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Explication linéaire apologue du berger dans les caractères de La Bruyère

Dissertation : Explication linéaire apologue du berger dans les caractères de La Bruyère. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Janvier 2024  •  Dissertation  •  1 591 Mots (7 Pages)  •  203 Vues

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Lycée Charles-de-Foucauld Année 2023-2024 1A

Explication linéaire 07 de l’apologue du berger (Les Caractères X, 29-30)

En 1684, La Bruyère devient précepteur du duc de Bourbon, petit-fils du Grand Condé. Il a donc

un poste d’observation privilégié pour étudier comment fonctionnent la cour de Louis XIV et l’exercice

du pouvoir par les Grands. Ces observations vont nourrir son œuvre des Caractères, dont la première

édition paraît 4 ans plus tard, en 1688. En particulier, dans le livre X intitulé « Du Souverain ou de la

République », La Bruyère s’intéresse à ce qui fait un bon prince, un bon souverain. Dans les deux

remarques 29 et 30, il recourt à l’artifice d’un apologue, un petit récit métaphorique qui met en scène

un berger et ses brebis.

LECTURE

Nous allons expliquer ce texte en répondant à la question suivante : comment La Bruyère

utilise-t-il l’apologue du berger et de ses brebis pour proposer le portrait d’un bon souverain ?

Cette explication sera linéaire et suivra les mouvements du texte : des lignes 1 à 8 (jusqu’à

« servitude ! »), La Bruyère fait la description de l’attitude du berger vis-à-vis de ses brebis ; des lignes

8 à 10, La Bruyère prend à parti son lecteur pour le faire réfléchir ; la fin de la remarque 29 reprend le

récit métaphorique pour développer la comparaison entre le souverain et le berger ; enfin, la

remarque 30 est caractérisée par un ton lyrique dans lequel La Bruyère exprime ses sentiments

d’espérance et d’inquiétude.

Le premier mouvement réside dans un récit imagé, qui fait la caractéristique de l’apologue. Le

moraliste installe le décor sous les yeux du lecteur en utilisant la 2e personne et le verbe « voir » à

l’indicatif présent (« vous voyez »), pour ancrer dans la réalité un tableau que pourtant il invente. De

même, la conjonction de subordination de temps « Quand », renforcée par l’adverbe de fréquence

« quelquefois » contribue à imprimer cette scène dans l’esprit du lecteur. La Bruyère ne présente pas

cette scène comme une hypothèse mais comme un souvenir partagé.

La scène qui est décrite relève du genre de la pastorale (très prisé au début du XVIIe siècle)

notamment grâce au cadre champêtre : « colline », « prairie », « troupeau », « paître », « brouter »,

« la faux du moissonneur ». Le moment est privilégié : la fin d’une journée ensoleillée (« déclin d’un

beau jour »). Dans ce cadre, la vie des brebis est également privilégiée, présentée par un vocabulaire

mélioratif : le troupeau est « nombreux » et serein (« tranquillement »), la nourriture est variée

(« thym », « serpolet », « herbe ») et de qualité (« menue et tendre »).

L’entrée en scène du berger est retardée (l. 4 seulement) pour être mieux mise en valeur

encore par la simplicité de la description. 4 caractéristiques résument la bonne attitude du berger :

« soigneux », « attentif », « debout », « auprès de ». Après cette description statique, La Bruyère offre

une succession d’actions : le berger est sujet des verbes, les phrases s’enchaînent rapidement dans

une syntaxe très simple, par juxtaposition, comme pour mimer l’empressement du berger à bien

s’occuper de ses brebis.

Le berger apparaît à la fois comme un guide (« il les conduit », « il les change de pâturage ») et

comme un gardien (« ne les perd pas de vue »). 2 hypothèses de danger sont envisagées, auxquelles

le berger répond par un remède parfaitement adapté, l’antithèse du danger : « les rassemble »

s’oppose à « se dispersent » ; le « chien » s’oppose au « loup » ; à la voracité du loup qui veut manger

les brebis (« avide ») répond la vigueur du chien (« lâche ») et son efficacité (« le met en fuite »). Le

berger semble assumer les fonctions parentales primaires : nourrir et protéger (« il les nourrit, il les

défend »). L’empressement qu’il met dans toutes ces actions qui s’enchaînent est renforcé par la

phrase plus longue et plus construite des lignes 6 et 7, comme si cet allongement de la phrase mimait

le temps passé aux soins : c’est bien du matin au soir que le berger s’empresse ; la construction en

chiasme de cette phrase contribue à exprimer l’entier dévouement du berger (« déjà », « pleine », et

la négation restrictive « ne se retire qu’avec le soleil »).

Les 3 exclamatives averbales qui concluent ce passage ressemblent à des paroles rapportées

mais on ne sait pas de qui précisément. C’est comme si l’enthousiasme du conteur se transmettait

directement au lecteur, admiratif de la qualité de ce qui est donné aux brebis (« quels soins »), de

l’attitude constamment en alerte du berger (« quelle vigilance ! ») mais aussi de l’abnégation, de la

générosité qu’un tel dévouement suppose (« quelle servitude ! »).

Lycée Charles-de-Foucauld Année 2023-2024 1A

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