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Dans quelle mesure le travail est-il facteur d’intégration sociale ?

Dissertation : Dans quelle mesure le travail est-il facteur d’intégration sociale ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Février 2022  •  Dissertation  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  1 296 Vues

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Dans quelle mesure le travail est-il facteur d’intégration sociale ?

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le travail devient un élément de protection fondamental en effet la demande de travail est abondante, l’école se démocratise et la sécurité sociale se développe. L’individu pouvait alors obtenir des revenus et conserver durablement un emploi, connaître une possibilité d’ascension sociale, mais aussi se protéger contre les risques sociaux lié à la vieillesse, au chômage et à la maladie. Le travail constituait alors une base sûre à partir de laquelle on pouvait s’insérer dans des réseaux de sociabilité et tisser de nouveaux liens. Aujourd’hui, le chômage est élevé et de nouvelles formes d’emploi se développent, la protection sociale est de plus en plus remise en cause et un diplôme ne garantit plus de connaître une mobilité sociale ascendante. Dès lors, le travail ne semble plus constituer une base sûre à partir de laquelle il est possible de s’insérer dans des groupes sociaux ou de tisser durablement des liens. De ce fait, dans quelle mesure le travail est-il facteur d’intégration sociale ? Dans un premier temps, nous démontrerons que le travail demeure une instance d’intégration majeure dans les sociétés industrialisées et en quoi avoir un travail stable est important pour maintenir et créer d’autres types de liens (comme les liens amicaux). Dans un second temps, nous verrons en quoi le chômage et le développement de nouvelles formes d’emploi fragilisent le lien social produit par le travail.

Premièrement, le travail est une source d’intégration sociale. En effet ce dernier est une instance majeure d’intégration dans les sociétés industrialisées. De nombreuses instances de socialisation produisent du lien social mais, dans les sociétés industrialisées, le travail continue d’occuper une place importante dans la création et le maintien du lien social. Ce dernier désigne l’ensemble des relations qui unissent des individus entre eux au sein d’un groupe social ou à l’échelle d’une société. Les liens sociaux permettent d’assurer l’intégration sociale des individus en renforçant les valeurs communes et en permettant aux individus d’acquérir une identité sociale. Le sociologue Emile Durkheim (1858-1917) va par la suite, apporter des explications à l’importance du travail dans les sociétés industrialisées. A la fin du XIXe siècle, il constate la transformation de la société et, simultanément, l’émergence d’un individu qui se pense autonome et libre d’agir comme bon lui semble (autrement dit, l’individu de nos sociétés modernes). Pour lui, cette transformation de la société et cette émergence d’un nouvel individu sont liées. Selon lui, l’individu qui se pense autonome est le résultat d’une conscience individuelle qui a pris le pas sur la conscience collective. Dans les sociétés traditionnelles ou les sociétés rurales, telles que celles des pays occidentaux au XIXe siècle ou encore celles de certains pays aujourd’hui, la conscience collective recouvre presque la totalité de la conscience individuelle. Les membres du groupe sont liés entre eux puisqu’ils effectuent les mêmes tâches, puisqu’ils sont identiques : ils ont les mêmes tenues, les mêmes croyances, les mêmes habitudes ou encore les mêmes parcours de vie. Ils sont solidaires entre eux car ils se ressemblent. La syndicalisation s’ouvre alors aux individus. Cependant, nous voyons qu’en fonction des secteurs d’activité, les individus ne vont pas s’impliquer autant. En effet, la fonction publique est surreprésentée par rapport au secteur marchand et associatif. Durkheim appelle cette solidarité, la solidarité mécanique. Or, au moment où Emile Durkheim décrit la société, celle-ci est en pleine évolution. En effet les villes s’agrandissent, la population urbaine s’accroît, le travail ouvrier prend de l’ampleur tandis que le secteur agricole s’affaiblit. On connaît un exode rural. Et pour trouver sa place dans cette société et subvenir à ses besoins, il faut que chacun ait une activité économique : la division du travail apparaît alors comme la solution. Ainsi, selon Durkheim, la division du travail a permis le développement de la conscience individuelle et l’affirmation des singularités. Les individus sont désormais solidaires car ils sont indépendants et ont besoin des uns des autres pour réaliser la production et subvenir à leurs besoins. On connaît alors une solidarité organique, en effet lors de travail délicat dans 80,1% des cas le salarié était aidé par ses collègues en en 2016 en France. De plus, ils avaient la possibilité de coopérer pour effectuer correctement leur travail (90,8% de cas en 2016). Dans ce contexte de sociétés industrialisées, le travail est donc important pour subvenir à ses besoins mais aussi pour occuper une place dans des sociétés au sein desquelles les individus se différencient de plus en plus les uns des autres

De plus, le travail est une condition importante pour tisser et entretenir des liens hors-travail. Effectivement, il permet de participer à la vie économique, en produisant des biens et services et en consommant ces produits. Il permet, via la rémunération qu’il procure, de répondre à des besoins primaires comme se nourrir, se laver, dormir dans de bonnes conditions ou encore se soigner. Mais le travail permet aussi de participer à la vie sociale : le lien économique entretient le lien familial et matrimonial, le lien aux structures administratives mais aussi le lien aux institutions locales et nationales. Le travail est une protection économique mais il permet aussi de créer et de maintenir les liens sociaux. Prenons par exemple, le cas de Mathilde, caissière, qui est dans une situation d’emploi précaire puisqu’elle dispose d’un salaire qui ne lui permet pas de palier aux imprévus. Elle ne peut donc pas se permettre de pratiquer des loisirs ou de sortir avec des amis au restaurant régulièrement par exemple. Serge Paugam et René Castel sont deux sociologues qui expliquent l’importance du travail. Pour eux, c’est surtout au travail que se créent les identités de chacun et que se tissent des liens sociaux avec d’autres individus ou groupes sociaux.

Cependant, nous connaissons une fragilisation du lien social qui s’explique dans un premier temps par le phénomène du chômage. Le travail permettrait, dans les sociétés industrialisées, une protection et une reconnaissance. Le gain économique des salariés permet de répondre aux besoins primaires et de réaliser des dépenses de consommation qui constituent la norme sociale, comme des dépenses de loisirs par exemple. Le travail permet ainsi d’occuper une place, de se définir objectivement au sein de la société et d’être reconnu en tant que tel. Néanmoins, le chômage de masse qui se développe depuis la fin des années 1970 vient menacer cette protection et cette reconnaissance. Bien que l’expérience du chômage varie selon les ressources familiales, amicales, scolaires et selon le montant d’indemnisation que perçoit la personne au chômage, il reste perçu négativement car il marginalise les individus puisque le chômage est un facteur de pauvreté. En effet, les revenus diminuent, les dépenses ne sont donc plus les mêmes que lorsque l’individu occupe un emploi. Il est alors difficile d’acheter selon les normes de consommation propres à la société ou des groupes sociaux auxquels on appartient. Serge Paugam explique ce processus qui lie la perte de travail à l’appauvrissement des liens sociaux. Il décrit un mécanisme circulaire qui débute par un manque d’intégration par le travail qui a des effets sur ce qu’il appelle les liens électifs (il s’agit des amis, de la famille, du conjoint) et qui peut amener à l’isolement relationnel. Cette rupture progressive des appartenances à des conséquences sur toute la construction identitaire amenant la perte d’estime de soi et la stigmatisation. Serge Paugam s’est intéressé à ce phénomène et selon lui il représente le processus de disqualification sociale. Pour contrer le chômage, on connaît des politiques de retour à l’emploi. Ces dernières ont deux objectifs : Augmenter ou maintenir un taux d’activité élevé ans un objectif de croissance économique et favoriser un retour rapide à l’emploi car le travail est, dans les sociétés industrialisées, un vecteur important d’intégration sociale. Cependant, ces politiques comprennent des effets négatifs : elles contribuent à donner une représentation négative de l’expérience de chômage et elles poussent les individus à occuper des emplois faiblement rémunérateurs et peu valorisants.

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