La fête : parenthèse exceptionnelle dans notre vie quotidienne

La fête, parenthèse extraordinaire dans la vie quotidienne.

En ces temps difficiles de confinement où tout type de rassemblement, qu’ils soient familiaux, sportifs ou même festifs, sont prohibés, le caractère extraordinaire des fêtes n’en est que souligné. Le corpus de documents qui nous est confié traite de cette parenthèse extraordinaire qu’est la fête dans notre vie quotidienne. Mais quelles caractéristiques confèrent à ces évènements la qualification d’extraordinaire ? A travers les trois textes et le document iconographique qui compose le corpus, nous définirons d’abord la fête dans son contexte général, puis nous appuierons sur l’ensemble des particularités qui la rende exceptionnelle.

De tout temps, en tout lieu, la fête présente des caractères identiques.

Dans un premier temps, la fête est caractérisée par un rassemblement d’individus. En effet, comme l’indique Roger Caillois (1913-1978) dans son essai « L’Homme et le Sacré » paru aux éditions Gallimard en 1950, il s’agit de rassemblements massifs, qu’il définit comme un déchaînement collectif. Il en est de même pour la fête organisée par Gervaise Macquart, personnage principal de « l’Assommoir » d’Emile Zola paru en 1877, qui souhaite rassembler douze personnes autour de sa table pour fêter l’ouverture de sa boutique. Cette définition primaire de la fête est également illustrée à travers un selfie où l’on peut voir huit personnes réunies lors d’une fête en 2016.

La fête est donc définie par la réunion d’êtres humains qui s’adonnent à des activités communes telles que danser, manger et boire. Dans « l’Assommoir » d’Emile Zola, l’ouverture de la boutique se fête autour d’une table, à travers un repas copieux. Roger Caillois explique dans son essai « L’Homme et le Sacré » que la définition de la fête est toujours constituée de la danse, le chant, l’ingestion de nourriture et la beuverie. La beuverie est également considérée comme un élément souvent important dans la célébration comme indiqué par Jean Cazeneuve dans son essai « La vie dans la société moderne », paru en 1982. Ce texte fait également référence aux divers chants, bruits et danses qui participent au dépaysement qu’est la fête.

On peut également noter que la fête s’inscrit toujours dans le temps par une durée. Peu importe la longueur, la fête a toujours un début et une fin. C’est un évènement temporaire, une parenthèse. La fête de madame Macquart dans « l’Assomoir » d’Emile Zola ne dure que le temps d’un repas, cependant, il apparaît dans le l’essai de Roger Caillois que ces évènements peuvent parfois s’étendent sur plusieurs semaines, voir plusieurs mois, entrecoupés de périodes de repos. Dans ces deux textes, tout comme dans l’essai de Jean Cazeneuve, il est mis en évidence que chaque fête à une fin, ici modélisée par la mort, un achèvement irrémédiable. Il décrit également la fin d’une fête comme le retour à la vie normale, ordinaire. Cette dernière affirmation nous permet d’appuyer sur le caractère extraordinaire de la fête.

La fête est donc un rassemblement d’individus, s’adonnant a des activités ordinaires, telles que manger, danser et boire, pendant un certain temps. Mais alors, qu’est-ce qui fait de la fête un évènement « extraordinaire » ? Le caractère extraordinaire de la fête est démontré par l’impact de ces évènements sur le comportement des individus.

Avant tout, la fête est associée à une rupture avec la vie quotidienne. Jean Cazeneuve, décrit dans son essai « La vie dans la société moderne » le caractère exceptionnel et marginal de la fête comme une rupture avec l’ordre habituel, ordre qui reprendra son cours une fois la fête terminée. Dans le même sens, l’essai de R. Caillois place « l’effervescence de la fête » en opposition avec « la vie régulière ». Elle apparait alors comme une nécessité sociale pour rompre avec la monotonie de la vie courante.

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