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Commentaire sur le poème Le Dormeur Du Val d'Arthur Rimbaud

Commentaire de texte : Commentaire sur le poème Le Dormeur Du Val d'Arthur Rimbaud. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2013  •  Commentaire de texte  •  2 069 Mots (9 Pages)  •  1 426 Vues

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I - Comment sont respectivement décrits le paysage et le personnage du tableau ?

1) Le paysage

a) Un tableau (organisation de la description) : nombreuses notations visuelles décrivant avec précision le lieu ; comme dans un tableau, il y a un arrière-plan mis en place dans le premier quatrain (un « petit val » -reprise du titre-, décrit aussi comme un « trou de verdure », c’est à dire une vallée étroite qui donne l’impression d’un endroit abrité, une montagne, dans la direction de laquelle on peut voir le soleil – « de la montagne fière » est un complément circonstanciel de lieu –, une rivière ) ; un premier plan avec le dormeur, et les éléments surtout végétaux qui sont à échelle humaine : herbes, cresson, glaïeuls.

b) Le jeu des couleurs : nombreuses notations de couleurs où domine le vert (herbes -2 fois-, trou de verdure, son lit vert, frais cresson bleu –bleu = vert foncé-) ; les autres couleurs présentes sont des nuances de blanc renvoyant à l’idée de lumière.

c) Les jeux de lumière : le soleil cité deux fois (v.3, 13) ; idée reprise par le verbe « luit » (v.4) ; la métaphore « haillons d’argent » décrit les projections d’embruns sur les herbes proches de la rivière, gouttes d’eau où s’accroche la lumière du soleil = lambeaux de lumière (les haillons sont des vêtements déchirés) ; autre métaphore : « mousse de rayons » : la lumière est si compacte, qu’elle semble liquide ; troisième métaphore, exploitant pour la troisième fois l’association entre la lumière et un élément liquide : « où la lumière pleut ». L’importance de ce champ lexical de la lumière est nettement marquée par le triple travail métaphorique, et par la mise en relief systématique par la versification (mise en rejet de « d’argent » et « luit » (v.3 et 4) ; localisation à la rime et en fin de quatrains pour « mousse de rayons » (v.4) et « la lumière pleut » (v.8). Les deux quatrains s'achèvent donc sur des notations convergentes et parallèles, qui sont des notations de lumière.

d) La personnification : trois personnifications (« chante », « follement », « fière ») décrivent la nature environnante comme une nature en fête ; la rivière notamment semble une fée dotée du pouvoir magique d’habiller d’argent les herbes qui l’environnent : l’oxymore « haillons / d’argent », appuyé par le rejet du vers 3, semble être là pour exprimer ce pouvoir de métamorphoser la pauvreté en richesse. On pourrait interpréter le décalage constant de la phrase et du vers, notamment dans le premier quatrain, comme une façon pour l’auteur de mimer l’exubérance joyeuse des éléments naturels. Enfin au vers 11 la « Nature » est magnifiée d’une majuscule, personnifiée par l’apostrophe, et implicitement comparée à une divinité maternelle.

> une nature gaie et heureuse

2) Le personnage

a) Champ lexical du corps et organisation de la description : en suivant le champ lexical du corps, on pourra observer comment s’organise la description du personnage. Le personnage est introduit dans le deuxième quatrain avec la mention de son identité (un soldat) et de son âge (jeune). Puis la description commence par le haut du corps : « bouche, tête, nuque » (2° quatrain), descend jusqu’aux « pieds » (1° tercet) et remonte jusqu’au cœur : « poitrine » (2°tercet) pour découvrir sa blessure : « deux trous rouges au côté droit ». Comme si le regard parcourait ce corps pour trouver son secret.

b) Champ lexical du sommeil et du calme (+ anaphores, + mises en relief par la versification) : le corps est allongé : cette information est répétée avec insistance (« la nuque baignant dans le frais cresson bleu » ; « il est étendu dans l’herbe » ; « dans son lit vert »). La 3° pers du verbe « dormir » est répétée trois fois, toujours en position privilégiée (en rejet en début de vers : v.7 ; en rejet après la césure* : v.9, en début de vers : v.13). Le thème du sommeil est repris par « il fait un somme » (v.10). Enfin, le rejet de « tranquille » se rapportant au nom « poitrine » (v.13-14) met spectaculairement en relief la même idée. La description de la bouche (« bouche ouverte », « souriant ») indique aussi la sérénité heureuse du « dormeur » (mot du titre). Tous ces indices visent à tromper le lecteur sur le sens réel de la scène, ils lui suggèrent une fausse piste.

c) Les expressions inquiétantes. Mais simultanément, on remarque que la plupart des termes décrivant le jeune homme sont ambivalents, c’est à dire qu’ils peuvent signifier aussi bien le repos que la maladie et la mort : « bouche ouverte », « pâle » ; « lit » ; « malade » Plusieurs détails suggèrent l’inconfort ou l’absence de sensations : « baignant dans le frais cresson bleu » ; « il a froid » ; « les parfums ne font pas frissonner sa narine » (qui ne sent plus ?) ; «sa poitrine tranquille » (qui ne respire plus ?).

> Deux hypothèses possibles sont entretenues par la description du personnage jusqu’au dernier vers.

Transition : Cette ambiguïté participe d’une véritable orchestration dramatique, que nous allons maintenant analyser.

II - Comment la composition et la versification du poème contribuent-ils

à l’effet de surprise recherché par le poète?

1) Une chute surprenante

a) Les raisons de la surprise. Pour celui qui lit le texte pour la première fois, le dernier vers ne peut manquer de produire un puissant effet de surprise. En effet, comme nous l’avons montré précédemment, les indications rassurantes ont été répétées avec une telle insistance, depuis le titre jusqu’à l’adjectif « tranquille », au début du vers 14, que le lecteur le plus attentif néglige presque nécessairement les indices contraires. Ces signaux alarmants sont perçus, bien sûr, suffisamment pour semer le doute, mais pas

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