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Commentaire comparatif, le poids de la filiation dans La Route de Joe Penhall

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Par   •  5 Novembre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 850 Mots (8 Pages)  •  561 Vues

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Le poids de la filiation dans La Route

Le film La route (2009), écrit par Joe Penhall et réalisé par John Hillcoat, est une adaptation cinématographique du roman éponyme de Cormac McCarthy (2006). L’histoire se déroule en Amérique, dans un contexte post-apocalyptique où la terre dévastée est en permanence recouverte de cendres. La faune et la flore ont pratiquement disparu, et l’humanité est formée de quelques survivants, devenus barbares et dangereux. Sur une route menant vers l’océan au sud, un père et son fils, nommés « l’homme » et « le petit » dans le roman, poussent un caddie rempli de tout ce qu’ils peuvent trouver d’utile à leur survie. L’opposition des deux mondes entre lesquels ils se trouvent, l’avant et l’après de l’apocalypse, donne une valeur vitale à la relation père-fils. Quelles connaissances du passé peuvent, et doivent, être léguées dans un monde sans avenir? Cette analyse se penche sur le poids de la filiation, et plus précisément sur la façon dont ce thème se transpose du livre à l’écran. L’adaptation transforme des éléments littéraires du roman, qui en créent le sens, à l’aide de procédés cinématographiques. Une recherche des équivalences, réalisant ce même sens mais dans un média différent, est alors nécessaire dans le processus d’adaptation de la production, du récit et de la narration.

D’abord, du côté de la production, l’adaptation de La route a commencé un an après la publication du livre (2006), puis est sorti en 2009. Le titre original a été conservé tel quel, et l’œuvre de McCarthy est clairement mentionnée dans le générique du film, sur l’affiche, dans la bande-annonce, etc. Bien que le réalisateur John Hillcoat et le scénariste Joe Penhall du film soient australiens, La route a été produit aux États-Unis, qui est aussi le pays d’origine du roman. La direction du film tente de le rapprocher le plus possible à l’œuvre originale, par exemple en engageant des acteurs qui collent aux quelques descriptions des personnages. Viggo Mortensen, dans le rôle de l’homme, et Kodi Smit-McPhee, dans celui du petit, sont ainsi filmés avec leur maigreur, leur saleté et leurs parkas en lambeaux. Tout comme dans le roman, ils ne sont pas nommés, leur conférant une dimension universelle. Avant le début du tournage, le designer de la production Chris Kennedy, australien également, s’est beaucoup renseigné sur les catastrophes naturelles qui se sont passés dans les dernières années aux États-Unis et sur les sites naturels les plus impressionnants de ce pays. Ses recherches ont arrêté son choix, pour les lieux de tournage, sur les régions frappées par l’ouragan Katrina (2005) en Lousiane, la dépression creusée par le passage des glaciers qu’est le lac Érié et les zones minières en Pennsylvanie, les grandes chutes d’eau d’Oregon et le volcan actif relâchant encore des cendres et des nuées ardentes du Mont Saint Helens. Il était très important pour Hillcoat et Kennedy de « comprendre la façon dont les paysages et, visuellement, les choses fonctionnent dans les histoires et les émotions à un niveau plus complexe que simplement ce que le scénario décrit. » Un grand souci du réalisme est présent dans le décor, mais aussi dans tout le processus de production de l’adaptation. Se référant constamment à la réalité et au roman, l’œuvre tente d’être la plus transparente et fidèle possible.

Du côté du récit, aucun contexte spatio-temporel précis n’est donné, mais dans le film, au début, l’homme précise succinctement l’apocalypse et le temps : « Il y a eu comme un éclair, suivi de plusieurs secousses. On doit être en octobre, mais je n’en suis pas sûr après toutes ces années. » Le livre commence avec l’homme qui se réveille dans les bois, la nuit, suite à un mauvais rêve étrange dans une grotte, avec une créature aveugle et titubante. Cette scène est reprise pour le début du film, avec l’homme qui en se réveillant pose sa main sur la poitrine du petit endormi pour vérifier sa respiration, mais le cauchemar du roman est remplacé par des souvenirs paisibles de la vie avant l’apocalypse : une cour ensoleillée, des fleurs, des oiseaux qui gazouillent, la femme en robe d’été, un cheval… « de petits fragments de vie que nous prenons pour acquis. » Le contraste visuel entre la clarté chaude et réconfortante de la cour et le réveil dans la forêt sombre et froide est alors accentué. La présence d’un « avant », davantage montré dans le film que dans le roman, notamment avec la présence plus significative de la femme dans les retours en arrière, met en valeur l’« après ». Alors que, dans le livre, McCarthy nous y plonge sans détour. Les évènements majeurs du roman sont conservés dans l’adaptation, mais sont souvent déplacés ou condensés. Notamment, la scène de chute des arbres (p. 90-91) est repoussée à la fin du roman (1h13min.) et la longue scène de fouille du bateau échoué par le père, qui s’étend sur plusieurs pages (p. 199-213), durent à peine une minute dans le film (de 1h20min.49sec. à 1h21min.53sec.) Selon Morency, « transposer à l’écran […], c’est inévitablement réduire, résumer, dénaturer. » C’est pourquoi la direction d’un film doit « choisir un texte où l'écriture est davantage transparente, où elle joue un rôle mineur, effacé. C'est le cas de récits policiers, d'aventure ou d'espionnage, plus riches en actions qu'en qualités littéraires et donc plus faciles à transposer au cinéma ». Est-ce que c’est donc cette facilité, ce potentiel qui a mené Hillcoat à adapter La route de McCarthy?

Du côté de la narration, il est vrai qu’un certain potentiel d’adaptabilité cinématographique se dégage du roman.

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