Le monstrueux est-il forcement extraordinaire ?

Le Faucheur Didier

BTSCI 2

17/09/16

Culture générale

Le monstrueux est-il nécessairement extraordinaire ?

        Les monstres sont présents dans les contes de fée, les films, les romans et nouvelles fantastiques et sont très souvent considérés comme des êtres extraordinaires ou issus de l'extraordinaire. Cependant on peut également entendre parler de monstres dans les informations au quotidien, sortant ainsi du cadre de l'imaginaire et entrant dans notre monde pourtant ordinaire. On est donc en droit de se demander si le monstrueux est forcement extraordinaire ?

        Dans un premier temps nous verrons à travers la définition première de « monstre » que le monstrueux n'est pas nécessairement extraordinaire car il peut être représenté par tout homme d'apparence normale mais qu'il peut quand même, en un sens, être foncièrement extraordinaire dépendant de la définition du mot extraordinaire, puis dans un second temps nous verrons que le monstrueux, lorsqu'il est extraordinaire peut devenir ordinaire et que le côté extraordinaire du monstrueux n'est parfois qu'une question de perception, relative à chacun.

        Nous allons donc voir que selon la définition première de « monstre », le monstrueux n'est pas obligatoirement extraordinaire : en effet, monstre vient du latin « monstrare » qui signifie « montrer ». Le monstrueux est ainsi souvent montré du doigt. C'était notamment le cas dans les foires aux monstres, célèbres aux États-Unis entre le 19éme et la moitié du 20éme siècle. Lors de ces foires aux monstres, des personnes mal-formées de naissance ou suite à des accidents se représentaient devant un public qui payait pour les voir. Ceci pouvait sembler être une forme de cirque mais il n'en est rien : tout est plus vicieux. Ces personnes handicapées, qui étaient donc les « monstres », recevaient des moqueries et étaient là seulement pour faire peur, susciter de la curiosité, amuser la galerie avec pour armes principales leurs déformations. Le monstrueux est ici tout à fait ordinaire, car dans ce cas précis, le réel monstre était plutôt le spectateur de ces représentations, qui payait pour s'amuser de ces hommes mal-formés. En effet, le « monstre » de foire n'était lui qu'une personne ayant un physique peu avantageux – c'est d'ailleurs juste ce physique peu avantageux qui le rend monstrueux - mais il n'en restait pas moins un homme qui vivait comme tous les autres. Ils n'avaient souvent pas eu d'autre choix que de se représenter lors de ces spectacles pour survivre étant donné que les gens « normaux » (ou du moins sans déformation physique) fuyaient ou se moquaient de ces « monstres ». Ceci appuie encore l'idée que le monstre n'est pas celui qu'on croit et peut être tout à fait ordinaire et passer inaperçu. Cette idée générale est d'ailleurs bien représentée dans la série américaine American Horror Story qui raconte l'histoire d'une troupe de « monstres ». Microcéphales, femme-tronc, homme manchot, sœurs siamoises y sont représentés dans leur vie quotidienne, une vie tout à fait ordinaire dans laquelle ils interagissent entre eux, répètent leur spectacle, mangent. La série démontre bien que le réel monstre n'est pas celui qu'on croit au premier abord. Les plus monstrueux sont les hommes « normaux », allant même jusqu'à acheter ces monstres pour en faire leur trophée. Ici, le monstrueux est bel et bien ordinaire.

        Notons cependant que dans le cas des spectateurs des foires aux monstres par exemple, c'est le contexte de l'époque qui les encourageait à être monstrueux. Ainsi le monstrueux n'est pas forcement prémédité, mais il est peut l'être et il devient alors extraordinaire. On peut alors distinguer un autre type d'homme monstrueux, peut-être plus extraordinaire, si l'on garde d'extraordinaire la définition de « grandeur », d'« inhabituel», qui sort du lot, auquel on a du mal à y croire. Cette idée est, toujours dans la série American Horror Story, démontrée par des hommes ordinaires qui tentent de faire des affaires sur le dos de ces déformations physiques, par exemple assassinant certains « monstres » de la troupe pour alimenter les vitrines de musées de monstres (des musées à l'image du musée d'anatomie pathologique Dupuytren). Mais en dehors de ce fait divers expliqué dans la série, il y a également, dans tout livre d'histoire ou même dans les bulletins d'informations de nos jours de nombreux actes monstrueux prémédités et extraordinaires. C'est par exemple le cas des nombreux attentats récents. Le monstrueux est dans ce cas extraordinaire de par la violence de l'acte et le nombre de victime qu'il engendre et il est pourtant représenté par des hommes ordinaires à la base. Il en va de même pour les événements de la seconde guerre mondiale et le génocide juif conduit par Hitler, un homme de base ordinaire, mais foncièrement extraordinairement monstrueux. Le monstrueux est ici extraordinaire de par son côté exceptionnel et sa rare cruauté.

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