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De l'horrible Danger de la Lecture, Voltaire

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Par   •  9 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 296 Mots (6 Pages)  •  2 379 Vues

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De l’Horrible Danger de la Lecture, Voltaire, 1765

Introduction

Voltaire est né en 1694, et est mort en 1778, à Paris. Il étudie au collège Louis-le-Grand ou les jésuites lui prodiguent une formation solide. Refusant de devenir avocat, il part en Hollande. Quand il revient, il compose des écrits satiriques contre le Régent, ce qui le mènera à la Bastille. Peu de temps après sa libération il est de nouveau incarcéré. Il s’exile ensuite en Angleterre où il rencontre des philosophes et découvre un système politique qu’il trouve idéal. C’est ainsi qu’il devient un écrivain des Lumières (XVIIIe siècle). Il sera connu pour ses nombreux contes philosophiques, notamment Candide, Zadig ou bien La princesse de Babylone. Ce philosophe défend l’utilité des sciences et condamne les vains discours sur l’homme et sur Dieu. C’est en 1765 que le philosophe écrit  De l’Horrible danger de la Lecture, un pamphlet satirique sous forme de loi.

I Le pittoresque de la fiction orientale

La fiction orientale est très souvent employée par les philosophes des Lumières pour dépayser la critique, ne pas heurter de front les institutions françaises et contourner ainsi la censure. Faire parler Joussouf-Chéribi, c’est mettre le compte du cruel et archaïque despotisme oriental – tel que se le représentent les occidentaux – l’etroisse de vue delà censure, et non s’attaquer directement aux censeurs royaux. Sous la plume du pamphlétaire, il s’agit d’un orientalisme de pacotille, uniquement destiné à révéler les vraies cibles de la critique. Si le nom propre « Joussouf-Chéribi » a une consonance comique,  la date choisie et présentée selon le calendrier musulman se trouve discréditée par des noms et qualités des dignitaires du gouvernement ottoman (« muphti du Saint-Empire ottoman », « Saïd Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime Porte »). Le point de vue ottoman permet de nommer la France par une désignation comique qui en souligne la petitesse : « un petit état nomme Frankrom, entre l’Espagne et l’Italie ».

Ensuite, la présentation de l’auteur du jugement (« Joussouf-Chéribi  muphti du Saint-Empire Ottoman ») et l’adresse aux destinataires (« à tous les fidèles qui ses présentes verront, sottises et bénédiction ») comportent déjà deux éléments de ridicule : la consonance du nom propre, ainsi que l’alliance des termes « sottises et bénédiction » ; et avertissent le lecteur que le contenu du texte est à recevoir de manière antiphrastique : il devra comprendre le contraire de ce qui est dit explicitement. Rien de ce qui suit ne sera à prendre au sérieux. Le titre comportait déjà cet avertissement : du point de vue des Lumières, la lecture ne peut être un danger ; bien au contraire, c’est une source de connaissances et de réflexion ou doit s’abreuver la raison. C’est aussi une source de diffusion des Lumières, en cela elle est e butte a la censure, véritable cible de ce pamphlet.

L’ironie de  Voltaire consiste donc à employer le discours de l’adversaire, le défenseur de la censure, en faisant semblant de le valoriser. Cependant, un certain nombre d’éléments dévalorisent ce discours et expriment l’ironie de l’écrivain : la juxtaposition de faits ou d’élément contradictoires qui font éclater l’absurdité nocive de ce système autoritaire et obscurantiste (« sottise et bénédiction », « l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des Etats bien polices », « heureuse stupidité », « vertus dangereuses »), l’emploi des modalisateurs qui supposent l’assentiment du destinataire du discours de Joussouf (« évidemment », « la saine doctrine »), la juxtaposition de faits (causes et effets), peut-être recevables dans un état autoritaire et despotique (« notre place ») mais contradictoire a la logique des Lumières (« pernicieux usage de l’imprimerie », « des livres d’histoire dégages du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité », « l’imprudence […] de recommander l’équité et l’amour de la patrie », « nous serions assez malheureux pour nous garantir la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence »).

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