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Le Corps Et L'identité

Dissertation : Le Corps Et L'identité. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2013  •  Dissertation  •  1 772 Mots (8 Pages)  •  2 876 Vues

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Le corps suffit-il à définir notre identité ?

Dans son ouvrage Le corps analyseur, publié en 2001, Jean-Marie Brohm soulevait la question suivante : le corps suffit-il pour définir mon identité ? En effet que reste-t-il de « moi » après les différentes mutations que permet la science actuelle ? Qui suis-je au fond ? Pourquoi les gens investissent-ils leur corps comme un facteur identitaire ? Comment expliquer que nous ayons une identité sociale avant d’avoir des critères de distinction corporels ? Et au fond, qu’est ce que l’identité ? Est il question d’identité numérique ou d’identité personnelle ? Nous tenterons de répondre à ces questions en se positionnant tout d’abord dans le camp des hyper matérialistes qui considèrent que nous sommes la matière qui nous compose. Puis, nous approfondirons notre réflexion pour nous rendre compte que l’identité personnelle serait en fait supérieure à l’identité numérique. Au-delà d’un corps, nous serions d’abord définit par l’esprit, la substance.

Etymologiquement, l’individu est celui qui ne peut être divisé. Matériellement, nous sommes avant tout un corps, nous avons une identité numérique. Le corps se suffirait à lui-même, il serait « utilisé » pour « exister ». Mais un problème se pose avec les progrès de la science et « un nouvel art de vivre dans son corps » tend à apparaître. En effet que reste-t-il de nous après que ce soit exercé l’emprise des « thanatocrates et du pouvoir médical » par les divers appareillages et organes substitués ou simulés ? L’eidos, l’idée de la forme, est entamé. Cette question de la métamorphose, voire de la mutation, est liée au progrès. Le soi corporel est défini, reçu, déterminé. Dans une certaine mesure, le naturel définit les caractéristiques physiques. Mais qu’en est-il actuellement alors que le corps est « soumis à l’emprise de l’intervention technologique radicale qui transgresse des barrières biologiques que l’on croyait immuables » ? D’un corps naturel, on passe à un corps culturel. Certains modifient l’usage, d’autre le soi. Il existe encore une pratique plus extrême qui consiste à la mutation, au changement du schéma corporel. Aujourd’hui « tout se remplace et tend a être remplacé ». Que ce soit pour des raisons esthétiques ou médicales, le sujet veut incarner son corps, le ressentir, en traduisant l’émotion dans la sensation, en créant une enveloppe qui serait proche de l’être. Lorsque le physique ne suit plus et que l’on se sent encore « jeune dans sa tête », la solution consiste à avoir recours au médical. Les greffes donnent une nouvelle jeunesse aux individus. L’auto eugénisme définit le droit des individus à disposer de leur propre corps. Mais ne surestime-t-on pas le corps ? Et a-t-on le « droit » de s’instrumentaliser indéfiniment ? N’y a-t-il pas de risques ?

Toutes ces modifications ne sont pas « naturelles ». Cela signifie-t-il pour autant qu’elles sont mauvaises ? Doit on accepter que le corps soit modifié pour qu’il corresponde à notre identité, qui par la même n’est peut être qu’une fiction ? Nous nous fabriquons une identité numérique au nom de sa pertinence sociale. Il s’agit d’une narcissisation indéfinie du corps, d’une recherche d’une nouvelle image plus adéquate, plus jeune, en meilleure santé. Cette fabrique identitaire permet l’inclusion, la communication avec les autres. La modificabilité existentielle témoigne d’une preuve d’engagement : on indique que l’on a le désir et les moyens de se fabriquer une identité. L’identité crée est provisoire, précaire, mobile. Selon Jürgen Habermas, la nature ne doit pas être instrumentalisée. L’identité n’est plus substantielle, elle ne forme plus un tout. Elle est somme de parties décomposables. On est dans les modifications identitaires. Le corps n’est pas tout dans l’identité mais il joue un rôle très important dans ce que nous sommes. L’artiste Orlan modifie au fil du temps son organisme par des implant : elle reste la même mais est tout de même « autre » puisqu’elle nie le naturel. La mutologie de l’identité estime que le changement du corps modifie aussi l’identité de la conscience. En changeant la qualité matérielle du corps, l’altération de la mémoire s’effectue par l’incorporation de nouvelles sensations corporelles. Stéphane Ferret va même jusqu’à imaginer que la transplantation du cerveau soit possible. Selon lui, cela ne serait envisageable que si l’identité fonctionnelle du cerveau se conservait de la personne un à la personne deux. Qui sommes nous alors ? Certes, une enveloppe de chair, mais n’y a-t-il rien de plus important ? Les siamois partagent le même corps mais s’ils ont deux cerveaux, il est bien question de deux individus. Ne faut-il pas sortir de cette vision trop simpliste des choses qui consisterait à nous réduire à la matière ?

L’identité ne se définit-elle pas plus par le qualitatif que par le quantitatif ? Au-delà de l’identité numérique, n’y a-t-il pas quelque chose de plus important : l’identité personnelle ? Dans l’Identité, Stéphane Ferret relate l’histoire de la barque de Thésée. Que dire de ce bateau perpétuellement réparé dont les sophistes d’Athènes se demandaient, au fur et à mesure que les pièces en étaient modifiées ou remplacées, s’il s’agissait encore du même bateau ? De la même manière, on peut se demander si après une mutation, un individu est toujours le même. Descartes expliquait déjà à son époque que « nous ne pensons pas que

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