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Dissertation tragédie passion

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Par   •  26 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 879 Mots (8 Pages)  •  934 Vues

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Ariane Mnouchkine a dit « Le théâtre a charge de représenter les mouvements de l’âme, de l’esprit ». Ces mouvements de l’âme, ce sont les passions, celles qui dans les tragédies, notamment classiques et antiques, sont intenses. Elles possèdent le héros et le déstabilisent. Et dans les tragédies, bien qu’il s’agisse de héros, les personnages se doivent d’être imparfaits, humains. Ils ont donc des fragilités, signes qu’ils ne sont « ni tout à fait coupables, ni tout à fait innocents », comme Racine le dit dans la préface de Phèdre, reprenant la définition faite par Aristote dans La Poétique. Peut-on alors considérer que la passion dans la tragédie soit, comme il est dit parfois, une faiblesse ? Si l’on peut affirmer que certes, la passion est souvent un indice de la faiblesse du personnage tragique car elle le domine, il faut aussi prendre en compte le fait que celle-ci peut également être une source d’énergie qui conduit les héros à des actions radicales, positives ou négatives. Cependant, la faiblesse reste nécessaire à la tragédie car sans elle, il n’y a pas de catharsis.

La passion, par définition, est un état affectif assez puissant pour dominer le mental et nuire au jugement. C’est donc une source abondante de troubles pour un héros qui doit s’accomplir. Celle-ci peut donc être une faiblesse car elle va faire céder le héros, incapable de lutter contre cet affect qui le dépasse, et le conduire à des actes répréhensibles.

Un héros tragique reste un être humain et a donc des failles et des forces. Toutefois, la passion s’oppose toujours à sa raison et est par conséquent une source de tourments et de combat intérieur. Elle le rend alors fragile mentalement : surplombé par cette passion, elle va lui faire céder du terrain sur ses principes moraux, et troubler sa raison. Celui-ci va alors tenir des propos et agir contre son gré. Le personnage éponyme de Phèdre ne devrait pas faire l’aveu de sa passion monstrueuse car cela est choquant, contraire aux codes moraux et à la bienséance. Cependant, trop affligée par son secret, Phèdre finit par s’en libérer et déclarer son amour incestueux et adultère à Hippolyte dans la scène 5 de l’acte II. Alors, la passion est bien un état qui rend plus faible le personnage et nuit à ses valeurs morales.

Par ailleurs, cette passion est dévorante, elle supprime toutes les forces du personnage. Celui-ci, pourtant héroïque, est alors impuissant, incapable de se battre. Le personnage tragique, gouverné par ses passions, ne peut plus lutter contre ces instances qui lui sont supérieures. Ces instances, causes de combat vain du héros, sont multiples. En effet, il peut s’agir des dieux et du pouvoir qu’ils exercent sur les personnages, c’est la fatalité tragique : Phèdre est maudite par Vénus, ce qui provoque sa passion pour Hippolyte ; à plus grande échelle cela peut être la conséquence du destin : Œdipe dans Œdipe roi est victime de la prédiction qui avait été faite, disant qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Enfin, cette instance supérieure peut s’incarner dans la famille. Dans Le Cid de Corneille, Rodrigue doit lutter contre la volonté de son père car cela signifierait tuer le père de celle qu’il aime. Les personnages tragiques sont donc entièrement passifs vis-à-vis de ce contre quoi ils devraient lutter.

Ainsi, par faiblesse, entièrement dominé par ses passions, le héros tragique est amené à commettre des actes criminels et condamnables voire faire preuve de cruauté. En effet, il va complètement céder à ses désirs, désirs qui devraient souvent rester enfouis pour le bien de tous, et aller jusqu’à faire le mal pour satisfaire une passion trop longtemps contenue. C’est parce qu’il en est frustré que le personnage tragique va tenter de rassasier cette passion dévorante qui le torture. Atrée, dans la pièce de Sénèque, Thyeste, fait preuve d’une extrême cruauté. Son frère Thyeste, pour être celui qui régnera, séduit la femme d’Atrée et vole le bélier d’or. Pour se venger de cet adultère et de ce vol, Atrée tue ses neveux puis les cuisine pour les servir à manger, pendant un festin, à son frère. Quel que soit le motif de la passion, le trône, la vengeance ou autre, celle-ci engendre des comportements malsains, cruels, et souvent démesurés par rapport à la situation.

En somme, la passion est une véritable faiblesse car elle est, pour le héros, la cause d’un outrepassement de ses principes, d’une incapacité à lutter pour ce qu’il croit juste, et d’un bouleversement tel que le héros se conduira en criminel. Elle est donc responsable d’une fragilité physique, morale et d’une abnégation totale.

On constate toutefois que le personnage tragique, bien qu’il ait des comportements malsains, est donc capable d’accomplir de grandes choses grâce à sa passion. Celle-ci peut donc aussi donner lieu à des actes forts, signe que le personnage n’est pas seulement affaibli par ses sentiments.

        Les états d’âmes intenses des protagonistes peuvent être une source d’énergie, de motivation, et de force. Ceux-ci sont effectivement prêts à tout pour réaliser leurs désirs les plus chers ; la passion va alors s’avérer utile et même nécessaire car c’est elle qui va conduire les héros à des actions radicales, qu’elles soient bienveillantes ou néfastes.

La passion peut raviver l’énergie du héros, au contraire de l’immobiliser. Elle va porter le héros, lui insuffler du courage et lui permettre de résister de façon surprenante à l’adversité. Pour ses passions, il va combattre avec détermination, même s’il se situe dans le cadre d’une tragédie. Cette tragédie va alors autoriser l’espoir et même des actions concrètes, preuves d’une résistance acharnée, enflammée. Dans l’Antigone de Jean Anouilh, le personnage éponyme brave l’interdiction d’ensevelir le corps de Polynice donnée par Créon, puis l’affronte seule en face-à-face. Elle se bat jusqu’au bout pour ce qu’elle croit juste de faire malgré l’autorité de l’homme d’Etat qu’elle a devant elle. Lorsqu’elle est sur le point de se soumettre, les paroles de Créon vont la faire revenir à elle, et se rappeler son but, celui de ne pas vivre une vie amoureuse banale. Elle se rebellera alors à nouveau. Alors, bien qu’elle ait flanché, Antigone ne s’est pas inclinée. La passion administre donc une force, jusqu’ici cachée, nécessaire au héros pour qu’il défende les causes auxquelles il tient.

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