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Explication de texte - Ménuret de Chambaud, extrait de l’article « OEconomie animale »

Commentaire de texte : Explication de texte - Ménuret de Chambaud, extrait de l’article « OEconomie animale ». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Septembre 2023  •  Commentaire de texte  •  4 344 Mots (18 Pages)  •  148 Vues

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« Il nous suffira de remarquer en général, que le corps humain est une machine de l’espece de celles qu’on appelle statico-hydraulique, composée de solides & de fluides, dont les premiers élemens communs aux plantes & aux animaux sont des atomes vivans, ou molecules organiques : représentons-nous l’assemblage merveilleux de ces molécules, tels que les observations anatomiques nous les font voir dans le corps de l’homme adulte, lorsque les solides ont quitté l’état muqueux pour prendre successivement une consistance plus ferme & plus proportionnée à l’usage de chaque partie : représentons-nous tous les visceres bien disposés, les vaisseaux libres, ouverts, remplis d’une humeur appropriée, les nerfs distribués par tout le corps, & se communiquant de mille manieres ; enfin toutes les parties dans l’état le plus sain, mais sans vie ; cette machine ainsi formée ne differe de l’homme vivant que par le mouvement & le sentiment, phénomenes principaux de la vie vraissemblablement réductibles à un seul primitif ; on y observe même avant que la vie commence, ou peu de tems après qu’elle a cessé, une propriété singuliere, la source du mouvement & du sentiment attachée à la nature organique des principes qui composent le corps, ou plutôt dépendante d’une union telle de ces molécules que Glisson a le premier découverte, & appellée irritabilité, & qui n’est, dans le vrai, qu’un mode de sensibilité. Voyez Sensibilité.

Dès que le souffle vivifiant de la divinité a animé cette machine, mis en jeu la sensibilité des différens organes, répandu le mouvement & le sentiment dans toutes les parties, ces deux propriétés diversement modifiées dans chaque viscere, se réproduisent sous un grand nombre de formes différentes, & donnent autant de vies particulieres dont l’ensemble, le concours, l’appui mutuel forment la vie générale de tout le corps ; chaque partie annonce cet heureux changement par l’exercice de la fonction particuliere à laquelle elle est destinée ; le coeur, les arteres & les veines, par une action singuliere, constante, jusqu’ici mal déterminée, produisent ce qu’on appelle la circulation du sang, entretiennent le mouvement progressif des humeurs, les présentent successivement à toutes les parties du corps ; de-là suivent 1°. la nutrition de ces parties par l’intus-susception des molécules analogues qui se moulent à leur type intérieur ; 2°. la formation de la semence, extrait précieux du superflu des parties nutritives ; 3°, les sécrétions des différentes humeurs que les organes appropriés sucent, extraient du sang, & perfectionnent dans les follicules par une action propre ou un simple séjour ; 4°. de l’action spéciale, & encore inexpliquée de ces vaisseaux, mais constatée par bien des faits, viennent les circulations particulieres faites dans le foie, les voies hémorroïdales, la matrice dans certain tems, le poumon & le cerveau, & peut-être dans tous les autres visceres. Le mouvement alternatif de la poitrine & du poumon, attirant l’air dans les vésicules bronchiques, & l’en chassant successivement, fait la respiration, & contribue beaucoup au mouvement du cerveau […] ; l’action des nerfs appliquée aux muscles de l’habitude du corps, donne lieu aux mouvemens nommés volontaires ; les nerfs agissans aussi dans les organes des sens externes, l’oeil, l’oreille, le nez, la langue, la peau, excitent les sensations qu’on appelle vue, ouïe, odorat, goût, & toucher ; le mouvement des fibres du cerveau (de concert avec l’opération de l’ame, & conséquemment aux loix de son union avec le corps), déterminent les sensations internes, les idées, l’imagination, le jugement & la mémoire. Enfin, le sentiment produit dans chaque partie des appétits différens, plus ou moins marqués ; l’estomac appete les alimens ; le gosier, la boisson ; les parties génitales, l’éjaculation de la semence ; & enfin tous les vaisseaux sécrétoires, l’excrétion de l’humeur séparée, &c. &c. &c. toutes ces fonctions se prêtent un appui mutuel ; elles influent réciproquement les unes sur les autres, de façon que la lésion de l’une entraîne le dérangement de toutes les autres, plus ou moins promptement, suivant que sa sympathie est plus ou moins forte, avec telle ou telle partie ; le désaccord d’un viscere fait une impression très-marquée sur les autres […]. L’exercice quelconque de ces fonctions, établit simplement la vie ; la santé est formée par le même exercice, poussé au plus haut point de perfection & d’universalité ; la maladie naît du moindre dérangement […].

La mort n’est autre chose que son entiere cessation. Six causes principales essentielles à la durée de la vie, connues dans les écoles sous le nom des six choses non naturelles, savoir, l’air, le boire & le manger, le mouvement & le repos, le sommeil & la veille, les excrétions, & enfin les passions d’ames entretiennent par leur juste proportion cet accord réciproque, cette uniformité parfaite dans les fonctions qui fait la santé ; elles deviennent aussi lorsqu’elles perdent cet équilibre les causes générales de maladie. »

Ménuret de Chambaud, extrait de l’article « OEconomie animale »

de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers,

publiée sous la direction de Diderot et D’Alembert

L’article « Œconomie animale », extrait de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et D’Alembert, a été écrit par Ménuret de Chambaud. Médecin de profession et participant actif au courant vitaliste de l’École de Montpellier. En effet, il commença à travailler pour l’Encyclopédie à partir du tome VIII et y apporta une centaine d’articles. Cet ensemble d’écrits sera le plus considérable et le plus cohérent concernant le corpus médical de l’Encyclopédie. Si cette dernière a été un haut-lieu de dissémination de la pensée vitaliste, c’est grandement grâce à Ménuret et son apport.

Avant d’entamer la compréhension de la pensée de Ménuret de Chambaud et d’analyser son texte, il est important de se poser la question de ce que signifie « l’œconomie animal ». Le mot « œconomie » vient du grec ancien et est formé de deux mots : οἰϰος, maison, et νομος, loi. Traduit stricto sensu cela veut donc dire « les lois de la maison ». Par extension, cela qualifie donc l’ordre inhérent au fonctionnement d’un objet donné. Le concept d’œconomia animalis a été élaboré par les physiologistes du XVIIIème siècle et est fondé sur la représentation vitaliste de l’école de Montpellier, ainsi que sur les théories médicales anglaises qui positionnaient le système nerveux au centre de l’organisme. Le vitalisme de Montpellier, école dont font partie les médecins Bordeu, Barthez ou encore Ménuret de Chambaud pour ne citer qu’eux, peut prendre différentes formes suivant la relation qu’entretient le membre de cette école avec le mécanisme, le machinisme ou encore leurs potentiels penchants matérialistes. Cette école considère qu’il existe en chaque être vivant un vis vitalis ou principe vital et associe ce dernier à la sensibilité, qui selon eux est une propriété irréductible du vivant. Ainsi, l’idée d’économie animale s’intéresse à l’ensemble des opérations qui régissent et organisent le fonctionnement du corps vivant. 

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