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Autoportraits, Francis Bacon

Commentaire d'oeuvre : Autoportraits, Francis Bacon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Juin 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 813 Mots (8 Pages)  •  3 054 Vues

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Francis Bacon (1909-1992)

Introduction :

Si certains artistes ont essayé de peindre leurs autoportraits à travers des tableaux des paysages, tel Vang Gogh avec son tableau « champ de blé aux corbeaux », Francis Bacon, a en quelque sorte fait l’inverse. Il peint son autoportrait pour refléter non seulement ses émotions de souffrance et de malaise, mais aussi de représenter la laideur de l’être humain. Anglais d’origine, il mène une vie de bohème en quittant son pays natal suite à des problèmes familiaux pour aller vers Berlin et Paris où l’exposition de Picasso déclenche en lui un choc esthétique. Et de retour à Londres, il commence à peindre en tant que peintre autodacte. En analysant les autoportraits de Bacon, il serait important de montrer dans quelle mesure ses tableaux reflètent les caractéristiques du mouvement expressionniste. Nous allons étudier d’abord l’expressionnisme de Bacon en tant qu’esthétique de l’angoisse avant de nous intéresser au style du peintre qui est une technique de force et de violence.

  1. L’expressionnisme de Bacon : une esthétique de l’angoisse
  1. Souffrance
  2. Laideur
  3. Sentiment tragique
  1. Une technique de Force et de Violence
  1. Une peinture anti-figurative
  2. Le tryptique et le diagramme
  3. Les sensations et la tête viande

  1. L’expressionnisme de Bacon, une esthétique de l’angoisse :

Le mouvement expressionniste se rattache à l’atmosphère de malaise et de révolte qui a précédé et suivi les Grandes guerres mondiales. Les artistes pratiquent un art dans lequel se remarquent de nombreux traits communs : des empâtements masqués et des couleurs violentes, une vision de la réalité souvent déformée et exagérée, des sujets permettant la création d’une atmosphère pathétique traduisant des sensations exacerbés. Il est évident que Van Gogh est parmi les précurseurs de ce mouvement puisque sa fièvre créatrice, son goût pour des couleurs violentes ouvrent une nouvelle voie à la peinture. Dans ce contexte, Francis Bacon influencé par Van Gogh, Picasso, Rembrandt, Poussin et Cézanne bâtit une œuvre violente et déchirante, triturant la figure humaine qu’il peint. Ce que le montre les autoportraits de 1969 et de 1979 :

[pic 1]

Huile sur toile
37,5 x 31,8 cm pour chaque tableau
1979-1980
The Metropolitan Museum of Art, New York, USA

Il est justement impossible de distinguer les traits du visage tant les contours sont flous. Pourtant, nous pouvons distinguer la figure humaine, torturée par le mouvement, déformée et qui occupe tout l’espace. La lumière laisse une partie du visage dans l’ombre, comme si l’artiste avait perdu son identité au même temps que son visage. Cela met en lumière le sentiment du mal être et de l’angoisse.

De plus, dans l’un de ses entretiens, Francis Bacon affirme : « Je déteste mon propre visage, mais je continue à me peindre du fait seulement que je n'ai pas d'autres gens à peindre. Il est vrai que chaque jour dans la glace je vois la mort au travail, c'est l'une des plus jolies choses qu'ait dites Cocteau. Il en est de même pour chacun ». Son autoportrait de 1969 confirme justement cette perception pessimiste de son propre visage suggérée dans la citation :

[pic 2]

Huile sur toile
35,5 x 30,5 cm
1969

Dans cet autoportrait de face, Bacon souhaite montrer par cette touche caractéristique, une image choquante de lui-même. Il nous montre donc, ce qu’il estime être réel en lui. La réalité ne se résume pas effectivement dans à l’apparence physique, puisque celle-ci change avec le temps qui passe. Nous pouvons distinguer la cavité des yeux peinte par une couleur sombre, un fragment de bouche et une narine déformés,  une forme ovoïdale et un col de chemise. Le visage est déformé comme s’il était vu à travers un miroir grossissant, comme s’il était en mouvement. La couleur noire, symbole de deuil, et les couleurs froides débordent sur le visage du peintre par le jeu des ombres et des lumières. Bacon veut transmettre ce sentiment de vanité qui accompagne le destin tragique de l’être humain d’où il affirme : « Je crois que l’homme aujourd’hui réalise qu’il est un accident, que son existence est futile et qu’il a à jouer un jeu insensé. »

Bacon à travers ses œuvres reflètent l’angoisse et la souffrance qu’il sent mais aussi à travers ce sentiment de brutalité et de violence il donne au spectateur une image de lui-même. L’artiste par son style précis cherche à communiquer au spectateur, par l’intermédiaire des couleurs sombres et les lignes courbes du visage la violence et la singularité de ses émotions, mais à travers ses autoportraits, il brosse de nous des portraits spéculatifs par la représentation d’un visage qui a perdu toute sorte d’humanité ; il ne reste qu’une représentation bestiale du visage humain. Et on peut comprendre cela dans la mesure où l’expressionnisme était une réaction face aux tourments de la guerre.

Pour s’approfondir beaucoup plus sur le style de l’artiste, disons que Bacon est toujours contre l’art figuratif comme ses contemporains, il ne cherche pas pourtant l’abstraction. Au contraire, l’art abstrait semble avoir rejeté le corps humain, alors qu’il en fait le centre de son travail, mais avec une nouvelle technique originale.

  1. Une technique de force et de violence :

En tournant en dérision l’art figuratif, Bacon fait une œuvre anti-figurative. Son but est justement de rendre une sorte de confrontation de la figure sur elle-même. Ce cheminement lui permet de devenir juste une image et non une représentation, car selon lui, le peintre « n’a ni modèle de représenter, ni histoire à raconter. »

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