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Chroniques d’Anna-Magdalena Bach

Commentaire d'oeuvre : Chroniques d’Anna-Magdalena Bach. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Février 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 335 Mots (6 Pages)  •  456 Vues

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Chroniques d’Anna-Magdalena Bach

De Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (1967)

        

        Premier long métrage de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (93min), la chronique d’Anna-Magdalena Bach est un de leurs rares films à avoir connu le succès du grand public.

Il n’y a jamais eu de texte […] on a dû bâtir du texte pour établir un récit : d’après le registre des comptes de la cour de Cöthen, d’après Le Nécrologue de Carl Philipp Emanuel Bach et surtout, d’après des lettres de Bach où il dit : « je », elle dit « il » ou « Sebastian ». Cette chronique-là est une fiction de notre part. [1] 

C’est donc l’une des rares œuvres à ne pas être une adaptation directe -pour le commentaire en tout cas- d’une œuvre préexistante dans la filmographie de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet.

 Dans un premier temps, j’essayerais d’analyser le contenu de l’œuvre cinématographique présentée pour ensuite questionner la pertinence de ce type d’adaptation entre fiction et réalisme d’une œuvre à la fois littéraire et musicale.

La chronique d’Anna-Magdalena Bach est avant tout une chronique, c’est-à-dire (selon la définition du dictionnaire) un recueil de faits historiques rédigé en respectant un ordre chronologique. Le film correspond tout à fait à cette définition du fait qu’il nous présente, sous la forme d’une confession ou d’un journal intime lu, un commentaire chronologique de la vie d’Anna-Magdalena Bach, et par extension de son mari (elle est la deuxième épouse de celui-ci) Jean-Sébastien Bach.

Certains thèmes semblent se dégager de ce commentaire du quotidien des personnages principaux, à savoir la mort, les dirigeants (princes et rois), Dieu et les problèmes d’argent et d’entente avec ses collaborateurs. A cette époque, la mort touchait chaque foyer car il était difficile d’élever des enfants dans de bonnes conditions de vie et ils finissaient par mourir s’ils étaient fragiles comme c’est conté dans le film. Par conséquent, les familles se vouaient à Dieu afin qu’il veille sur eux et, vivant en monarchie, elles se devaient de louer le roi autant que Dieu. De plus, Jean-Sébastien Bach, revisitant les codes musicaux classiques, ancrés dans leur époque, a dû se battre avec ses contemporains pour s’y faire une place. On comprend, au fur et à mesure des commentaires d’Anna-Magdalena, que des représentants de la municipalité de Leipzig ne voulaient pas de Jean-Sébastien en tant que musicien reconnu et il a fallu que celui-ci contacte, parfois un prince, parfois le roi lui-même pour obtenir ce qu’il voulait (au sein de l’internat dans lequel il travaillait par exemple).

Cependant, un thème sous-jacent au commentaire est aussi traité, c’est le thème de l’amour d’Anna-Magdalena pour son mari. C’est parce que l’histoire de Jean-Sébastien est racontée par elle que nous comprenons toute l’affection qu’elle a à son égard. Elle joue même de sa musique par moments et son implication dans les problèmes de son mari transparait à travers les commentaires. D’ailleurs, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet admettent cela ouvertement : « je crois qu’on avait d’abord envie de raconter une histoire d’amour »1

Mais le film est principalement lié à la musique de Jean-Sébastien et chaque commentaire d’Anna-Magdalena est ponctué par un extrait conséquent des musiques qu’elle cite. Ces extraits sont des mises en scène, en costume d’époque, de représentations ou de répétitions des œuvres de Jean-Sébastien parfois jouées par Anna-Magdalena. Ici les extraits musicaux sont principalement tous présentés par une image de leur partition ou tout simplement le nom et descriptif de cette œuvre. Le fait d’alterner commentaire et musique nous immerge dans l’histoire de cette femme et son mari, et sa passion pour la musique.

Cependant, le contenu visuel n’est pas toujours la simple illustration de la musique. Il y a à plusieurs reprises des scènes de fiction, sans musique de la vie des deux « héros » du film, qui cette fois appuient le commentaire de la voix off et il y a aussi des plans de coupes à deux reprises sur des images de mer au moment des finals d’œuvres de Jean-Sébastien.

On peut maintenant s’interroger sur la pertinence de cette adaptation des œuvres de Jean-Sébastien Bach. C’est, d’après mes recherches, la première œuvre cinématographique traitant de Jean-Sébastien Bach, et le fait de ne pas l’avoir traité directement, par une simple adaptation biographique, est déjà un fait particulier. L’adaptation des ses œuvres est ici faite chronologiquement, au fur et à mesure que le commentaire audio avance dans la vie des deux personnages.

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