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Le poète de cour peut-il exprimer un moi poétique ?

Dissertation : Le poète de cour peut-il exprimer un moi poétique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2023  •  Dissertation  •  1 267 Mots (6 Pages)  •  181 Vues

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Le poète de cour peut-il exprimer un moi poétique ?

« Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire : faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire », concluait Jean de la Fontaine dans Le Lion, Le Loup et Le Renard. Être un courtisan à la recherche de la protection des puissants tout en gardant sa sincérité peut sembler incompatible. Pourtant au XVI ème siècle, Joachim Du Bellay, noble de naissance et talentueux poète de la pléiade nous prouve que courtisan ne rime pas avec hypocrite insinuant. Son œuvre, les Regrets, écrite lors de sa résidence à Rome au service de son oncle le cardial Jean Du Bellay qui est le deuxième personnage au Vatican juste après le pape, de 1553 à 1557, nous aidera à effectuer cette analyse. Tout d’abord, nous verrons que le poète de cour, cet artiste au service d’un puissant, peut exprimer à travers ses œuvres sa subjectivité et son mal-être émotionnel grâce aux sonnets élégiaques. Mais aussi, son analyse ou sa critique sur le monde et ses contemporains car Du Bellay évoluant à la cour, familier de ses coutumes et de ses usages, reproche aux courtisans beaucoup de choses comme la malhonnêteté ou une fausseté, largement développée dans la partie satirique du recueil. Mais à la fois courtisan et poète, il a besoin du soutien des puissants, de mécènes pouvant l’entretenir financièrement et il devra tenir certaines obligations pour rester dans les grâces des seigneurs avec le passage obligé de l’éloge aux puissants.

Pour commencer, les sonnets élégiaques des Regrets chantent une poésie personnelle à l’auteur. Car l’élégie est un genre au sein de la poésie lyrique caractérisé par un ton plaintif particulièrement adapté à l’évocation d’un mort ou à l’expression d’une souffrance due à un abandon ou à une absence. Et pourtant, il s’agit bien de cette forme que l’auteur choisit pour débuter son recueil en y consacrant une cinquantaine de sonnets. Il y exprime une profonde douleur et amertume mêlées aux regrets de n’être pas à sa place et l’exil loin de sa patrie lui est difficile. Ici, Du Bellay se livre entièrement. Il ne cherche pas à plaire à quelqu’un ou à flatter une assemblée en enjolivant ce qu’il vit ou ce qu’il ressent. Ainsi, bien qu’à Rome, dans cette ville riche d’histoire et de merveilles architecturales, il est malheureux et a la nostalgie de son pays : Sonnet 31 vers 8 à 12 : « Plus me plait le séjour qu’ont bâti mes aïeux, que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plait l’ardoise fine ». « Plus » associé au verbe « me plait » qui apparait deux fois exprime le phénomène de répétition et de comparaison entre Rome et l’Anjou. La préférence du poète est clairement affichée pour sa ville natale ce qui note une authenticité dans les propos de l’auteur.

De plus, le poète ne se contente pas d’une longue plainte pour exprimer ses malheurs et autres désillusions. Il se sert copieusement du genre satirique pour exprimer son mécontentement à l’égard d’une société et aussi d’une cour qu’il juge malhonnête. Ce genre poétique est un genre littéraire ayant pour objet la critique du sujet abordé. Le genre satirique peut attaquer les vices, les passions et la bêtise des hommes, de la société, de la politique, d’une époque ou d’un tout autre sujet. Du Bellay choisit ce style pour une centaine de sonnets et c’est à l’égard de la cour et des courtisans qu’il se montre le plus féroce et le sonnet 150 en est un bon exemple. En effet, dans ce poème, Du Bellay compare les courtisans à de vieux singes. Vers 1 à 2 : « Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil ces vieux singes

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