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La notion d’influence

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Par   •  4 Février 2013  •  1 701 Mots (7 Pages)  •  1 621 Vues

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La notion d’influence recouvre à la fois une faculté psychologique (celle que possèdent certains de convaincre ou de susciter l’imitation, de changer un caractère ou un comportement), puis une catégorie sociologique (l’influence des médias, des intellectuels, les groupes et réseaux dits justement d’influence…), mais c’est aussi une forme politique du pouvoir (l’influence est alors ce qui ne ressort pas aux relations d’autorité, de violence ou de contrat et qui, néanmoins fait agir les hommes). C’est même une méthode géopolitique (l’influence s’oppose alors à la puissance en tant que capacité qu'ont certains acteurs internationaux de susciter un soutien ou une approbation hors de leurs frontières, ou de peser sur la décision d’un autre acteur).

Du coup, hors la guerre (et encore, elle a besoin d’être redoublée par une guerre de l’information) il n’y a guère d’action extérieure d’un pays, d’un discours aux Nations Unies à la négociation d’un contrat, d’un encouragement au cinéma national à une opération humanitaire après le tsunami qui ne puisse comporter une dimension d’influence, puisqu’elle vise à obtenir un comportement d’autrui. Ceci peut aller jusqu’à l’instrumentalisation du terrorisme (par sa dimension de défi symbolique et de menace, il est aussi, après tout, un mode d’influence). Et comment oublier la notion de zone d’influence ? Cette dernière catégorie un peu passée de mode avec la fin de la guerre froide désigne la situation où un acteur jouit d’une situation d’exclusivité ou de non concurrence sur un territoire échappant à sa souveraineté mais où les autorités locales se comportent comme spontanément de manière conforme aux intérêts de la puissance «influente».

Nous vivons des temps de démocratie d’opinion, d’explosion des médias, de montée en puissance de l’expertise, des «autorités morales», des ONG et autres représentants de la société civile, d’internationalisation des courants d’opinion, d’appels perpétuels à la gouvernance et au consensus…, autant de facteurs qui font souvent apparaître l’influence comme une panacée

Ajoutons que l’influence est une tête de Janus : une de ses faces ne regarde que vers l’apaisement. Séductrice, elle sert alors à désarmer, à concilier, à amener les autres à partager vos desseins ou pour le moins à les dissuader de recourir à la force. C’est une machine à économiser de la puissance et de la violence. Mais son autre visage est celui de l’agression, de la déstabilisation, de la désinformation, de la manipulation par l’information.

En théorie, il existe plusieurs méthodes d’influence, dont aucune ne peut vraiment se trouver à l’état chimiquement pur et qui se mêlent toujours à un degré ou à un autre :

Rayonner : l’influence est alors affaire de prestige, imitation ou admiration. Le rayonnement d’un pays se mesure aux valeurs qu’il est censé porter, à son image dans les forums internationaux, à ses hommes célèbres, à l'attraction qu’exerce son mode de vie ou sa prospérité, à la diffusion de sa culture depuis la « culture cultivée » des écoles littéraires et artistiques jusqu’aux produits des industries du disque ou de l’audiovisuel, à sa capacité de susciter des modes hors de ses frontières, à l’usage de sa langue, à la réputation de ses universités ou de ses entreprises… En France nous aimons nous aimons nous considérer comme le pays des droits de l’homme, du multilatéralisme, de la culture, de la qualité de vie, etc., et avons trop souvent tendance à ne compter que sur cela. Cela peut provoquer un certain agacement chez nos partenaires : personne n’a envie d’acheter des TGV à un pays parce que c’est celui de Molière, ni d’y faire les Jeux Olympiques de 2012 parce qu’il fait vanter par Deneuve et Depardieu les charmes de Paris.

Persuader : la persuasion mobilise des techniques pour faire adhérer un sujet à une affirmation, vraie ou fausse. Il s’agit donc de l’amener à croire à la véracité d’un fait ou d’un jugement énoncé de manière appropriée et à son intention. La sophistique et la rhétorique antique, la propagande religieuse ou politique du XVI° siècle à nos jour, la publicité et toutes les techniques contemporaines au nom barbare de marketing politique, storytelling ou psyops n’en sont que des variantes. Inversement, plusieurs décennies de travaux de psychologie sociale et de sociologie des médias, commencés dans années 1920, ressemblent à un long commentaire sur ce pouvoir présumé des médias, des leaders d’opinion, des conformismes sociaux, des minorités actives…. Dans la langue de tous les jours persuader et influencer son souvent utilisés comme synonymes.

Du coup, certains acteurs envisagent les politiques d’influence comme une stratégie du message destinée à «gagner les cœurs et les esprits» : faire parvenir des mots convaincants ou des images séduisantes à une population cible. Ce qui semble plus facile à notre époque de mondialisation de la communication : un douanier pouvait arrêter un libelle imprimé à l’étranger sous Napoléon, il n’arrête plus les ondes radio pendant la seconde guerre mondiale, ni aujourd’hui les télévisions par satellite et moins encore les électrons sur Internet. Encore faut-il que les messages trouvent des récepteurs prédisposés.

Contrôler : la stratégie du message peut être complétée par une stratégie du vecteur. Celui qui «fait l’agenda» comme disent les anglo-saxons, celui qui dirige l’attention sur un thème ou un débat, ou plus simplement, celui qui possède des médias où il peut faire prédominer une vision du monde

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