LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Commentaire sur le poème La ville de Saint Jonh Perse

Mémoire : Commentaire sur le poème La ville de Saint Jonh Perse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Novembre 2014  •  1 739 Mots (7 Pages)  •  1 258 Vues

Page 1 sur 7

Introduction :

Depuis la parution du roman de Defoe, en 1719, le personnage de Robinson a connu une certaine fortune littéraire notamment sous la plume de Jules Verne, qui exploite le motif du naufragé à plusieurs reprises.

Dans le poème intitulé « La ville », extrait de section Images à Crusoé publiée dans le recueil Eloges en 1911, St John Perse propose donc une transposition du mythe dans un univers poétique où Crusoé devient la figure emblématique d'un homme renouvelé par le contact avec la nature.

Il s'agira donc pour nous de comprendre comment le poète fait de ce naufragé célèbre un être cosmique en parfaite harmonie avec une nature épurée de toute civilisation.

Dans un premier temps nous analyserons en quoi ce poème constitue un hommage à Crusoé, puis nous nous intéresserons à l'hymne à la nature que le poète chante ainsi.

I - Un hommage à Crusoé :

A - L'adresse à Crusoé :

L'analyse de la situation d'énonciation fait apparaître que le texte s'ouvre sur une adresse à Crusoé : apostrophe l1, renchérie par le point d'exclamation qui en fait un appel : « Crusoé ! »

On repère d'autres traces de cette situation d'énonciation :

Pas de « JE », l'instance poétique demeure effacée, mais plusieurs indices de la deuxième personne :

- « ce soir près de ton Ile » : déterminant possessif, même chose l 4

- « Tire les rideaux » : impératif, 2 ème pers sing

- l 25 « ta face »

- l 25 « tu es là ! » : pronom personnel sujet dont la présence est renchérie par l'exclamation

- + reprise de l'adresse au pers l 25.

Le texte est donc encadré par cette double apostrophe au personnage mythique, qui semble annoncer ce poème comme un hommage.

Toutefois, hormis ces adresses et ces quelques indices, force est de constater que le personnage cède la place à une évocation du cadre spatio-temporel. Le texte relève du descriptif et non du narratif (disparition donc du motif du héros), de plus la description se limite à l'espace et ne brosse en aucun cas le portrait de Crusoé.

Ce texte se présente comme un entretien entre le poète et la figure mythique, entretien qui est le lieu d'un traitement renouvelé du mythe.

L'importance du discours descriptif témoigne de ce que le poète semble inviter Crusoé à une contemplation.

B - Une invitation à la contemplation :

Cette invitation se donne à lire dans les deux injonctives rencontrées à la l 3 « Tire les rideaux ; n'allume point. ». Ces références aux rideaux et à la lumière, vraisemblablement électrique, évoquent un monde civilisé qu'il convient sans doute de mettre en relation avec le titre apparemment antithétique du poème « La ville ». Ce titre surprend, en effet, dans le contexte de cette description d'une nature relativement « sauvage ». Il semble qu'on puisse comprendre ces rideaux, cette obscurité recommandée comme une métaphore. Il s'agit pour le poète d'inviter Crusoé à oublier le monde civilisé. Ces injonctives opèrent comme les conditions préalables à une communion véritable avec la nature.

Il s'agit à ce titre de rapprocher la ligne 3 de la ligne 25 : « ta face est offerte aux signes de la nuit » « comme une paume renversée ». Ces deux positions sont autant de signes d'une attitude contemplative, d'une ouverture à la nature. Le symbole des paumes renversées évoque le geste d'un « offrant ». Il s'agit pour Crusoé de s'offrir à la nature, et non plus de la piller pour survivre. Robinson est alors celui qui s'offre à son île et se laisse pénétrer par elle.

C - La contemplation d'un univers autre : de la ville à l'Ile :

Il convient donc de s'interroger sur ce mot « Ile ». Certes, le terme constitue l'un des mythèmes mais il apparaît ici doté d'une majuscule.

Cette majuscule semble témoigner d'un déplacement dans les intentions du poète. Elle déplace l'évocation du naufragé dans une intention plus allégorique. Cette île est emblématique d'une nature originelle, pure de toute trace humaine.

L'insistance sur le cadre temporel, avec notamment l'anaphore du terme « soir » (5 occurrences) , renchérie par le champ lexical de la nuit avec des termes comme « s'endort » L 9, « veillent » L 12 « signes de la nuit » mais également appuyée par les jeux de lumière (recherche de l'obscurité avec les injonctives, mais mention des astres, donc remplacement d'une lumière artificielle par une lumière naturelle) peut évoquer la nuit des temps, la création , la Genèse. Mais la nuit constitue également une sorte de condition de passage, de condition à l'accomplissement d'un rite.

On peut ainsi considérer que les injonctives invitent Crusoé à quitter un univers, à fermer les yeux pour découvrir un autre univers, ainsi qu'en témoignent les deux points L 3.

On peut remarquer, en effet, qu'avec ces deux points, on passe de « près de ton île » à « sur ton île », ce qui suppose un déplacement (au moins mental), un passage. On peut donc considérer que ces deux points opèrent comme une METALEPSE : Figure apparentée à la métonymie qualifiant un transfert de signification. Diverses façons dont le récit de fiction peut enjamber ses propres seuils, internes

...

Télécharger au format  txt (10.1 Kb)   pdf (115.7 Kb)   docx (12.9 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com