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La peste, Camus

Commentaire de texte : La peste, Camus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 371 Mots (10 Pages)  •  570 Vues

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ANDRIOLET SARA

E11-LT9 : DM sur LA PESTE

1er passage : de la ligne 21 page 119 à la ligne 24 page 121, de « Tarrou se carra… » à « une interminable défaite ».

Ce passage, extrait de La Peste d’Albert Camus, chronique fictive d’une épidémie de peste qui ravage Oran en 194., se situe peu après le prêche du père Paneloux, quand l’épidémie n’a pas encore atteint son paroxysme. Jean Tarrou s’est rendu compte que les moyens hospitaliers ne sont pas suffisants et a souhaité être reçu par le docteur Rieux pour apporter son soutien. Nous sommes ici au cœur du dialogue, qui devient un débat théologique et philosophique sur fond de tragédie, entre croyance absolue en un Dieu tout-puissant et lutte pour la vie.

Un Dieu tout-puissant

A la première lecture, il est difficile de ne pas remarquer ce jeu d’ombre et de lumière concernant Rieux surtout, mais également Tarrou : « Tarrou (…) avança la tête dans la lumière. », « Je suis dans la nuit », « son visage était (…) dans l’ombre », « en revenant dans la lumière », et pour finir, « Rieux parut s’assombrir. ». L’ombre et la lumière sont profondément ancrés dans la culture chrétienne, que ce soit de manière physique, comme les ténèbres qui étaient à la surface de la Terre au début de la création, mais aussi de manière plus allégorique : la lumière est apportée par Dieu, par la connaissance, en opposition aux ténèbres dans lesquelles vit l’homme ignorant et sans foi. Dans ce passage, on oppose Tarrou, qui entre dans la lumière tel un ange, et Rieux, qui reste dans l’ombre, à l’exception du moment où il exprime son sentiment d’être sur « le chemin de la vérité », comme une âme perdue qui a trouvé la foi.

Rieux mentionne Paneloux qui « parle au nom d’une vérité », une vérité, et non pas la vérité. Cette vérité, qui selon Jean dans son évangile (8 : 32) est censée libérer tout homme qui la trouvera. Cette vérité qui veut qu’un « Dieu tout-puissant » existe, qu’on puisse lui « laisser le soin » de guérir les hommes. Dans le Littré, il existe un mot qui est défini comme « Dieu qui met de l’ordre dans le monde » : ordinateur. L’ordre du monde, « réglé par la mort » selon Rieux, ce qui revient à dire que c’est Dieu qui a voulu la mort.

« Ce ciel », le ciel, est indissociable de Dieu dans la Bible. Première création de Dieu, dès le premier verset du premier chapitre de la genèse, il devient, par opposition à la terre qui est la demeure des hommes, la demeure de Dieu. Dominant la terre, obligeant ainsi les hommes à lever les yeux vers lui, omnipotent, le ciel, créant ainsi une métonymie, est devenu l’image de Dieu.

En face de Dieu, des hommes

Paneloux, dans son premier prêche, avait fait l’apologie de la misère, en avait « démontré l’excellence », un moyen utilisé par Dieu pour rappeler aux hommes sa toute-puissance et pour les punir de leur manque de foi. Chacun de nous a en tête l’exemple de la maladie envoyée par Dieu comme sixième plaie aux Egyptiens. Si Dieu, soulève Rieux, est tout-puissant, est-ce un manque de foi si « personne ne s’abandonnait totalement. » ?

Rieux a trouvé sa réponse personnelle : en « luttant contre la création », l’œuvre de Dieu, il a trouvé « le chemin de la vérité », cette même vérité, rappelons-le, qui doit libérer celui qui l’a trouvée. Oui, Rieux défend les hommes en essayant de les guérir, mais s’il les défend, cela veut donc dire qu’ils ont un ennemi. La colère divine, si elle n’est pas explicitement citée, est sous-entendue. Qui d’autre, quoi d’autre, est capable d’envoyer à l’homme une maladie qui apparaît, tue une partie de la population et disparait tout aussi soudainement ? Tarrou s’apprêtait-il à lui faire remarquer l’orgueil que cela implique ? Rieux le devance (prolepse), devance ses arguments. Oui, il « y faut de l’orgueil », orgueil honni par Dieu, l’un des sept péchés capitaux.

Orgueil, ou réaction légitime d’un homme qui souhaite aider les autres, dans un monde dont l’ordre est « réglé par la mort », face à un « ciel où il (Dieu) se tait » ? Tel Don Quichotte, Rieux a fait le choix de lutter, bien qu’il sache que ses « victoires seront toujours provisoires », et qualifie la peste d’ « interminable défaite ».

Tantôt évidentes, tantôt discrètes, les occurrences religieuses de ce passage mettent en relief l’impossibilité pour Rieux de croire en un Dieu plein d’amour et capable de créer la peste, et en même temps l’aspect inévitable et sans fin du combat des hommes. Lutter contre la maladie, est-ce remettre en cause l’existence de Dieu ? Dans la droite ligne de ce siècle « de la mort de Dieu », Albert Camus soulève un débat qui mériterait bien plus que ces quelques lignes.

2ème passage : de la ligne 12 page 196 à la fin de la page 199, depuis « Rieux se retourna… » à « …nous séparer. »

Le jour se lève sur le combat du petit Othon, frappé moins de 24h auparavant par la peste. Isolé de sa famille, il est veillé par les docteurs Rieux et Castel, Rambert, Tarrou et le père Paneloux, qui espèrent un effet positif du sérum injecté au petit garçon. Le combat s’achève en même temps que la nuit. D’une insoutenable violence, il sera révélateur pour le prêtre et le docteur, unis dans un combat plus proche qu’il ne paraissait au départ.

Quand l’innocence est prise pour cible par le mal

Il y a quelque chose d’obscène dans cette scène qui se déroule, rappelons-le, dans une école.

        La première lecture, superficielle, nous fait immédiatement penser au supplice du Christ, le sang, le « supplicié », les « larmes », la « passion », les « blasphèmes », avec une demande de pardon qui fait irrésistiblement remonter à nos mémoires la dernière supplique du Christ avant de mourir : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23 : 34).

        Néanmoins, d’autres images affluent : Job d’abord, Job incarnation même de la foi, éprouvé jusque dans sa chair par le Diable pour le faire renoncer à cette foi, alors que son Dieu semble aux abonnés absents. Job pour finir en appelle à la mort comme à une délivrance, et c’est bien à cette mort qu’en appelle le père Paneloux quand il demande : « Mon Dieu, sauvez cet enfant ».

        Moins évidente peut-être est l’image d’un exorcisme. Nous avons un enfant possédé par le Mal, dont les mains deviennent des « griffes », qui se débat « de toutes ses forces », le visage « figé dans une argile grise » et qui soudainement se met à crier d’une façon « si peu humaine », crier jusqu’à ce que son âme, ou le mal qui l’a envahi, soit sorti de lui. C’est là que s’achève son combat, qui ne laisse de lui qu’un corps « rapetissé », comme vidé, et des « larmes sur son visage ». Le père Paneloux, en tant que prêtre, lutte contre cette possession comme lors de tout exorcisme, en se laissant « glisser à genoux » et en priant Dieu de sauver cet enfant.

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