LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Commentaire sur Les Entretiens Spirituels de Saint François De Sales: Entretien 13, De La Prétention Pour Entrer En La Religion

Documents Gratuits : Commentaire sur Les Entretiens Spirituels de Saint François De Sales: Entretien 13, De La Prétention Pour Entrer En La Religion. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Janvier 2013  •  2 254 Mots (10 Pages)  •  1 394 Vues

Page 1 sur 10

LITTERATURE XVIIème

Commentaire 1. Saint François de Sales, Entretiens spirituels.

Entretien 13, De la prétention pour entrer en la Religion.

Les Entretiens spirituels (1628-1629) sont une transcription de conférences improvisées de François de Sales, (1567-1622), fondateur de l’Ordre de la Visitation, où il enseigne les règles de vertu et l’esprit religieux qu’il est un devoir de pratiquer au sein de sa congrégation. L’entretien 13, De la prétention pour entrer en la Religion, développe l’idée selon laquelle l’«unique prétention doit être de [s]’unir à Dieu », et ce, « par une continuelle pratique de mortification de toutes [les] passions, inclinations, humeurs et aversions ».

En quoi l’extrait choisi est-il un enseignement sur la lutte contre les passions et comment révèle-t-il une vision particulière de l’homme?

Ainsi, F. de Sales utilise une rhétorique didactique afin de convaincre ses Filles d’observer les Règles et de se s’adonner à la mortification comme combat contre les passions, dévoilant ainsi une conception originale de l’homme et de ses passions, faite d’indulgence exigeante, à la croisée de l’optimisme et du pessimisme.

Le discours de St F. de Sales sur les passions est orienté : il n’est pas simple représentation, ou théorisation, il est une exhortation spirituelle destinée à des femmes ayant choisi la vocation religieuse, qui implique dévotion, vertu et obéissance. Cette conférence est donc un enseignement, qui vise à convaincre les visitandines du bien fondé de l’observance de leurs règles de vie en ce qu’elles sont un moyen de parvenir au but qui doit être le leur : l’union à Dieu.

Pour convaincre, François de Sales utilise l’art de l’éloquence et appuie son propos sur sa maîtrise de la rhétorique. La première phrase de l’extrait en est révélatrice : « Je puis vous assurer de la part de Dieu » pose l’éthos de l’orateur comme intermédiaire avec Dieu, comme messager dépositaire de la Loi que sont les Règles (ce que renforce plus loin l’analogie avec Moïse, l.38) et l’emploi du verbe « assurer » assoit la conviction dont il fait preuve, conviction destinée à se propager chez ses Filles puisqu’ elle est appuyée par la modulation « sans doute » (l.2). La thèse est ensuite immédiatement explicitée : le but est donc l’union à Dieu, le moyen qui en est la condition est la fidélité aux règles.

L’emploi d’un rythme ternaire marqué par la succession des propositions donne toute sa densité à cette phrase qui trouve son point culminant en « Dieu ». Il s’agit donc d’élever son âme vers Dieu.

En effet, le discours de F. de Sales réside en une véritable instruction religieuse. Il oppose ainsi deux ordres : l’univers séculier et le régulier, le monde et la Religion. C’est du monde que proviennent les passions (« inclinations » l.5, précisées par l’accumulation l.7 « habitudes, passions et inclinations ») comme en témoigne le polyptote apportées/apportiez, tandis que la Religion apparaît comme le lieu de « la raison, la Règle et l’obéissance » (l.5). Il y a donc une confrontation entre deux logiques d’existence, deux modes de vies différents, confrontation renforcée par le procédé de répétition l.5 à 7 « à vivre selon (…) et non pas selon (…) mais non pas que vous viviez selon(…) » ainsi que par l’écho des rythmes ternaires l.5 et 7.

Le fondateur de l’ordre s’attache donc à instruire les religieuses auxquelles il s’adresse comme en témoignent les champs lexicaux (l.1-4-8-11à15) et les illustrations de l’enseignement et de l’apprentissage : ainsi, « la Religion est une école où l’on apprend sa leçon » où « le maître » est Dieu, « l’écolier » les religieuses. (l.14/15). En effet, F. de Sales convoque Dieu et la Religion comme justification de son propos et la fréquence de leurs occurrences ( « Dieu »à dix reprises, quatre pour la « Religion » ) confirme son éthos d’intermédiaire et de dépositaire des règles qu’il transmet.

Il emploie ainsi des procédés didactiques tels que l’illustration de son propos par des figures d’analogie ( la métaphore du « pressoir », l.8, les apprentissages des armes et de l’équitation l.16 et 17 renforcées par la question rhétorique interro-négative ), par le recours à des exemples réels ( le discours rapporté de la Mère supérieure l.10), mis en scène ( « Posez le cas que ma colère me surprenne »l.33) ou empruntés à une référence commune en ce qui concerne le récit de l’Exode biblique : « vous raconter une petite histoire qui vous est propre ». Ici, le qualificatif « petite » apparaît comme une figure d’atténuation du récit biblique en anecdote, litote qui peut êtreun procédé de style ménageant le moment paroxystique de la lutte contre les passions, mais aussi didactique en ce qu’elle rend l’exemple plus accessible à son auditoire. La posture d’enseignant provoque l’utilisation de formules d’axiomes ( « l’on n’acquiert point la perfection en se croisant les bras » ou « autre chose est d’être quelquefois abattus, autre chose d’être vaincus ») et le recours à l’explicitation ( « ainsi », « donc », « de même »). De plus, la volonté de dissiper l’erreur est une autre conséquence de la posture de l’enseignant : « Non, (…) il n’en va pas ainsi » l.21, « Le monde se trompe en cette pensée »l.28.

Cependant l’enseignement est avant tout prodigué pour susciter une résolution, et pousser à l’action. L’emploi de l’impératif ou des déontiques ( « vous devez », l’anaphore d’ « il faut », « vivez donc » …) signifie l’obligation de l’application des règles. Néanmoins le conférencier, dont la bienveillance paternelle transparaît par-delà la rigueur et la maîtrise de l’exposé, cherche avant tout à permettre la progression spirituelle des religieuses en les exhortant à combattre, maîtriser et vaincre leurs passions comme le souligne l’apostrophe bienveillante l.12 : « - Oh ! courage, mes chères Filles ! »

Le combat contre les passions tel qu’il est proposé par François de Sales nécessite en effet courage et persévérance et l’action apparaît comme une obligation fondamentale pour progresser vers l’union avec Dieu contre ses passions.

Les passions apparaissent comme un frein à la bonne observance des règles. Ainsi l’exemple des sœurs de « bonne volonté », c’est-à-dire dociles, expose

...

Télécharger au format  txt (13.8 Kb)   pdf (137.6 Kb)   docx (13.2 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com