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La Peste, Camus

Commentaire de texte : La Peste, Camus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 191 Mots (9 Pages)  •  1 217 Vues

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ELKHAYATI Soufiane

Etude de texte : La Peste de Camus

        L’extrait étudié à travers cette explication de texte est issu de La Peste d’Albert Camus. La section du texte traitée tout au long de ce devoir, s’intéresse au premier chapitre de la seconde partie du roman, à la réception de la fermeture de la ville par les habitants d’Oran. En effet, suite à la découverte du corps du concierge et à la multiplication des morts, le docteur Castel confirme que la ville est victime de la peste. C’est ensuite Rieux qui réussit, non sans mal, à faire prendre en charge le problème par les autorités. Cela conduit notamment a la fermeture de la ville. La situation pour la ville, se voit alors, totalement bouleversée. Dans ce premier chapitre, le narrateur va s’attarder à dépeindre un état général des habitants de la ville à ce moment de véritable rupture.

        Il s’agira alors, tout au long de cette explication, de comprendre comment à travers l’expression des comportements et des sentiments Oranais, Camus représente une ville en profonde mutation.

        Afin de répondre avec finesse à cette problématique, il faudra dans un premier temps étudier la place des sentiments oranais dans cet extrait, puisque ces derniers sont l’objet privilégié du chapitre. En effet c’est une véritable étude psychologique et sentimentale qui s’écrit au regard des événements.  Dans un second temps, il faudra enfin examiner l’impact des sentiments oranais et les comportements que vont adopter les concitoyens. S’il est clair que la narration s’intéresse à la réaction interne des habitants, c’est aussi et surtout un intérêt pour une analyse comportementale. La question soulevée par ce chapitre est bien celle de l’effet de ce « confinement » sur l’attitude des Oranais.

        Le premier chapitre de la seconde partie fait des sentiments des Oranais son sujet principal. C’est bien, d’après la vision des sentiments, que l’explication de l’attitude et de la réaction des Oranais va s’écrire. Pour mieux comprendre la grande interrogation du chapitre, il faut avant tout explorer les sentiments provoqués par la fermeture de la ville.

        La fermeture de la ville est un événement majeur dans la construction de l’évolution face à l’épidémie. Cet épisode écarte Oran du reste du monde. La ville s’enferme sur elle-même ; seule face à la peste. En effet, le sentiment omniprésent dans ce chapitre est le sentiment de solitude. Pour autant dans un premier temps cette solitude ne semble pas se faire ressentir. Au contraire, la séparation au monde extérieur devient dès la première phrase l’ « affaire de[à] tous ». La narration s’attarde pour former une entité multiple regroupant tous les Oranais. C’est littéralement la formation d’un tout auquel le lecteur assiste (« affaire à tous » et « qu’ils étaient tous » §1). À cet égard, on retrouve tout au long du chapitre l’utilisation du pronom personnel « ils » par le narrateur, afin de préserver l’idée d’une généralité constante. Il n’y a aucune véritable différenciation entre les Oranais, qui sont d’ailleurs nommés les « concitoyens » (§§ 1 et 2) pour souligner leurs liens et justifier ce groupement. Le lecteur ne suit plus des groupes ou des protagonistes, il observe désormais un peuple unit comme le souligne la citation suivante « celui de tout un peuple » (§ 1). La population semble s’unir à l’encontre du sentiment de solitude. Au second paragraphe cette union prend forme physiquement à travers la « foule de demandeurs » poussée par des sentiments inverses aux « sentiments individuels », donc des sentiments collectifs. L’individu se perd dans ce mouvement collectif et le narrateur n’en réchappe pas. Lui aussi s’inclue dans ce mouvement de réaction. Pour autant ce regroupement est paradoxalement plus un regroupement dans la solitude, qu’une véritable collectivité. Ce qui soude ce groupement, c’est le sentiment d’exil qui est d’après le narrateur, qui en « est persuadé » (§ 8), un sentiment assurément général et partagé par « beaucoup [de nos]des concitoyens » (§ 8). La solitude inflige aux Oranais, un vide permanent autours d’eux. C’est cela que le narrateur caractérise comme un « creux » qu’ils portent « constamment en » eux (§ 8). Cette solitude n’est pas agréable. Ce n’est pas de l’ordre de la rêverie ou de la balade solitaire. Il y a quelque chose dans la solitude qui est inévitablement désagréable et invivable, comme la vie et la « condition de prisonniers » (§ 8). C’est plutôt un problème de l’ordre du psychologique qui apparaît. Les « monologue[s] stérile[s] » (§ 4) formulés n’ont aucun intérêt, même pas celui de servir d’exutoire. Au contraire la solitude dont ils transpirent fait apparaître un problème de folie. L’entêtement dont ils font preuve est la définition de la folie selon Albert Einstein « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». La solitude est effectivement un sentiment qui fait naître l’illogisme dans le cœur des Oranais.

        Toutefois, la solitude n’est pas le seul sentiment à faire passer au second plan toute logique. L’attachement et l’amour passent aussi au-dessus de toute rationalité. Ces sentiments naissent d’un manque dû à la séparation et à l’impossibilité de se contacter. À cet égard, les séparés « sont les plus intéressants » (§ 13), car ils symbolisent plus que les autres, les répercussions de la fermeture de la ville. Le passage ridicule des télégrammes, porté par une tonalité satirique, avec des séparés qui tentent vainement de « chercher des signes dans les majuscules » (§ 3) afin d’obtenir un message supplémentaire caché à travers les fines lignes des majuscules, blesse et diminue la portée de l’amour. L’ « amour […] médiocre » (§ 13) n’entend plus que dix misérables mots à cause des conditions imposées par la peste. De cela renaît l’idée du couple qui se bat face à la fatalité et l’adversité, comme on peut le retrouver dans Roméo et Juliette ou Cyrano de Bergerac. Certains Oranais « profitent de l’occasion » (§ 5) pour pouvoir se retrouver comme pour une entrevue amoureuse secrète, à l’encontre de l’opposition à leur amour. Ceci ne fonctionne véritablement que pour les époux Castel qui renoue et renforce son amour dans l’adversité. L’acte est jugé négativement par le narrateur qui le considère comme une prise de « la situation à la légère » (§ 5). Lui préfère « consentir à la douleur » (§ 13) de ne pas être près de celle qu’il aime, plutôt que d’exposer ses proches au danger qu’il sait être la mort (contrairement à d’autres).

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