Portrait de Troïle

📜 Texte original (Caractère 13, Livre V) :

« Troïle décide de tout ; il parle sur la guerre, sur la marine, sur les finances, sur la politique, sur la religion, sur la littérature : il entre dans un jardin, il en juge dès la porte, et dit ce qu’il en faut penser ; il s’y connaît en bâtiments, en tableaux, en médailles, en pierreries, en armes, en étoffes ; il ne doute de rien, et se croit universel. »

🎭 Portrait de Troïle

Troïle est ici un archétype du présomptueux : celui qui prétend tout savoir et donner son avis sur tout, même sans compétence.

🔍 Analyse point par point

Élément du texte Sens

« décide de tout » Il ne discute pas, il impose ses jugements comme des vérités.

« parle sur la guerre, la marine, les finances... » Il intervient dans tous les domaines sans distinction, même les plus complexes.

« juge un jardin dès la porte » Il porte des jugements hâtifs, sans observation ni réflexion.

« s’y connaît en tout » Il se présente comme expert universel, ce qui est absurde.

« ne doute de rien » Il est plein d’assurance, mais vide de réelle connaissance.

« se croit universel » Il incarne la prétention totale, l’illusion de tout savoir.

🎯 Ce que critique La Bruyère

L’orgueil intellectuel : Troïle parle comme s’il était infaillible.

L’illusion de compétence : il croit tout comprendre parce qu’il a un avis sur tout.

Le manque d’humilité : il ne doute jamais, ce qui empêche tout véritable échange.

La superficialité du jugement : il juge vite, mal, sans recul.

💡 Sens moral

La Bruyère condamne ici un comportement social répandu dans les salons :

Celui qui se prend pour un esprit universel, qui veut briller dans toutes les conversations, mais qui, en réalité, révèle son ignorance et fatigue tout le monde.

Troïle, comme d’autres personnages des Caractères, est une caricature d’un vice intellectuel : la prétention au savoir total, sans écoute ni mesure.

✅ En résumé

Troïle, dans le Caractère 13 du Livre V, est un prétentieux universel qui parle de tout avec aplomb, sans compétence réelle.

Il incarne la fatigue que provoquent les faux savants dans la société.

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