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Travailler moins est ce vivre mieux

Dissertation : Travailler moins est ce vivre mieux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Octobre 2021  •  Dissertation  •  1 920 Mots (8 Pages)  •  555 Vues

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Le travail, pour l'homme, est systématiquement associé aux notions de contrainte, de labeur et de fatigue. Il est même issu du latin “tripalium” ce qui désigne un instrument de torture. Il est ressenti comme une restriction de liberté qui fait que chaque travailleur se sent éloigné du désir. De nos jours, dans nos sociétés, nous devons gagner notre vie, notre argent, avoir un emploi, un travail pour subsister. Le travail est donc avant tout un moyen de survie dans le but de remplir nos besoins essentiels. La grande majorité des hommes travaille tout en essayant de vivre à côté. S'il gagne bien sa vie, un homme peut se payer, à côté, des activités, des services. Avoir une meilleure vie en travaillant moins signifierait qu'une réduction de ce temps de travail suffirait à un individu pour augmenter son bonheur, sa vie.

En effet, le travail et le bonheur sont de nos jours, perçus comme n’étant pas compatibles. L’humain semble effectuer un rapprochement entre son bonheur et les loisirs, la consommation des activités dont il peut profiter grâce à sa rémunération elle-même issue de son travail. Il est donc légitime de se demander quelle est cette opposition entre le bonheur et le travail. Si cette opposition est effectivement vérifiée, on pourra s’interroger sur savoir si aller jusqu’à un arrêt de travail serait la meilleure vie : ce choix contribuerait alors à une augmentation du bonheur, mais on peut s'interroger sur les impacts que cela pourrait avoir sur l’homme qui arrêterait le travail. L’être humain s'éloignant du travail pourrait-il finalement ressentir un manque de ce dernier? On se demande donc dans quelle mesure travailler s’oppose au bonheur ressenti par l’homme.

Si le travail s’oppose d’abord au bonheur, travailler moins n’est peut-être pas directement jouir d’une meilleure vie surtout si le bonheur est trouvé dans le travail.

Travailler moins paraît être le moyen de mieux vivre parce que la société fait un parallèle entre le travail et une entrave au bonheur humain.

Il peut l’être car il a été associé au mot souffrance dans l’Antiquité. Cette utilisation du mot travail émet un lien entre ce labeur et une dépense indésirable d’énergie et de temps. La souffrance en travaillant nous ramène à une conception quasiment biblique du travail. Le travail est vu comme une malédiction avec laquelle Dieu punit les humains. Dans le jardin d’Eden, l’homme ne travaillait pas pour obtenir ce qu'il voulait alors que maintenant il doit travailler pour subsister. On peut donc imaginer que de ce point de vue, travailler moins c'est vivre mieux.

Hannah Arendt décrit dans La condition de l’homme moderne la place qu’avait le travail dans les sociétés aristocratiques antiques :“Travailler, c’était l’asservissement à la nécessité, et cet asservissement était inhérent aux conditions de la vie humaine. Les hommes étant soumis aux nécessités de la vie ne pouvaient se libérer qu’en dominant ceux qu’ils soumettaient de force à la nécessité”.

Dans l’histoire, le travail s’oppose au bonheur en tant que nécessité économique. Celle-ci peut s’expliquer par le fait que la production et la consommation sont forcément liées : il faut produire pour consommer. C’est une obligation à la fois une obligation politique et morale. A l’inverse, il faut consommer pour régénérer de la force de travail et être ainsi capable de consommer à nouveau. Ce cycle peut nous faire penser à l’esclavage dans certaines conditions. Dans De l’esclavage moderne, Lamennais explique que, de nos jours, le capitalisme industriel rétablit une situation d’esclave en exploitant les travailleurs possédants une condition juridique inférieure a leurs supérieurs. Alors que l’usage de sa force de travail met le travailleur en concurrence avec tous les autres travailleurs ce qui pousse son salaire très bas, le salarié représente un investissement comme l'esclave autrefois. Le travail de nos jours ressemblerait donc à de l’esclavage moderne dont l’homme ferait mieux de se débarasser.

Pour l’individu, cet esclavage peut se montrer deshumanisant. Le travail s’opposerait donc plus profondément au bonheur car il priverait le travailleur d’autres possibilités de vie, le condamnant à souffrir chaque jour pour survivre, ce qui nous fait penser à un robot et qui lui ferait donc perdre son humanité. Dans Le Capital, Karl Marx énonce que c’était, par exemple, le cas lors de la révolution industrielle du milieu de 19ème siècle où les ouvriers travaillaient à la chaîne dans des mines ou des usines. On peut donc conclure, à ce stade, que le travail semble donc s’opposer au bonheur lorsque le travail est la cause de souffrance et il créerait une sorte d’esclavage qui met en danger la dignité de l’humain.

Travailler moins ne suffit probablement pas à vivre mieux. En effet, le loisir, en tant qu’absence de travail, ne peut pas être l’unique condition du bonheur. Pour être libre en partie ou totalement du travail, cela impliquerait que les loisirs se traduiraient en bonheur ce qui n’est pas démontré. Dans sa Lettre à Ménécée, Épicure définit ainsi la véritable sagesse comme une aptitude à doser le plaisir au nom même du plaisir, car l’excès de plaisir, dans la surenchère ou le raffinement, menace de se transformer en souffrance. Dans le cas où l’inclination nous porte au plaisir, la réflexion, aidée par l’expérience, doit peser les conséquences de chaque plaisir, et, dès lors, porter à délaisser les plaisirs dont vient un surplus de peines. Le divertissement le plus agréable d’Épicure était par exemple d’observer les abeilles, un loisir on ne peut plus simple. Une certaine philosophie du loisir est donc nécessaire afin que travailler moins permette de vivre plus heureux.

Malgré ça, une telle philosophie ne garantit pas certaines expériences humaines essentielles au bonheur, tels l’amitié ou l’amour. Sans doute Épicure aurait-il été moins heureux sans la présence de ses amis dans le jardin d’Épicure, à Athènes, où une maladie l’a paralysé pendant plusieurs années. En général, travailler moins pour avoir plus de temps pour ses loisirs ne contribue pas à l’amour,

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