En effet, le peuple a, aujourd’hui, en maint lieux, sa souveraineté, mais furent, hélas, en chemin délaissées les belles recommandations d’Olympio.

Posons les contours. La question de « qui a le pouvoir et pourquoi » est une question inhérente à la société humaine. La réponse apportée fut, souvent, celle d’un homme choisit parmi l’espèce. Cependant, la divinité de Ramsès premier s’est un peu démodé, on l’accorde de bon gré. Charlemagne et son saint oing convainquent beaucoup moins, on le veut bien. Alors apparut en réponse l’idée du pouvoir au peuple comme un meilleur régime politique, ou plutôt moins pire pour reprendre la célèbre formule de Winston Churchill.  Bien entendu, ce système suscite de nombreuses interrogations. La plus fréquente est « Le peuple a-t-il toujours raison ? ». Mais elle n’est que subsidiaire au problème de fond, le peuple peut-il gouverner ? Et nombreux sont les réticents au gouvernement direct des peuples. Ils redoutent leur ignorance, craignent les malléables, tremblent faces aux dérives. Toutefois, certains, parmi eux Rousseau, y furent favorables. Mais soyons magnanimes. Laissons-leur la liberté du fourvoiement. Précisons tout-de-même que nous parlons ici de la démocratie sous sa forme cristalline brute, sortant de la mine, sans taille, sans polissage, ni même nettoyage. Seulement la volonté générale compte. Les citoyens dirigent par décrets. Le peuple pour  seul souverain !

Immédiatement se pose un premier problème. Dans un tel système de démocratie directe, les choix antérieur n’ont pas d’importance car le peuple, devenu monarque de droit divin, jouit d’un pouvoir absolu dans ses décisions, décisions qui sont, en pratique, prises à la majorité. Les dérives sont dès lors évidentes. Là où il y a majorité, il y a, de fait, minorité et souvent, c’est vrai, rivalité. Lorsque la masse gouverne sans se préoccuper de ses lois, irrémédiablement s’expose la société aux tristes tyrannies de la majorité. Entendons par là la tentation pour les gens du peuple d’opprimer une partie des leurs, minoritaires. Pourquoi? Mais parce que les foules sont manipulables. Parce que les foules sont hystériques. Parce que les foules ne sont pas libres. Parce que les foules créent la pression sociale et par là la tourmente de leurs prochains. Une seule personne peut faire, de sa simple éloquence, pencher la balance du mauvais côté. L’existence de l’hystérie collective n’est pas soumise à débat. Il suffit d’un drame pour que la population décide de froidement supplicier, ou au moins accabler, une minorité, devenue, pour X raison, le bouc émissaire des malheurs du monde. Lorsqu’un grand groupe est en marche, sa taille s’accroit encore et encore, inévitablement, par l’effet de foule. Et les exemples sont, malheureusement, pour chacun de ces points, aussi tragiques que nombreux. Mais respectons tous ces martyrs, et épargnons-nous, de peur d’en omettre, la liste de ces drames. D’ailleurs, à propos de la tyrannie de la majorité, Alexis de Tocqueville, grande influence du libéralisme, avait, dans De la démocratie en Amérique, remarqué et traité avec intelligence du problème. En effet, il s’y pose plusieurs questions, notamment celles-ci : « si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Les hommes en se réunissant, ont-ils changé de caractère ? ». Rien n’est moins sûre... Remarquons également que les formes dérivées de démocratie, telle que la représentative, sont un véritable aveu, par les démocrates eux même, des faiblesses de ce système ou le peuple décide vraiment. On y limite leur pouvoir car on connaît leurs défaillances.

Tout cela n’empêche néanmoins pas la démocratie directe d’avoir ses adeptes. Parmi ses plus illustres défenseurs, l’on trouve, comme déjà dit, Jean-Jacques Rousseau. Or, malgré tout l’amour dû à Genève, ainsi qu’à ses citoyens, il nous faut excaver les failles de sa défense. Dans Du Contrat Social, livre 2 chapitre 3, Rousseau se demande si la volonté générale peut-errer. Il pose comme principe « que la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique ». Il nuance toutefois son propos en précisant que cela n’est possible que si le peuple vote dans l’intérêt commun. Il exige du peuple que son opinion ne soit pas pervertie ou entravée par des associations d’individus, comme les partis politiques, les syndicats ou même les journaux. Il doit se prononcer librement. Dans une telle situation, l’auteur considère que le peuple a toujours raison, même dans l’illégalité. Le peuple souverain peut faire et défaire sa volonté. Mais Rousseau nous tend ici la verge pour se faire fesser. Nous serons  donc Mlle. Lambercier dans ses confessions. Et à un philosophe, je répondrai par d’autres. Déjà l’absence d’associations est une condition qui, hors des livres, est totalement impossible à satisfaire. « L’homme est un animal social », disait Aristote, il finira donc toujours par se réunir. Ensuite le peuple devrait aller dans le sens de l’intérêt commun. Mais ce n’est jamais le cas. L’égoïsme de l’homme « perce à travers tous les voiles et se trahit en toute rencontre » écrivait Schopenhauer dans La Morale. Rousseau impose, pour le bon fonctionnement de sa théorie, un paradigme impossible. Aliénons donc ses rêveries aux utopistes et laissons l’avenir aux gens plus réalistes.

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