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Le Pérugin-George Grosz-Vision De L'espace Urbain

Note de Recherches : Le Pérugin-George Grosz-Vision De L'espace Urbain. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Octobre 2014  •  2 425 Mots (10 Pages)  •  1 309 Vues

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Le Pérugin est un peintre italien de la Renaissance qui a été l’élève de Verrocchio et le maître de Raphael et qui a peint principalement des tableaux religieux. George Grosz est un peintre allemand de la première moitié du XXe siècle et fut un membre important du mouvement Dada. Les deux œuvres La remise des clefs à Saint Pierre du Pérugin et La grande ville de George Grosz nous proposent une scène située en milieu urbain, par conséquent une vision de l’espace urbain propre à leur époque. En effet, la première s’inscrit dans la période Renaissance tandis que la seconde date du début du XXe siècle. Toutes deux relèvent d’une composition organisée et réfléchie qui traduit la vision de chacun des peintres quant à l’univers urbain.

Nous ferons dans un premier temps une analyse plastique comparative et nous replacerons, dans une seconde partie, les œuvres dans leurs contextes historiques et artistiques respectifs.

La remise des clefs à Saint Pierre du Pérugin, est une fresque qui a été réalisé vers 1482 et qui s’inscrit donc dans la Renaissance. Elle se trouve dans la Chapelle Sixtine et résulte d’une commande pour la décoration de cette chapelle. Sa taille est supérieur à l’échelle humaine puisqu’elle mesure environ 300 cm sur 200 cm. Tout d’abord, nous pouvons voir au premier plan de la composition un ensemble de personnages disposés de façon linéaire pour faciliter la lecture et centrés sur Jésus remettant les deux clefs du Paradis à Saint Pierre agenouillé devant lui à droite. Ils sont entourés des apôtres, reconnaissables à leurs auréoles. Le Pérugin s’est lui-même représenté parmi les personnages. C’est le cinquième personnage de la partie droite en partant de la droite. La scène principale est encadrée par les lignes en perspective d’un pavement à grosses dalles carrées qui donnent sur des édifices monumentaux. Sur la place se déroulent deux scènes également tirées des Evangiles : la tentative de lapidation du Christ à droite et le paiement du tribut à gauche. Il y a une certaine symétrie dans la composition qui est visible grâce aux lignes de fuite qui fuient jusqu’à la porte de l’édifice central et grâce aux deux arcs de triomphes disposés de façon symétrique. En arrière-plan, au-delà de la scène, on aperçoit un paysage de verdure et de collines. Enfin, le spectateur à une vue frontale sur la scène ce qui permet un effet de proximité entre lui et le tableau. La grande ville de George Grosz est une huile sur toile, beaucoup plus récente puisqu’elle a été réalisée entre 1916 et 1917. Ce tableau fait partie de la collection Thyssen Bornemisza, est exposé à Lugano et mesure 103 cm sur 105 cm. Au premier plan, nous pouvons voir une foule importante, agitée et en mouvement. En effet les personnages courent dans tous les sens. Le second plan est occupé par des bâtiments qui donnent sur deux rues, elles-mêmes occupées par la foule, plus petite en raison de l’éloignement progressif. L’angle central est marqué par le lampadaire, ligne verticale qui s’oppose aux nombreuses lignes obliques et horizontales de la composition et qui introduit la aussi une idée de symétrie. Enfin, l’arrière-plan est composé par d’autres bâtiments plus éloignés. George Grosz a choisi un point de vue en plongée pour montrer une vision panoramique de la ville, accentuant ainsi son étendue. En somme, les compositions de ces deux œuvres sont différentes mais toutes les deux hiérarchisées selon une notion d’éloignement et demandent donc au spectateur une lecture progressive c’est-à-dire médiate.

Dans La remise des clefs à Saint Pierre, il y a une vraisemblance spatiale grâce à la perspective, nouvel enjeux de la Renaissance en matière architecturale et picturale. En effet, les lignes de fuite, qui sont les lignes du pavement, fuient vers la porte du bâtiment central, et créent ainsi l’illusion de profondeur qui est amplifiée par la symétrie de la composition et le paysage en arrière-plan. De plus, les personnages rapetissent au fur et à mesure de l’éloignement spatial ce qui donne encore ici une impression de profondeur. Dans ce tableau, l’espace est donc représenté de manière très structurée et équilibrée. En revanche, George Grosz a, lui, représenté l’espace certes de manière symétrique, mais dans un langage beaucoup plus abstrait et géométrique. Il a tout de même introduit une notion de perspective avec un axe central qui divise le tableau en deux. Mais l’espace paraît moins structuré et plus flou, de par les formes et la multitude d’éléments qui composent le tableau. En effet, on observe des contrastes d’échelle et des superpositions, contraires aux règles du réalisme. En outre, dans le traitement des personnages, le Pérugin a cherché à donner une impression de volume et de vraisemblance. Cela est visible grâce à la complexité des plis des drapés et au rôle du modelé c’est-à-dire les valeurs, qui donnent cette impression de volume et de poids. De plus, la notion de mouvement est introduite dans le tableau, notamment pour les personnages des deux scènes du second plan. Toutefois, au premier plan, les postures des personnages restent encore assez figées. En revanche, les personnages sont individualisés et ont des traits qui leur sont propres. Dans La grande ville, les personnages sont traités de manière beaucoup plus abstraite. En effet, ils sont géométrisés et leurs visages s’apparentent à des masques et ne sont donc pas vraisemblables. La notion de mouvement est là aussi introduite de manière plus flagrante, puisque les personnages sont représentés en train de courir et la foule toute entière est en mouvement et suit des directions différentes. Les deux peintres ont donc traité de manière différente la représentation de l’espace, des personnages et des objets.

Dans La remise des clefs à Saint Pierre, le Pérugin a utilisé une large palette de couleurs, avec une dominante de bleu qui symbolisait le divin à l’époque, mais aussi de doré, de vert et de blancs cassés. Ces couleurs rendent le tableau vivant mais aussi clair et lisible et donnent une impression de calme, malgré les personnages en mouvement au second plan. On peut remarquer que la scène est éclairée depuis la gauche grâce aux ombres portées des personnages sur le sol. George Grosz, quant à lui, a utilisé une dominante de couleurs chaudes contrastées par endroits par des couleurs plus froides. La dominante de couleur rouge permet d’insister sur le fait que c’est une scène de nuit. D’ailleurs, il y a peu de lumière réelle mais plusieurs sources de lumière artificielle qui provient par exemple des lampadaires. Ce jeu de couleurs et de lumière amplifie ainsi les notions de mouvement et de désordre. En matière de facture,

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