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Christian Boltanski, le lac des morts

Commentaire d'oeuvre : Christian Boltanski, le lac des morts. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Octobre 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 220 Mots (9 Pages)  •  4 850 Vues

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« La vie, alors c’est soi, soi-même, soi seul. On trouve en soi les limites de son propre territoire ; toute la raison d’être, d’exister, réside là, uniquement là. » écrit J.-Léopold Gagner, dans un extrait de L’Aurore de la victoire. Ce propos pourrait parfaitement illustrer le travail de Boltanski, notamment son installation se prénommant Réserve : Lac des morts de 1990. La notion de territoire se retrouve partout, que ce soit dans la vie quotidienne, ou encore dans les œuvres d’art. Cette question a été soulevée plus d’une fois et peut être encore étayée. La notion de territoire dans le travail de Christian Boltanski mérite d’être analysée. Car si ce n’est pas le but premier dans le travail de l’artiste, on ne peut échapper à la pluri-territorialité de cette œuvre. L’Œuvre de Christian Boltanski, Réserve : Lac des morts, ne fait-elle pas appelle à d’autres territoires, autre que le sien ? Telle est la question que j’étayerai au travers tout d’abord d’une recontextualisation et d’une analyse de l’œuvre, puis en rentrant plus en détail dans la notion de pluri-territorialité dans cette œuvre, et enfin en comparant cette œuvre de Christian Boltanski à d’autres œuvres d’art contenant une notion de pluri-territorialité.

La définition du territoire propre de l’œuvre passe inévitablement par sa recontextualisation, et pour se faire il faut passer en premier lieu par l’histoire personnelle de l’artiste.

L’histoire de Christian Boltanski, un artiste plasticien français, né d’un père juif d’origine russe et d’une mère corse chrétienne. Son travail et sa vie sont marqués par la seconde guerre mondiale, la déportation et l’extermination des juifs. Le travail de Christian Boltanski est emprunt du souvenir de l’Holocauste. L’omniprésence du thème de la mort, de la mémoire, et de l’absence prédomine son œuvre. Tout d’abord peintre, il devient peu à peu photographe pour questionner cette frontière entre présence et absence. La présence matérielle de la photographie rappelle, insiste sur les absents qui sont représentés. C’est avec ces photographies qu’il dénonce l’horreur de la guerre et la souffrance des juifs. Un peu plus tard, Christian Boltanski découvre l’objet vêtement. Un objet usuel et commun qu’il s’approprie pour créer ses œuvres nommées Réserves parce qu’ils sont emplis de souvenirs. Ce qui l’intéresse c’est le lien entre la mémoire et ces objets. On ne peut dissocier la vie de Christian Boltanski de son œuvre. « Ses œuvre en appellent au souvenir, du souvenir d’enfance au souvenir des défunts, et d’une histoire personnelle à l’histoire commune de toutes et de tous. »1 Un peu plus tard dans son œuvre, Christian Boltanski inclut un nouvel élément : le vêtement. On comprend alors le lien qui se fait de lui-même avec les thèmes de la mort, et de la mémoire, comme c’était déjà le cas pour la photographie. Pour l’artiste, « La photographie de quelqu’un, un vêtement ou un corps mort sont presque équivalents : il y avait quelqu’un, il y a quelqu’un, mais maintenant c’est parti ».2 L’élément vêtement représente une empreinte, une trace, un souvenir mais aussi sans aucun doute un territoire.

La description de l’œuvre est importante pour comprendre comment la notion de territoire s’intègre dans ce travail qui se retrouve pluri-territorial.

1 Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Boltanski 2 http://www.clg-international.ac-versailles.fr/IMG/pdf/BOLTANSKI-Re_serve-2.pdf

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La première question qui nous vient à l’esprit pour une description est : de quoi s’agit-il ? C’est une installation de vêtements et de lumière mais on retrouve aussi une installation qui agit sur les sens. Les dimensions changent selon l’espace d’exposition, elles s’adaptent au lieu. Les vêtements sont empilés, accumulé et jonchent le sol sans véritable organisation. Il y a un mélange de couleur, celles des vêtements qui forment un tableau abstrait. La lumière est intégrée à l’œuvre, elle est placée au dessus des vêtements. Il est important de signaler que l’éclairage et le confinement de la pièce amplifie non seulement la chaleur et l’odeur : une odeur de vieux vêtements, de grenier et de poussière, une odeur de souvenir. Une atmosphère plutôt étouffante. Ici, dans Réserve : Lac des morts, on remarque aussi la présence d’une passerelle qui traverse ce lac imaginaire, métaphorique. Mais quel est le territoire propre de cette œuvre ? Tout d’abord il y a le territoire muséal de l’œuvre, ici, c’est la pièce que recouvrent les vêtements qui fait office de territoire. A noter que le territoire de l’œuvre varie selon l’espace où il se retrouve exposé puisqu‘il s‘adapte aux dimensions de la pièce. Il peut donc se retrouver aussi vaste qu’un vrai lac où alors être confiné et petit comme un étang, sans pour autant enlever l’image que l’on a de cette étendue d’eau composée de vêtements. Il s’agit du territoire propre de l’œuvre de Christian Boltanski. Mais la question du territoire pose aussi inévitablement la question de la limite. Où se termine cette œuvre ? L’adaptation aux dimensions de la pièce montre que l’œuvre ne possède presque pas de limite. Seuls les murs constituent une frontière, la fin de ce territoire. La description et l’histoire de l’œuvre nous aide à comprendre cette notion de territoire présente subtilement dans le travail de Christian Boltanski. Mais elles soulèvent également la question de la pluri-territorialité : en effet que deviennent les territoires des spectateurs et les autres territoires présents dans cette œuvre d’art ?

Le territoire propre de l’œuvre en appelle à d’autres territoires. Le territoire du spectateur n’est-il pas remis en cause ? Et y’aurait-il d’autres territoires dans cette œuvre ?

Tous les spectateurs ont leurs territoires, ils le définissent et le redéfinissent en continu et sans s‘en apercevoir forcément. Le territoire du spectateur est sans cesse remis en cause dans la vie quotidienne. Les limites de son propre territoire sont toujours variables. Elles dépendent de l’espace dans lequel se trouve le spectateur. Mais le territoire du spectateur est encore plus mis à mal lorsque celui-ci se retrouve confronté à d’autres territoires, qui plus est quand c’est le territoire d’œuvre d’art. Car l’œuvre d’art peut avoir un territoire expansible qui rencontre le territoire du spectateur. Se forme alors une confrontation : un combat ou une

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