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Commentaire des canons du concile mérovingien

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Par   •  6 Décembre 2022  •  Dissertation  •  1 864 Mots (8 Pages)  •  264 Vues

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 Commentaire des canons du concile mérovingien  

 

         Le texte soumis à notre étude est le canon du concile mérovingien, ou concile d’Orléans, dont le texte fut d’abord approuvé par Clovis puis édité et traduit 14 siècles plus tard par J. Gaudemet et B.Basdevant, en 1989. Ce texte a une valeur normative. Il évoque les différents canons, ensemble de normes fixant la constitution de l’Eglise catholique, réglant la discipline ecclésiastique et s’appliquant à l’ensemble du territoire, pris lors du concile d’Orléans. Ce concile regroupa 32 évêques du royaume mérovingien, soit la moitié des évêques présents en Gaule, en vue de réorganiser les relations entre l’Eglise et le souverain et de réaménager l’Eglise de manière interne. Clovis, roi des francs, premier roi chrétien et fils de Childéric Ier est à l’initiative de ce concile, qui s’est tenu le 10 juillet 511 à Orléans, anciennement Aurelianum, ville symbolique car située au centre du royaume mérovingien. Cette réunion est présidée par Cyprien, évêque d’Orléans.
        En 511, le royaume mérovingien est morcelé. En effet, suite au déclin de l’empire romain d’Occident en 476 et aux invasions barbares, de nouveaux peuples vont se constituer en royaumes indépendants. Ainsi, lors de l’arrivée au pouvoir de Clovis en 481, les francs occupent le nord de la Gaule, les Wisigoth occupent le sud-ouest, les Burgondes occupent l’est de Lyon et les Bretons occupent l’Armorique. Si Clovis parvient, suite à de nombreuses batailles, à reconquérir l’ensemble presque exclusif de la Gaule, tous les territoires ne sont cependant pas juridiquement intégrés au royaume Franc. En effet, le bréviaire d’Alaric est appliqué par les gallo romains et les wisigoth tandis que les francs saliens respectent la loi salique. Il est donc nécessaire de convoquer l’ensemble des plus hauts prélats du royaume mérovingien pour permettre l’unification du territoire.
        Dès lors, en quoi le concile d’Orléans démontre-t-il la relation entre le pouvoir religieux et le pouvoir royal ?
        L’Eglise constitue une source du pouvoir royal par les pouvoirs qu’elle accorde au roi (I),  et par la légitimation de ce dernier, et se place également comme une puissance stable et forte par ses pouvoirs coercitifs (II) et par son droit d’asile.

 

I/ L’Eglise, source du pouvoir royal

Les pouvoirs dont dispose le roi Clovis lors de ce concile lui sont donnés par l’Eglise (B), ce qui tend à renforcer la légitimation du pouvoir royal (A).

A) La légitimation du pouvoir royal.

        Le pouvoir royal tire sa légitimité de l’Eglise : “ A leur seigneur, fils de l’Eglise catholique, le très glorieux roi Clovis “ (l.2), “ Puisque si grand est le souci de la foi glorieuse qui vous incite à honorer la religion catholique “ (l. 3-4) Par son baptême, en 498 suite à sa victoire contre les Alamans, au cours de laquelle il aurait invoqué le « Dieu de Clothilde », Clovis devient fils de Dieu, fils de l’Eglise catholique. Par ce sacrement, Clovis est soutenu, épaulé par Dieu, et ainsi son pouvoir de décision est orienté par ce dernier, ce qui lui confère une grande légitimité. Il s’agit donc d’une relation de coopération entre l’Eglise et Clovis car l’Eglise, par le sacrement du baptême, permet à Clovis d’affirmer sa légitimité mais permet également d’inciter l’ensemble du royaume à la conversion au catholicisme. 

        Par ailleurs, ces décisions ont une grande légitimité puisqu’elles ont été d’une part formulées par les plus hauts prélats du royaume, et d’autre part approuvées par le roi, personnage le plus élevé au sein de la hiérarchie des membres de la noblesse. De fait, les membres formant le royaume mérovingien seront plus à même de respecter ces lois qui leurs sont imposées, et les écarts à ces décisions seront donc moins nombreux. Ainsi, cette alliance est nécessaire car elle permet d’une part d’asseoir le pouvoir royal en le légitimant mais permet également de renforcer la place de l’Eglise et de diffuser largement le droit canonique.

Si l’Eglise confère au pouvoir sa légitimité auprès des habitants du royaume mérovingien, elle est également la source d’une partie du pouvoir royal.

  1. Les pouvoirs du roi accordés par le concile


      Le roi Clovis est une figure majeure au sein de l’Eglise, bien qu’il ne fasse pas partie des plus hauts prélats. “tous les évêques à qui vous avez mandé de venir au concile “ (l.2-3), “ vous avez [...] prescrit que les évêques se réunissent pour traiter des questions nécessaires “ (l.4-5). Il est précisé dans le propos liminaire que les évêques du royaume mérovingien se réunissent sur ordre du roi Clovis et que c’est de même ce dernier qui amorce les réflexions sur des sujets bien précis auxquels il souhaite que les évêques apportent une réponse. Cependant, Clovis n’intervient pas au cours de ce concile sur les décisions propres à l’Eglise, à l’image de l’empereur Constantin lors du concile de Nicée en 325.
     Par ailleurs, si Clovis n’intervient pas au cours des décisions, il possède tout de même un droit de regard sur le pouvoir religieux : “ de la sorte, si ce que nous avons déterminé est aussi reconnu juste à votre jugement, l’approbation d’un si grand roi et seigneur confirmera que doit être observée avec une plus grande autorité la sentence d’un si grand nombre d’évêques”. (l.6 à 8) Ainsi le roi doit approuver la décision des évêques, pour qu’ensuite les canons puissent prendre la forme de loi et devenir des sources du droit. Cette condition sinéquanone de l’application de ces canons témoigne de l’importance du pouvoir attribué au roi. Ces pouvoirs qui lui sont attribués sont révélateurs des rapports qui lient l’Eglise et Clovis, et particulièrement du pouvoir qu’exerce qu’il exerce sur l’Eglise puisque la publication de ces canons est tributaire de son approbation.
        Enfin, le roi Clovis dispose également d’un pouvoir d’ingérence dans le domaine religieux, initialement réservé aux membres de l’Eglise. “ Au sujet des ordinations des clercs, nous avons jugé qu’il faut observer ceci : qu’on n’ose promouvoir aucun des séculiers à la fonction cléricale, si ce n’est soit sur l’ordre du roi, soit avec l’autorisation du comte” (l. 34 à 36). Ainsi, il revient au roi ou aux contes, représentants du roi nommé par lui-même, de nommer les clercs, excepté pour les descendants de ces derniers. Cependant, cette nomination “ doit être entérinée par trois évêques locaux, après que tous les évêques en aient été avertis par courrier, conformément au concile de Riez de 439 “. Ainsi, le pouvoir du roi reste en partie limité, et il ne dispose pas d’un pouvoir absolu quant au domaine religieux.

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