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Critique théâtrale, Molière, un punk?

Commentaire d'oeuvre : Critique théâtrale, Molière, un punk?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Janvier 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  924 Mots (4 Pages)  •  458 Vues

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Molière, un punk ? En tout cas, le public, âgé d'environ seize ans, a été surpris par la modernité que le metteur en scène, qui est également l'interprète de Sganarelle, a apporté à la pièce. Il les a d'ailleurs accueilli accompagné de Jean-Michel Distexhe et de sa guitare électrique. Ce musicien est aussi acteur et joue de nombreux rôles dans la comédie tels que Gusman, Dom Alonse, ou encore Dom Louis. Il prête également sa voix et ses mains aux superbes marionnettes Mathurine et Pierrot, mais aussi à Monsieur Dimanche et Francisque, tous deux fabriqués en taille réelle. Pour pouvoir prendre vie, ce dernier personnage a aussi besoin de la talentueuse Audrey D'Hulstère. Elle interprète également Done Elvire et Dom Carlos et entre littéralement dans la peau de Charlotte.
Benoît Verhaert et Samuel Seynave
(Sganarelle et Dom Juan)

Tout au long de la pièce, le décor est animé par un écran où sont projetés des dessins de forêt, de ville ou encore de la pièce d'une maison. La scène est agrémentée de bagages appartenant à Dom Juan. Mais aussi d'un chemin au milieu d'une pelouse verte représentant « un road-movie effrené et une fuite en avant incontrôlable » selon Benoît Verhaert. La scénographie est donc bien pensée et assez recherchée mais le décor semble minuscule par rapport à l'espace mis à la disposition des acteurs.

L'histoire décrit les débauches d'un jeune homme, en quête de devenir adulte. Dom Juan, interprèté par Samuel Seynave, est un parfait libertin. En effet, il se fie à ses raisonnements et donc n'accepte pas la religion. En conséquence, il profite des plaisirs terrestres car, pour lui, il n'y a pas de paradis. Il adore séduire et papillonner de jeunes filles en jeunes filles. Dom Juan ne respecte pas non plus les conventions sociales. Durant la pièce, il demande en mariage deux paysannes alors que lui, est un aristocrate. Par contre, il sait s'arranger de sa condition sociale lorsqu'un paysan lui barre la route de la séduction. La mise en scène de Benoît Verhaert met surtout en avant le libertinage de pensées, plus que celui de mœurs. C'est un thème intéressant qui prouve que Dom Juan est bien plus qu'un simple dragueur. C'est avant tout un être humain qui se pose des questions, et donc auquel chacun de nous peut s'identifer plus de quatre-cent ans après l'écriture de la pièce. Malheureusement, toutes ces questions et ce refus de s'intégrer dans la société dans laquelle il vit le conduit  à une mort inattendue. Benoît Verhaert a également traité un autre angle d'attaque dans sa mise en scène, celui du dialogue. En effet, « Dom Juan » est surtout un échange entre Sganarelle et son maître.

Le spectacle dure en tout deux heures, mais il est constitué d'une demi-heure de débat. Durant ce dialogue entre les acteurs et leur public, ils découvrent ensemble que Sganarelle et Dom Juan ne pourraient être qu'une seule et même personne. L'un étant la raison, l'autre la déraison. Et que la route asphaltée divisée par une ligne blanche discontinue représente cette opposition. Cette attention particulière envers le public est très attrayante dans le sens où elle l'incite à réfléchir sur la pièce qui vient de se jouer. Il a l'occasion de poser toutes les questions qu'il veut et apprend beaucoup sur les intentions des acteurs et du metteur en scène. C'est donc une très bonne démarche.
Cette pièce de Molière n'est pas classique car elle ne respecte pas deux des trois unités de la règle de ce nom. Elle ne se déroule pas en une seule journée mais en deux jours et chaque acte amène un nouveau lieu. De plus, elle ne présente pas une famille de la petite bourgeoisie mais des nobles et le dénouement n'est pas heureux pour Sganarelle et Dom Juan. Benoît Verhaert a, quant à lui, baroquisé la pièce en ajoutant des masques, des objets inattendus tels que les marionnettes. Le texte source n'est pas tout à fait traité à la lettre. Le pauvre ne parle pas, il s'exprime uniquement par des gestes et les paroles de la statue du commandeur sont rapportées par Sganarelle.  Le jeu des acteurs est très bon et la gestuelle est drôle. Le seul point négatif est le débit de parole beaucoup trop rapide lors de la scène une du deuxième acte. En effet, durant ce tableau, les personnages sont des paysans . Ils parlent donc en patois, langage déjà compliqué à comprendre lors de la lecture du texte. Ce problème rend la scène presque incompréhensible. Seuls certains mots sont perceptibles durant tout le dialogue entre Pierrot et sa future épouse, Charlotte. Les costumes sont modernisés, tout comme la pièce car Monsieur Verhaert a imaginé Molière en punk. Les deux serviteurs, Sganarelle et Gusman sont , par exemple, habillés en chauffeurs. Lorsqu'il se déguise en médecin dans l'acte trois, le valet de Dom Juan porte un stéthoscope autour du cou et un tablier de chirurgien.

Molière est donc peut-être un punk par le côté libertin, athée, révolté et impertinent du personnage auquel il fait prendre vie dans sa mythique pièce « Dom Juan ».


Nadea Vagnini












































 


 













































































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