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ETHIQUE & DEONTOLOGIE

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Par   •  9 Juin 2016  •  Fiche  •  2 632 Mots (11 Pages)  •  927 Vues

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ASS 2014 - 2017                                                                                                              S4/DC3

ETHIQUE & DEONTOLOGIE

 

Le 23/05/2016

        « Le travailleur social accepte l'autre dans ce qu'il est ; il se trouve en position de confident obligé et cette position lui impose d'inscrire son action dans un registre éthique ; c'est une garantie pour les personnes. »

        Cette citation est tirée du rapport Le travail social aujourd'hui , publié le 19 Novembre 2008 par le Conseil Supérieur du Travail Social (CSTS). Le CSTS est une instance consultative attachée au Ministère des Affaires Sociales et de la Santé. Ses missions sont de veiller à l'éthique, à la déontologie des professionnels et d'apporter une expertise ainsi que des recommandations à propos de problématiques sociales identifiées sur le terrain, de la formation et enfin des pratiques des professionnels du travail social. Il assure une veille sociale et rend compte de la réalité du terrain au ministère[1]. Cette citation s'inscrit donc parmi les constats et recommandations du CSTS. Que nous apprend-elle ? À quelles notions et fondements du travail social nous renvoie-t-elle ? Quelle réflexion pouvons-nous en tirer ?

        Nous nous intéresserons d'abord à la question de l'altérité et du travail social, avant de nous questionner quant à la notion de « confidence obligée » soulevée par la citation. Enfin, nous traiterons de la démarche éthique et nous nous demanderons dans quelles mesures ces éléments constituent-ils une garantie pour les personnes accompagnées.

  1. Le travail social et l'altérité

        Le travail social puise ses fondements dans les grands principes de la justice sociale et des Droits de l'Homme. C'est d'ailleurs ce que nous indique la définition du travail social proposée par l'International Federation of Social Workers (IFSW). Il tend à promouvoir la dignité et l'amélioration des conditions de vie des personnes. En partant de ce postulat, le travailleur social doit respecter l'Autre dans sa différence. Et c'est ici ce que nous dit le rapport du Conseil Supérieur du Travail Social.

        Il est à noter que la relation du travailleur social à l'altérité est complexe. Au delà de la relation professionnelle qui, par nature, contraint le travailleur social à agir dans la tolérance et la bienveillance, il se joue également dans la relation d'aide, une relation duelle d'individu à individu. Chacun de nous, de part son éducation, ses valeurs et son parcours, s'est construit des représentations ; autrement dit une image préconçue de ce qui est acceptable ou ne l'est pas. L'un des enjeux de la relation d'aide est, pour le travailleur social, de ne pas transférer ses propres conceptions de la famille, du couple, ou encore de la vie professionnelle, sur la vie de la personne. Il s'agit ici de respecter les personnes accompagnées dans leur singularité  et leur différence. Prenons en exemple la situation de Monsieur O. Monsieur est hébergé au sein d'un Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) depuis le mois d'août 2015. Il a pour projet d'accéder à son propre appartement. Il travaille et a réussi à stabiliser ses ressources au cours de son hébergement. Cependant, Monsieur est devenu père d'un petit garçon au mois d'octobre. Il a reconnu l'enfant, qui vit avec sa mère dans un foyer maternel. Bien que le couple soit toujours ensemble, Monsieur et Madame ne souhaitent pas vivre sous le même toit. Cette situation est venue heurter mon rapport à la parentalité ainsi que mes propres représentations de la famille et du couple. J'ai alors décidé d'aborder la question avec Monsieur. Il m'a expliqué qu'il voyait son fils plusieurs fois par semaine, et que d'ailleurs il souhaitait emménager au sein d'un appartement qui lui permette de l'accueillir régulièrement. À propos de sa compagne, il a ajouté qu'il avait déjà connu un divorce au Nigeria et qu'après avoir fait l'expérience de la rue, il préférait s'assurer la sécurité d'être locataire de son propre logement. Le projet de Monsieur était réaliste et réalisable au vu de ses ressources ainsi que de ses capacités. En m'interrogeant quant à mes missions au sein de l'établissement et en discutant de la situation avec les autres membres de l'équipe, j'ai alors pensé qu'il était judicieux d'aborder la question dans le cadre de l'accompagnement social global et de s'assurer que la parentalité ne soulevait pas de problématique particulière ; mais, j'ai également apprécié qu'il ne m'appartenait pas de définir, à la place de Monsieur O., quel projet lui correspondrait le mieux / serait le plus adapté.

        Le travail social repose donc sur la relation à l'Autre. Ce qui relève d'autrui concerne tout ce qui n'est pas moi. Il s'agit donc de veiller à distinguer ce qui relève de mes propres intérêts et ce qui relève des intérêts de la personne. Le rapport du travailleur social à l'Autre peut être contraint ou subi par la personne. Il ne s'agit pas d'une rencontre que l'on pourrait qualifier de « naturelle », dans laquelle deux personnes communiquent parce qu'elles ont des affinités, des points ou des intérêts communs. Le public accueilli par les services sociaux est un public vulnérable, cumulant parfois de nombreuses difficultés. De ce fait, le travailleur social peut apparaître en position de supériorité, comme « détenant le pouvoir » vis-à-vis de la personne qu'il reçoit. Il appartient alors au travailleur social de veiller à préserver l'équilibre et surtout l'égalité dans la relation d'aide. Le fait de travailler au contact de l'autre implique  la responsabilité du travailleur social, et notamment parce qu'il est en position de « confident obligé ».

  1. La notion de « confidence obligée »

        La citation du CSTS nous indique que le travailleur social, dans son exercice professionnel, est « en position de confident obligé ». Il est important, en premier lieu, de revenir sur la notion de « confidence ». Faire une confidence, c'est transmettre à une ou plusieurs personnes, une information à caractère secret qui ne peut être révélée à un tiers. Une personne est libre de se confier ou non à d'autres personnes. En règle générale, elle se livre à ses amis ou à sa famille. Dans le travail social, on emploie le terme de « confidence obligée » puisque la confidence est le « matériau » de base du travailleur social, celui sur lequel il construit son action. En effet, le travailleur social intervient à partir du vécu de la personne, de son histoire ; il s'agit de comprendre quels éléments de son parcours peuvent être liés, et ainsi sur quels axes intervenir pour permettre l'amélioration de sa situation personnelle. Pour permettre au travailleur social d'élaborer un plan d'action avec elle, la personne est donc obligée de lui confier des éléments très intimes de sa vie : son budget, sa vie familiale, sa santé... La notion de confidence obligée peut donc s'entendre ici au sens où la personne n'a pas le choix de se confier s'il elle veut améliorer sa situation. C'est pourquoi il est apparu indispensable d'obliger légalement les travailleur sociaux à s'inscrire dans la confidence, en légiférant à ce sujet.

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