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Pierre Bourdieu et l'État

Étude de cas : Pierre Bourdieu et l'État. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2020  •  Étude de cas  •  1 510 Mots (7 Pages)  •  707 Vues

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Pierre Bourdieu est un sociologue français né dans le Béarn en 1930. Les travaux de Bourdieu sont très diversifiés et ses analyses sont toutes aussi variés. Bourdieu dans ses travaux sociologiques analyse les mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales qu’il souligne par l’importance des facteurs culturels et symboliques dans les actes de la vie sociale. Bourdieu va s’interroger sur la société et sur des concepts comme le capital, qu’il soit économique, culturel, social ou symbolique ou par ailleurs, il travaillera sur ce qu’il nomme « le champ » qu’il caractérise comme étant l’espace social ayant ses propres luttes pour l’appropriation de biens ou pour la conquête de la domination du pouvoir. Il s’intéresse dans ce cadre à l’état et au « champ des institutions étatiques ».

La sociologie de Pierre Bourdieu contient un aspect politique à travers les concepts de domination, de pouvoir ou de violence symbolique issu de la conflictualité sociale. Cependant, la nature du concept de violence symbolique donne au politique un statut ambigu. En effet, l’incapacité du politique à construire une théorie de l’état fondée sur l’exercice du monopole de la violence physique exercée par n’importe quel agent dans un cadre public comme privé est caractéristique d’une situation infra-étatique. Il entend par là que l’absence de frontière définit entre le cadre public et le cadre privé est contraire à l’idée « d’État de Droit » et des libertés publiques issus des luttes sociales contre « l’absolutisme du pouvoir ».

Nous allons étudier la vision de Bourdieu sur l’état à travers l’étude de Rémi Lenoir, L’état selon Pierre Bourdieu : une monopolisation de l’universel ainsi qu’à travers l’ouvrage de Bourdieu, De la maison du roi à la raison d’État. 

Bourdieu est très réticent à l’idée même d’état, il utilise par ailleurs initialement très rarement dans ses ouvrages ce terme, il conserve néanmoins ce terme dans des expressions tels que « noblesse d’État », « science d’État » ou alors « raison d’état ».

Il part de la définition que Max Weber donne de l’état à travers le monopole de la violence légitime mais souligne qu’il ne peut y avoir une légitimité dans l’usage de cette violence sans un rapport « au symbolique ». Il étudie l’état sous le prisme de la construction d’un « champ du pouvoir ». Cette expression, qui lui est propre, désigne les États ayant une forte division du travail social et dans lequel l’espace où les détenteurs des différents types de pouvoirs se livrent à une lutte afin que le leur soit considéré comme le pouvoir dit légitime dans l’objectif de conquérir le pouvoir sur l’état.

Pour Bourdieu, l’état n’est qu’une institution possédant des acteurs qui lui sont propres.

 

Bourdieu souligne ainsi deux traits qui caractérisent selon lui l’état moderne. Le premier aspect est le processus de concentration des capitaux en son sein. Il nomme cela un « méta-champ » issu de la formation de « méta-capital », qui, de la même manière que le terme « champ » définit au préalable, l’espace où des agents se livrent à une lutte afin d’acquérir le contrôle sur ces capitaux. La frontière en le capital économique et l’état se fait par exemple de plus en plus flou, l’état possède le monopole de la levée d’impôt et à la possibilité de réglementer les marchés et la fluctuation de sa monnaie. Mais l’état possède d’autre capitaux comme le capital de la force militaire, le capital juridique ou culturel, mais aussi et surtout le capital symbolique. C’est de cela que Bourdieu définit la seconde caractéristique de l’état et de sa légitimité. La croyance en l’état se produit, en effet, par la concentration des espèces de capital, surtout celui du capital symbolique.

Cette concentration de capitaux fait passer ce qui est de l’ordre du privé tel que la famille ou les relations personnelles à l’ordre public. Les détenteurs du pouvoir étatique se font par le biais du capital symbolique, les représentants de ce que Bourdieu après Kant nomme « l’universel ». L’État donne alors un titre, une valeur sur un marché, une reconnaissance qui fait autorité par le biais de diplôme. L’universel est alors le produit de la « dépersonnalisation » de l’individu.

Ainsi la genèse de l’état moderne selon Bourdieu est l’opposition nette entre le cadre public, caractérisé comme étant le cadre officiel et le cadre privé faisant par opposition référence au cadre officieux. C’est par cela que Bourdieu fait référence à ce qu’il appelle la « raison d’état », qui correspond à la création d’un espace définit à l’intérieur duquel la logique de fonctionnement est celle de la raison d’état où la logique ne fait pas place à la morale privée. La morale privée fait référence aux principes qui s’opposent à l’état tel que la morale religieuse par exemple. Ainsi, dans l’espace public, dans cet espace doctriné par la « raison d’état », on devient selon Bourdieu « une sorte de sujet public dont la définition est de servir cette réalité transcendante aux intérêts locaux, particuliers, domestiques, qu’est l’État ». En d’autres termes la « raison d’état » par le principe de « l’universel » qui brouille la frontière entre public et privé ne tend qu’à réduire les agents qui la composent à servir les intérêts propres et uniques de l’état.

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