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Géopolitique : La diaspora libanaise

Compte rendu : Géopolitique : La diaspora libanaise. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2024  •  Compte rendu  •  2 589 Mots (11 Pages)  •  40 Vues

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La diaspora libanaise.

La diaspora libanaise, souvent appelée al-intishar qui signifie diffusion, propagation, est considérée comme l’une des plus grandes diasporas mondiales de par son ancienneté et son ampleur. En effet, elle rassemble aujourd’hui plus de douze millions de personnes, ce qui correspond à trois fois la population du Liban, répartie entre l’Amérique, l’Afrique de l’Ouest et l’Europe. Elle s’organise notamment autour de l'Union culturelle libanaise mondiale (ULC) une organisation internationale non gouvernementale indépendante fondée en 1960. La Guerre Civile de 1975 à 1990 est souvent citée comme la cause majeure de cette hémorragie démographique, pourtant, le Liban est un pays de vieille tradition migratoire. Celle-ci commence fortement sous domination ottomane, au XIXème siècle et reflète le contexte intérieur du pays. Le Liban à cette époque, est marqué par une grande diversité culturelle et religieuse. On distingue principalement les Musulmans chiites, sunnites qui sont majoritaires, aux Chrétiens principalement Maronites et aux Druzes. Cette diversité joue un rôle dans les tensions communautaires qui amènent dans les années 1860, les Chrétiens du Liban à émigrer dans un contexte d’affrontement avec les Druzes. De plus, l’insertion du Mont-Liban à cette époque dans les échanges économiques mondiaux et le développement de ses structures économiques encouragent une émigration marchande transatlantique. Ainsi, à l’aube de la Première Guerre mondiale, le nombre d’émigrés est de 300 000. 

Depuis, le Liban connaît de manière épisodique des vagues d’émigration, qui revêtent des caractéristiques différentes conjuguant mouvements de réfugiés et migrations économiques, selon les relations diplomatiques et la situation socio-économique du pays. 

Ainsi, en quoi la diaspora libanaise reflète-t-elle le contexte intérieur et les relations internationales du pays de 1975 à nos jours?

Tout d’abord, la diaspora libanaise résulte d’une émigration massive ayant pour cause l’instabilité gouvernementale et économique du pays. Les émigrés se répartissent dans différentes régions du globe, mais il est ici question de s'intéresser dans une deuxième partie au lien franco-libanais qui explique la présence conséquente de la diaspora sur son territoire. Enfin, il s’agira d’étudier le caractère des relations entre la diaspora et le pays d’origine.

Dans un premier temps, la diaspora ne peut être appréhendée sans une étude de la pluralité causale de l’émigration libanaise qui oscille entre migration forcée et migration marchande. A l’aube de la Guerre Civile, le Liban était considéré comme une terre d’immigration arménienne, kurde et palestinienne. Mais à partir de 1975, la guerre et l’insécurité provoque un renversement des mouvements migratoires : le Liban est aujourd’hui un pays d’émigration.

La Guerre Civile libanaise qui se déroule entre 1975 et 1990 est une des causes les plus marquantes de l’émigration et explique la taille conséquente de sa diaspora. Elle débute le 6 avril 1975, à l’occasion d’affrontements armés entre milices chrétiennes et celles de l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine. Elle est le résultat de l'intensification des tensions liées à la pluralité confessionnelle du pays, de la polarisation politique entre Druzes marxistes et Maronites capitalistes, de difficultés économiques alimentant les tensions sociales et d’une vaste vague d’émigration palestinienne causée par la déclaration d’indépendance d’Israël en 1947 et la guerre contre les pays arabes qui s’en suit. Ainsi elle est un mélange de tensions internes et externes. La Guerre du Liban est complexe. Elle est marquée par des violences entre communautés, au sein de mêmes communautés, par des assassinats politiques ainsi que par de multiples interventions étrangères qui fracturent davantage le pays, comme celle d’Israël et son opération Paix en Galilée, visant à démanteler l’OLP. Des attaques sont alors menées contre Palestiniens et Syriens. C’est dans ce contexte qu’a lieu le massacre de Sabra et Chatila en 1982 contre les Palestiniens et qui fait environ 500 morts. L’Accord de Taëf en 1990 met fin à la guerre qui fait environ 250 000 victimes civiles et cause l’exode de près d’un million de personnes fuyant violences et discriminations. On peut évaluer le bilan de l’exode des Libanais hors du Liban à 400 000. Ainsi, le pays est passé d’une population de 2 800 000 à 2 470 000 personnes. La guerre a beaucoup contribué à accroître les migrations de travail des Libanais vers les pays pétroliers de la péninsule arabique, d’autant plus qu’au même moment, ces “pétromonarchies” du Golfe, grâce au quadruplement du prix du pétrole à la fin de 1973, lancent des programmes ambitieux de création d’industries, nécessitant une main d’oeuvre abondante, à la fois qualifiée et non-qualifiée. Ces migrations vers les pays du Golfe touchent toutes les communautés libanaises. Ainsi, la perte quantitative est si importante qu’il apparaît nécessaire de faire appel à de la main-d'œuvre étrangère pour redynamiser le pays.

A l’issue de la Guerre Civile, L’Accord de Taëf a rétabli un semblant de stabilité politique, ainsi la paix permet au pays de retrouver une relance économique dans les années 90 et 2000, ce qui freine considérablement les départs. Mais le 4 août 2020, l’exode libanais est relancé. A cette date, l’explosion du port de Beyrouth, une des plus grandes explosions non-nucléaires de l'histoire, ravage la ville et plonge le pays dans de grosses difficultés. Elle cause de nombreuses destructions matérielles : des logements et des infrastructures clés pour le commerce dont le port ce qui amène le pays à son effondrement économique (hyperinflation de la Livre Libanaise, fermeture d’entreprises et montée du chômage). L’explosion a également généré une  onde de choc politique avec la démission du Premier Ministre Hassane Diab et a mis en lumière la corruption et la négligence généralisée de l’Etat libanais. Aujourd’hui le gouvernement a toujours des difficultés à se constituer, ce qui renforce l’incertitude des perspectives économiques et sociales. Ainsi, le nombre d’émigration a augmenté de 36% depuis août 2020, et a été appuyé par la diaspora déjà existante qui aident les Libanais à envisager l’émigration comme une option viable pour rechercher une stabilité et de meilleures opportunités.

Le 6 août 2020, Emmanuel Macron, président français, se rend au Liban après la double explosion qui a ravagé la ville. Il déclare la formule suivante : “parce que c’est vous, parce que c’est nous [...] Nos destins sont noués indéfectiblement par les liens du temps, de l'esprit, de l'âme, de la culture, des rêves”. Ainsi, il rappelle le lien fort existant entre le Liban et la France.

Les communautés libanaises sont installées en Amérique, principalement au Brésil et aux Etats-Unis, dans les pays du Golfe principalement en Arabie Saoudite, en Afrique de l’Ouest ainsi qu’en Europe du Nord, où ils sont majoritaires en France à hauteur de 225 000 personnes. Le pays apparaît ainsi comme un des hôtes privilégiés de la diaspora. 

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