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Dossier Exil-Ailleurs

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Par   •  27 Avril 2016  •  Dissertation  •  2 788 Mots (12 Pages)  •  885 Vues

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L’exil, souvent vécu comme une coupure, une perte, est, comme nous le savons, le fait de quitter son pays d’origine de grès ou de force. Situation conduisant vers des réflexions, des sentiments et des sensations nouvelles, l’exil est un sujet complexe étant donné les multiples questionnements qu’il amène. Il remet, entre autre, en question la notion de frontière, de territoire, apporte un questionnement identitaire important ou encore celui de la mémoire, de la tradition. De plus, il est certain que l’exil se trouve à mi-chemin entre un « ici » et un « ailleurs » qui peuvent former une tension chez le sujet de cet exil. En effet, définir qu’elle part d’ici et qu’elle part d’ailleurs nous avons en nous n’est pas aisé puisque ces parts sont en constante évolution.

Si l’exil a toujours existé dans l’histoire humaine comme une nécessité et a longtemps été une condamnation faite en justice avec par exemple Platon qui s’exila après la mort de Socrate, Victor Hugo qui fuit la police de Louis-Napoléon après l’avoir accusé de haute trahison ou encore Machiavel banni de Florence suite à la défaite du Prato, il est indéniable que le nombre de migrants a considérablement augmenté depuis le XXe siècle. Cette évolution est certainement due à l’amélioration des moyens de transports mais surtout aux grandes guerres qu’a connu le XXe siècle ainsi qu’aux colonisations européennes qui, entre autre, ont permis aux entrepreneurs d’embaucher directement dans les villages, notamment du Maghreb pour la France, une main d’œuvre à coût réduit. De plus, ce thème est en prise directe avec l’actualité puisque des milliers de migrants fuyant la guerre au Moyen-Orient foulent chaque jour le territoire européen en quête d’une vie meilleure. Ainsi, bien que le thème de l’exil ait été traité dans l’art depuis des centaines d’années, particulièrement dans la poésie, il est intéressant d’analyser la question suivante : Comment l’art contemporain rend-il compte du thème de l’exil? Pour se faire, nous examinerons dans un premier temps la notion de mémoire, puis dans un second temps nous étudierons le questionnement identitaire et nous finirons avec le rapport entre intégration et intégrité.

[pic 1]

Sur l’image ci-dessus on peut voir des chaises entassées les unes sur les autres avec sur l’assise des collages photographiques représentant des visages. Tout d’abord, il est important de savoir que l’artiste, JR, a investi la partie en ruine d’Ellis Island avec ces collages photographiques. Ils mettent en scène des immigrés étant passés par ce lieu historique d’immigration. Ainsi, il est possible de voir un enfant allongé sur un sommier1ou encore un groupe de personnes monter les escaliers2. Cette image-ci véhicule plusieurs messages intéressants. Premièrement, les chaises amoncelées montrent les conditions précaires d’accueil. En effet, les immigrés arrivaient en nombre avec pour but de passer la frontière, toutefois ils pouvaient demeurer plusieurs mois à Ellis Island en attente d’une réponse, ils étaient donc nombreux dans des espaces souvent réduits. Deuxièmement, JR a particulièrement installé des collages photographiques aux murs sur cette série précise. Cependant, la photographie choisie met en scène des visages sur des assises de chaises. Quel est donc le message qu’a voulu nous faire passer l’artiste ?

Nous pouvons remarquer que les chaises sont quasi identiques, le matériau est le même (bois) et la forme des chaises ne varie que sur le dossier dont les angles sont principalement rectangulaires mais qui, sur certains modèles, sont courbés. Ceci laisse penser que ces chaises sont issues d’un même fabriquant voire d’une fabrication à la chaine. Le choix de ces chaises et celui d’y coller des visages peut vouloir montrer que ces exilés étaient réduits à l’état d’objets. De plus, la ressemblance des chaises peut laisser penser qu’ils étaient vus comme étant tous semblables, sans histoire singulière. Peut-être que dans l’esprit des hommes et des femmes qui les accueillaient à Ellis Island, ils étaient perçus comme provenant d’une Europe qui produisait des exilés à la chaine.

C’est aussi grâce au travail d’artistes contemporains, tel que JR, que la mémoire de certaines périodes ou de lieux historiques persiste. Ce point d’entrée sur le sol américain qu’ont franchi des millions de personnes est désormais en partie un lieu touristique, l’autre partie qui est abandonnée est celle investie par JR. Son travail s’avère presque documentaire puisqu’il réutilise des photos d’immigrés prises à Ellis Island. Il permet de faire revivre d’une certaine manière ce lieu de transition entre la vie attendue, espérée et l’autre laissée derrière, lointaine. De plus, il apporte une sensibilisation au sujet complexe de l’exil, entre l’attente d’un nouveau « chez soi » et à la fois le deuil de l’ancien.

[pic 2]

Bruno Catalano a créé une série de sculptures nommée « Voyageurs », elles se présentent toutes plus ou moins comme celle-ci. Faites de bronze, et représentant un homme, une femme ou même les deux à taille quasi réelle, ces sujets possèdent un grand trou au niveau du ventre et une valise. Cette sculpture-ci se nomme « Le Grand Van Gogh », le visage en a en effet les traits.  Tout d’abord, nous pouvons dire que l’artiste a fait des choix qui ne sont pas anodins, comme celui du lieu, ou encore du matériau. Bruno Catalano a choisi comme matériau le bronze, fort et résistant, marquant ainsi un contraste avec le vide que possède la sculpture car ce vide symbolise les faiblesses, mais surtout les manques du voyageur, il veut montrer le vide que peut créer l’exil. Ce vide est dû à la perte voire à l’abandon de sa terre natale, de ses amis, de sa famille, de sa vie. C’est alors que le choix du bronze prend du sens car il symbolise la force, nécessaire pour aller de l’avant et ne pas se laisser abattre. Par  ailleurs, on voit à ses pieds que le Grand Van Gogh est en mouvement, il tente d’avancer. Son pas semble lourd, la force qu’il requiert l’épuise peut-être, cependant la volonté d’avancer vers le lieu, la société ou bien les personnes qui comblerons –partiellement ou non- le vide qu’il a en lui est plus forte que l’envie de s’abandonner soi-même. Éventuellement, ce Grand Van Gogh a la sensation qu’il s’est déjà abandonné lui-même en quittant les siens. Comme le disait Edmond Haraucourt dans Rondel de l’adieu  « Partir c’est mourir un peu ». C’est pourquoi le questionnement identitaire entre en jeu, le départ fait perdre une partie de soi. L’exil change profondément les personnes car durant leur voyage elles sont confrontées à de multiples  expériences souvent difficiles. A l’arrivée l’exilé n’est plus ce qu’il était à son départ et va possiblement encore subir des changements. Son arrivée lui permettra certainement d’acquérir une nouvelle perception du monde avec à la fois l’ouverture et la crainte d’une culture et de mœurs différentes, sources éventuelles de confusion : adaptation entre passé, avec une période d’introspection pour tenter de ne pas l’oublier, et présent, période dite d’intégration. C’est pourquoi la question de l’identité est si importante et peut être considérée comme le noyau central de nombreuses œuvres contemporaines traitants l’exil.

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