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Le détour par l'autre est-il un moyen efficace de dénoncer les travers de sa société ?

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Par   •  4 Avril 2021  •  Dissertation  •  3 813 Mots (16 Pages)  •  987 Vues

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Le détour par l’autre est-il un moyen efficace pour dénoncer les travers de la société ?

Intro : Au 18°siècle, les auteurs ne sont pas libres de critiquer leur société.  Toute critique est alors censurée des ouvrages. Des écrivains tels que Montesquieu et  Diderot ont donc recours à l’autre pour dénoncer leur société. L’autre est un personnage parfois fictif qui découvre, par un regard extérieur, leur société, la société européenne. C’est par ce personnage que les écrivains, portés par des idées nouvelles, vont pouvoir accuser leur société. Ils vont également proposer au lecteur le mode de vie plus juste de l’autre.                                                                                                                           Nous allons voir si le détour par l’autre est un moyen littéraire efficace pour dénoncer les travers de sa société.                                                                                Nous étudierons dans une première partie la critique des mœurs faite par Montesquieu avec la lettre 24 et 99 des lettres Persanes. Nous analyserons dans une seconde partie l’éloge de la société de l’autre. Pour cela nous utiliserons l’ouvre de Diderot supplément au Voyage de Bougainville ains que la lettre 11 et 12 des lettres Persanes.

1-Pour répondre à cette thématique nous allons étudier la critique des mœurs faite par l’autre, dans l’œuvre de Montesquieu, Lettres Persanes. Cette œuvre fait le récit avec le recueil de lettres de deux persans, Usbek et Rica, qui découvrent les sociétés occidentales.

        1- Tout d’abord, nous étudions la lettre 24. Dans cette lettre on retrouve la critique du pouvoir royal et religieux. Après un mois passé à Paris, Rica débute son récit par la satire du pouvoir royal en France. Il y dénonce par un éloge ironique, le Roi. Le Roi est d’abord qualifié comme « le plus puissant prince de l’Europe » l-27, il possèderait « plus de richesse que lui » en parlant du roi d’Espagne, «  un grand magicien » l-35, «  tant est grande la force et la puissance qu’il a sur les esprits » l-44. Tous ces termes à connotation méliorative réunies dans des hyperboles font ressentir la moquerie de Montesquieu par Rica.

En effet le détendeur du pouvoir royal manipulerait à sa guise les esprits « il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets » l-35« il les fait penser comme il veut. S’il n’a qu’un millier d’écus dans son trésor et qu’il en a besoin de deux, il n’a qu’à leur persuader qu’un écu en vaut deux et ils le croient » l-36 ; « il n’a qu’a leur mettre dans la tête qu’un morceau de papier est de l’argent » l-40, puis « Faire croire » l-42. Le Roi serait donc en mesure de se jouer du peuple. Manquant de ressource il se voit créer toute sorte de biens pour la plupart imaginaires, il compare même la vanité de ses sujets à des mines d’or.

S’en suit la critique du pouvoir Religieux. Rica affirme les ressemblances entre le roi et le Pape avec, « un autre magicien plus fort que lui » l-46. Le Pape  impose un pouvoir autoritaire sur ce que l’on doit penser « tantôt il lui fait croire que trois ne sont qu’un ; que le pain qu’on mange n’est pas du pain, ou que le vin que l’on boit n’est pas du vin ; et mille autres choses de cette espèce » l-50. Le pain et le vin ayant un caractère religieux, symbolisent bien le changement de courant de penser dont fait preuve le Pape sur les fidèles. On comprend par la suite que le détenteur du pouvoir religieux veut un pouvoir de tout instant « pour le tenir toujours en haleine et ne point lui laisser perdre l’habitude de le croire, il lui donne, de temps en temps, pour l’exercer, de certains articles de croyance » l-53, le pape sous l’idée de perpétuelle croyance veut être le maitre des idées du peuple, le peuple doit le croire sans même réfléchir.                                                                                                                   Montesquieu risque alors la censure en critiquant si vivement les deux ordres les plus importants. Cependant il justifie que ce ne sont que des lettres rapportées de deux Persans qui témoignent naïvement de leur étonnement.  On comprend alors l’utilité de l’autre pour dénoncer les méfaits de sa société tout en évitant la censure de l’époque.

        2- Par la suite Montesquieu va développer la satire de la mode Française de l’époque. Dans la lettre 99, où Rica écrit à Rhédi, l’auteur va se plaire à tourner en ridicule les caprices de la mode. La lettre débute par un parallélisme de construction où l’on apprend que les modes sont très brèves « Ils ont oublié comment ils étaient habillés cet été ; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver » l-3. Montesquieu englobe tous les français par le pronom « ils ».                     Il évoque de plus la soumission du peuple aux aléas de la mode au cours du temps avec l’antithèse « été », « hiver ». Le ridicule de cette mode aux yeux de Rica est montré de part l’utilisation de l’hyperbole « Une femme qui quitte Paris, pour aller passer six mois à la campagne, en revient aussi antique que si elle s’y était oubliée trente ans ? ». L’adjectif « antique » est ici ironique, on veut montrer le mépris de la population à l’encontre de ceux qui ne suivent pas la mode.                             L’opposition « six mois » et « trente ans » met en relief le changement si intense qui s’installe en si peu de temps, cela empêcherait même l’enfant de reconnaitre sa mère « Le  fils méconnait le portrait de sa mère ; » l-14.          Ces caprices sont alors la cause de changements architecturaux, avec l’énumération des travaux « les architectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser, et d’élargir leurs portes, selon que les parures des femmes exigeaient d’eux ce changement » l-25.                                                                                      La fin de la lettre prend une tout autre tournure, Montesquieu lie la mode à la vie politique et se livre à une accusation politique. Il dénonce que le  pouvoir est centralisé « Le prince imprime le caractère de son esprit à la cour, la cour à la ville, la ville aux provinces », cette structure pyramidale avec la figure de la concaténation (« la Cour ; la Cour, à la Ville ; la Ville, aux provinces »), dénonce que l’exemple à suivre provient du plus haut sommet de l’état.                                                               La métaphore finale dénonce le pouvoir absolu, «  L’âme du souverain est un moule qui donne la forme à toutes les autres » l-35, une seule personne n’a pas à asservir tout un peuple. La servitude à la mode est donc le moyen pour Montesquieu de faire prendre conscience aux Français qu’ils sont asservis politiquement.

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